epuis l’initiation, en 2019, de son plan filière 2030, l’interprofession des vins de Loire (InterLoire) a fixé l’anticipation en mot d’ordre. « Nous offrons à présent des solutions et un outillage à nos vignerons pour s’adapter efficacement à l’évolution du climat », pose, à l’occasion du salon Wine Paris, Hervé Choblet, vigneron du domaine du Haut Bourg (Muscadet) et élu à la commission technique de l’interprofession. A travers ces outils, le président d’InterLoire, Camille Masson, centralise les enjeux d’avenir autour de la linéarité, qualitative comme quantitative, de la production ligérienne, « parce que la régulation et la régularité de l’offre est indispensable pour coller au marché, à l’image de la dernière campagne de mise en marché où la jonction des millésimes a toujours été possible, à l’exception du Muscadet ».
La place des vins de Loire sur les marchés reste au centre de ces attentions climatiques, Camille Masson soulignant en outre que ceux-ci ont tendance à ne pas trop reculer à l’export, « mais nous avons besoin d’y redynamiser la valeur », ajoute-t-il. « En 2024, le vignoble du val de Loire a gagné des parts de marché sur les vins blancs, rosés et rouges », complète Marie Gasnier, directrice prospective technique et économie d’InterLoire.


Camille Masson rappelle donc les variations liées aux aléas climatiques des dix dernières années, « la ligne directrice est de ne plus subir grâce à des outils permettant de faire des choix, à l’image des plantations », place donc Hervé Choblet. En ce sens, un travail est mené par le service technique de l’interprofession pour « garder la diversité à disposition, en maintenant un large choix de matériel végétal, à l’image de la diversité clonale du cépage emblématique régional melon, ou le travail de prospection mondiale effectué sur le chenin, au Portugal ou en Afrique du Sud », ajoute Marie Gasnier. Le melon fait d’ailleurs partie des cépages pointés par Camille Masson comme présentant des rendements moyens compliqués, même sur des vignobles jeunes.
Autre élément d’aide à la prise de décision, un outil de prospective est développé sur la plateforme technique d’InterLoire pour accompagner le choix décisionnel à la plantation, accompagné de l’outil météo lié à la cartographie de 60 000 ha (91 % des terroirs du bassin). En actualisant ces données de prospective en fonction de la mise à jour des scénarios du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), la projection des scénarios climatiques possibles en 2050 et 2100 permet aux domaines de projeter le climat de demain et faire les meilleurs choix techniques possibles dans cette optique.
Précisant que « seulement 850 ha de vignoble ligérien, principalement en Loire-Atlantique pour des vignes sous pression de l’esca, ont été revendiqués pour arrachage », Camille Masson rappelle le besoin « du soutien de l’Etat pour avancer sur l’innovation et la diversité variétale, pas sur un plan financier, mais sur les barrières réglementaires qui empêchent d’avancer efficacement ».