lus facile à conserver, la nouvelle formulation de la matière active d’Immunrise Biocontrol issue des microalgues Amphidinium carteræ est aussi plus efficace. Testée in situ en Italie en mai 2024 après une inoculation artificielle de mildiou pour ajuster la dose à pulvériser dans les vignes, cette formulation à 2,5g de matière active par hectare a démontré 85 % d’efficacité par rapport au témoin non traité (TNT) attaqué sur feuilles à une fréquence de 46 % et une intensité de 7 %, « soit presque autant que la bouillie bordelaise à 3,75 kg/ha, à 94 % d’efficacité par rapport au TNT », complète Delphine Marques, responsable de la R&D d’Immunrise.
Cette étape validée, la start-up est rentrée à Bordeaux suivre les deux essais qu’elle avait mis en place sur merlot à Langon et Fronsac. « Nous avons travaillé sur un programme mixte visant à réduire l’IFT des viticulteurs, en appliquant l’Immunrise avant les pluies contaminatrices et après le ressuyage calculé grâce à un Outil d'Aide à la Décision (OAD), de la sortie des feuilles au stade boutons floraux séparés, en repassant sur les traitements habituellement réalisés par les viticulteurs pendant la floraison (produit systémique à Langon, cuivre à Fronsac), et en reprenant l’Immunrise du début de la nouaison au début de la véraison. Soit 10 Immunrise sur 15 traitements à Langon et 11 sur 16 à Fronsac », résume Delphine Marques. Pour bien évaluer l’efficacité des microalgues, Immunrise a comparé 4 modalités: deux rangs de TNT, un rang de témoin "fenêtre", ne recevant que les traitements conventionnels à la floraison, 2 700 m² de la modalité Immunrise + traitement conventionnel, et, sur le reste de la parcelle, le programme de référence du viticulteur. Chaque comptage mildiou a été réalisé sur 100 feuilles et 50 grappes.
« Au 30 juillet, à Langon, nous avons noté 97 % de fréquence d’attaque et 75 % d’intensité sur le TNT, 60 et 29 % sur le témoin "fenêtre", et 22 et 7 % sur la modalité Immunrise + traitement conventionnel, soit +77 % d’efficacité d’Immunrise par rapport au seul traitement conventionnel à la floraison », récapitule Delphine Marques. A Fronsac, au 6 août, l’efficacité d’Immunrise a grimpé à +98 % par rapport au témoin "fenêtre", d’après les notations de l’organisme indépendant venu sur place pour labeliser les vins du domaine "Zéro Résidu de Pesticides".
Malgré la très forte pression mildiou à Bordeaux ce millésime, avec 75 % d’attaque à la véraison sur le TNT à Langon et 100 % à Fronsac, « l’utilisation d’Immunrise a permis de réduire l’IFT des viticulteurs de 67 et 70 %, sans faire chuter le rendement par rapport à leur programme habituel de traitements », se réjouit Delphine Marques. Les grappes de la modalité Immunrise ont été microvinifiées pour évaluer l’impact du traitement sur la microflore du raisin et le goût du vin. « Nous attendons les résultats des résidus de pesticides pour vérifier que notre molécule n’est pas traçante, ce qui est peu probable car elle n’est pas pénétrante, et nous avons chargé l’Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) de faire l’analyse sensorielle du vin », précise la responsable R&D.
Prévoyant de renouveler ses essais à Fronsac, la start-up veut voir si sur plusieurs années les microalgues modifient la physiologie de la vigne. Immunrise souhaite également tester des pulvérisations précoces, « sur sarments, avant même la sortie des feuilles » pour réduire l’inoculum de mildiou dès le début de la campagne. « L’an prochain, nous allons aussi mettre en place 10 essais conformes aux bonnes pratiques d’expérimentation (BPE) pour faire avancer notre dossier d’homologation sur vigne espérée pour 2029 », termine Delphine Marques.