La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme
C'est de verbaliser avec autorité » chantait Bourvil. La perspective du bâton faisant parfois office de carotte, les lettres envoyées à quatre propriétaires de 13 hectares de vignes abandonnées en Gironde leur annonçant l’ouverture de procédures pénales débouchant sur des amendes de 5 000 euros ont suffi à les remettre dans le droit chemin : l’arrachage pour éviter aux vignes voisines la diffusion de maladies (mildiou, flavescence dorée…). Ces 4 PV avec proposition de transaction pénale avant poursuites « ont conduit deux exploitants à réaliser l’arrachage de leurs parcelles, un troisième à s’y engager » annonce la préfecture de Gironde dans le communiqué de presse faisant le bilan de la cellule opérationnelle sur la viticulture réunie ce vendredi 6 décembre.
Lancées à titre expérimental, par les parquets des tribunaux judiciaires de Bordeaux ou Libourne, « ces actions pénales seront renforcées en 2025 » ajoute l’administration. Sur les quatre dossiers en procédure, il pourrait y avoir une amende de 5 000 € si le dernier propriétaire à ne pas répondre continue à ne pas donner suite, que le parquet va jusqu'au bout et que ce propriétaire devient l’exemple de sanctions qui divisent le vignoble. Membre du collectif Viti 33, le vigneron Renaud Jean participait à la cellule de crise et rappelait que « les propriétaires ont sûrement déjà subi le non-paiement de leurs fermages, puis la perte de leur capital. Ils n’ont pas pu bénéficier de l’arrachage primé et maintenant ils sont culpabilisés. Il faut trouver une solution » autre que la sanction financière.


Sujet empoisonné des friches sur des millésimes à forte pression mildiou comme 2023 et 2024, le développement des friches reste difficile à chiffrer en Gironde alors que l’arrachage primé se poursuit*. Dans le vignoble des Côtes (de Bourg et de Blaye), la sous-préfecture de Blaye a identifié 96 propriétaires ou exploitants de 270 ha de friches : tous « ont été destinataires d’un courrier de rappel à leurs obligations réglementaires et les informant de dispositifs d’accompagnement tels que le boisement ou la diversification avec des points de contact » indique la préfecture, qui fera un bilan de cette expérimentation début 2025. Avant de préparer des courriers de procédures judiciaires s’il n’y a pas d’arrachage spontané ? La préfecture indique à Vitisphere que cela dépendra des moyens alloués, sachant qu'elle a 1 500 ha à risque de flavescence dorée dans ses bases. Pour Bourvil, « la taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme
C'est d'être perspicace sous un petit air bonasse. »
* : Deux dispositifs d’arrachage coexistent à Bordeaux. D’abord celui bordelais à 6 000 €/ha pour le plan d’arrachage sanitaire, qui recense 5 943 ha arrachés à date sur les 6 200 ha validés sur la première vague (2 700 ha pour la diversification financée par l’interprofession et 3 500 ha de renaturation payée par l’État), sachant qu’une deuxième vague de candidature est toujours ouverte (avec 331 dossiers déposés pour 1 513 ha à date). Vient ensuite l’outil national à 4 000 €/ha pour l’arrachage définitif pour l’aide Ukraine, qui a reçu 695 dossiers pour 4 220 ha (les arrachages doivent être effectués avant le 2 juin 2025, pour télédéclaration à partir du 15 janvier 2025).