ésormais concentrés sur un seul hall du parc des expositions de Düsseldorf, les 574 exposants du pavillon français de ProWein n’ont pas eu l’impression de désert visuel de l’an passé, où la taille démesurée des allées pesait sur l’atmosphère. En 2025, c’est l’impression de calme sonore qui marque les esprits, témoignant de moins de monde dans les allées et derrière les stands (-28 % d’exposants globalement). Si le bilan précis du salon se fera sur les chiffres de commandes obtenues dans les prochains mois, les premiers retours sont plus positifs que ne l’attendaient des exposants français rencontrés. « Nous avons des pistes intéressantes à l’export. Je m’attendais à pire après 2024, le salon s’est mis dans une bonne dynamique » rapport e Emilie Ferreira, assistante commerciale de Champagne Gruet, pointant que l’organisateur allemand écoute d’avantage les exposants.
Il faut dire qu’il n’y a plus de liste d’attente comme par le passé où ProWein était devenu le salon de référence pour l’export, supplantant Vinexpo Bordeaux (dont la dernière édition s’est tenue en 2019). Les défauts reprochés au salon bordelais sont en partie retombés sur l’évènement de Düsseldorf (notamment les prix élevés des transports, des hôtels et de la restauration), désormais comparé au salon Wine Paris (en pleine croissance depuis son lancement en 2019, prenant le titre de premier salon professionnel pour les vins avec 5 300 stands et 52 662 visiteurs en février 2025).
S’il y a une compétition entre les deux rendez-vous, ils sont fondamentalement complémentaires pour Pascal Sailley, le responsable export du domaine Alain Geoffroy (Chablis), qui pour son 27ème salon à Düsseldorf note l’accès à des visiteurs d’Allemagne, du Benelux, d’Europe du Nord et de l’Est qui ne sont pas présents à Paris. « ProWein n'est clairement pas un salon en développement, mais il permet de se concentrer sur l’Europe alors que les États-Unis sont bloqués [« avec la menace de taxe à 200 % de Donald Trump] que le Japon est plombé par le taux de change… » esquisse l’exportateur, rappelant qu’un salon peut être réussi avec un seul visiteur s’il se révèle pourvoyeur d’affaires… Mais encore faut-il que les bons signaux soient envoyés, alors que des hôtels ont vendu des chambres 250 €/nuit avant de proposer celles libres à 80 € la veille du salon… Alimentant la grogne des exposants. « Il y a moins de monde, mais les prix ne baissent pas » résume Nicolas Dufour, le directeur export chez Cellier des Princes (Vaucluse) pour qui se pose la question de revenir : « il est dommage que l’on n’ait que 3 jours à Wine Paris. On ne peut pas tout voir en 3 jours. Une quatrième jour serait pertinent. »
Alors que ProWein laisse le temps aux échanges et rendez-vous, « Wine Paris est trop court sur 3 jours. C’est trop intense et trop chargé » opine Fabien Gross, à la tête de Villa Noria (Hérault), qui reconnait avoir eu peur avant de venir ProWein après l’expérience mitigé de l’an passé. Mais le vigneron languedocien s’affirme positivement surpris par les rendez-vous qui se sont tenus, alimentés par le lancement d’une gamme sans alcool, Levin. Ayant toujours été un salon exigeant, demandant de la préparation en amont, ProWein accentue encore la nécessité de professionnalisme pour tendre à la réussite. « On atteint une maturation des opérateurs présents. Ils sont mieux armés et préparés pour les salons » constate Sophie Talbot, la directrice générale de l’interprofession des vins de Loire (InterLoire), pointant la réussite d’évènements collectifs, comme la masterclass sur le chenin et la zone de dégustation libre pour amener de l’évènement et des prospects.
« L’enjeu pour tout salon professionnel à l’export est de bien préparer son salon » résume Alain Vautherot, le responsable commercial du consortium Patrimoine des Terroirs (réunissant 35 vignerons, dont 8 présents à ProWein). Ayant enregistré une cinquantaine de rendez-vous sur les deux premiers jours de ProWein, il constate un retour au niveau d’avant-covid après des éditions intenses en 2023 et 2024 (respectivement 100 et 80 RDV). Si la quantité baisse, la qualité reste présente : « ce sont des gens extrêmement qualifiés, à potentiel d’achat. La question de revenir se pose moins pour nous, qui avons toujours un bon bilan, que par rapport à l’évolution du salon, si les vins français continuent de diminuer les acheteurs intéressés viendront de moins en moins pour préférer le choix de Wine Paris. » L’arbitrage se fera pour lui selon les retours des clients et prospects.
Auf Wiedersehen oder Abschied? Das ist die Frage.