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isparu brutalement ce dimanche 26 janvier à 55 ans, Nicolas Florian, maire de Bordeaux de 2019 à 2020 sous l’étiquette Les Républicains après la démission d’Alain Juppé (pour rejoindre le Conseil Constitutionnel), avait poursuivi le soutien de son prédécesseur à la filière (Cité du Vin ouverte en 2016, Bordeaux Fête le Vin depuis 1998…). En janvier 2020, en pleine mobilisation de la filière vin et de ses soutiens politiques pour que l’Europe négocie une suspension rapide des taxes Trump lors du forum économique mondial de Davos, Nicolas Florian s'était distingué en appelant à la création d’une association des maires de communes viticoles. S’il avait le soutien de maires girondins (Libourne, Pauillac, Saint-Emilion, Pessac, Léognan…), son projet a été mis à mal, par les élections municipales, le confinement qui a suivi le premier tour du 15 mars et la défaite de Nicolas Florian au second tour le 28 juin face à Pierre Hurmic (Europe Écologie Les Verts). En janvier 2020, l’édile girondin expliquait à Vitisphere se poser en « lanceur d’alerte sur le péril qui guette nos terroirs viticoles. Le gouvernement a conscience des conséquences pour la filière, il doit la défendre politiquement et diplomatiquement. » Des propos toujours d’actualité avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche… Et qui se concrétisent actuellement avec la création de la Société des Vignes Urbaines de France.
Nicolas Florian avait également fait adopter une motion de soutien à la filière bordelaise lors du conseil municipal du 27 janvier 2020 pour demander au président Emmanuel Macron et au premier ministre Édouard Philippe la création d’un fonds de compensation de 300 millions d’euros pour les entreprises vitivinicoles touchées depuis octobre 2019 par les taxes américaines. Demandant au « gouvernement qu’il y ait une prise en compte financière des baisses des ventes, et une compensation financière », Nicolas Florian prévenait en séance que les opérateurs des vins français « peuvent être les victimes collatérales d’autres discussions. Je n’ouvrirai pas le sujet maintenant, mais vous avez suivi l’actualité comme moi, on parle des Gafa, on parle de la filière aéronautique, d’Airbus. Il ne faudrait pas que notre filière du vin soit frappée par effet collatéral. »
Regrettant la précipitation de la présentation de cette motion, Pierre Hurmic, à l’époque conseiller municipal d’opposition, indiquait ne pas prendre part au vote car « le malaise du vin de Bordeaux ne se réduit pas aux dernières déclarations ou à l’attitude belliqueuse du président Trump. Nous considérons que le malaise est ancien, durable apparemment, et mérite une vraie réflexion de la part de notre collectivité. Nous avons noté que d’autres collectivités sont beaucoup plus offensives, notamment sur la promotion de la filière bio, avec des encouragements de la filière internationale. »
« Il y a quelques semaines, nous avons vécu un drame d’un jeune viticulteur qui s’est suicidé. Il ne faudrait pas que nous puissions continuer. Il faut leur donner aujourd’hui le sentiment d’être unanimes derrière eux » répliquait, comme conseillère municipale, la viticultrice Nathalie Delattre (actuellement ministre au Tourisme, à l’époque sénatrice et vice-présidente des Élus du Vin), qui ajoutait « bien sûr que nous aurons toute latitude à réfléchir sur ce malaise qui est profond et ancien, mais là, je pense qu’il est important de montrer à tous nos viticultrices et viticulteurs qui sont pour beaucoup dans des situations dramatiques. » Dans l’opposition, pour le parti Socialiste, la cancérologue Michèle Delaunay notait pour sa part soutenir le Dry January, mais vouloir encore plus la sauvegarde « d’une filière d’excellence qui est la tradition multiséculaire de notre ville » en soutenant la motion. Malgré l’annonce d’Emmanuel Macron d’un soutien à la création d’un fonds de compensation lors du salon de l’Agriculture 2020 (promesse réitérée en 2021), il n’y aura pas eu d’aide directe pour faire face aux taxes Trump, leur impact étant englobé dans les aides covid (distillation de crise, aide au stockage privé, soutien aux trésoreries…).
Ce 26 janvier, « il nous quitte bien trop tôt, nous avions encore tant de projets à réaliser ensemble » salue Nathalie Delattre dans un communiqué, déclarant que « Nicolas était un compagnon de route de longue date, un ami pour qui j’avais un profond respect et à qui je sais ce que je dois. » L'hommage est partagé au-delà des clivages politiques. « Je salue la mémoire d’un homme politique déterminé. Sa brutale disparition laisse un vide immense au conseil municipal de Bordeaux » déclare dans un communiqué Pierre Hurmic, annonçant que « les drapeaux de l’hôtel de ville seront mis en berne » ce lundi 27 janvier. « Personnalité de la vie politique locale, Nicolas Florian était un homme d'action, ouvert d'esprit, très engagé dans l'action publique à Bordeaux et dans la Métropole d'abord en tant que premier adjoint d’Alain Juppé puis comme maire de Bordeaux, et enfin en qualité de conseiller municipal, métropolitain et régional » salue dans une communication le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, Étienne Guyot.
Les obsèques de Nicolas Florian se tiendront ce vendredi 31 janvier à 14 heures à la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Un hommage aura lieu à 12h30 à l'hôtel de ville.
