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Le délit de friche à 5 000 € divise le vignoble
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Bordeaux
Le délit de friche à 5 000 € divise le vignoble

L’annonce par la préfecture bordelaise de premières poursuites judiciaires de vignobles abandonnés afin d’inciter à la renaturation irrite la Confédération Paysanne et inquiète des propriétaires
Par Alexandre Abellan Le 02 août 2024
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Le délit de friche à 5 000 € divise le vignoble
Les parcelles décrochant face au mildiou partent en friche ce millésime 2024, sans qu'il soit possible de savoir si elles seront définitivement abandonnées. - crédit photo : Alexandre Abellan
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oulant faire un exemple avec quatre premières poursuites en justice des vignobles abandonnés pour inciter à l’arrachage des friches alimentant la grogne de leurs voisins contaminés, la préfecture de Gironde fait dégoupiller la Confédération Paysanne. Regrettant dans un communiqué de ne pas avoir été convié à la réunion du jeudi 25 juillet ayant abordé le sujet, le syndicat agricole minoritaire tacle « la punition de 5 000 euros à infliger aux vignerons ruinés » et critique une initiative « à contre-temps. Elle n’aura aucun effet pour ce millésime avec la véraison qui est déjà là. Les dégâts du mildiou sont considérables mais irréversibles. » Contactée, la préfecture de Gironde précise que les procès-verbaux dressés s’intègrent dans la stratégie de lutte contre la flavescence dorée.

« Les contrôles et mesures prises par le Service Régional de l'Alimentation (SRAL), que ce soit administratives ou pénales, pour les vignes abandonnées sont toutes liées et fondées sur la gestion de la maladie de lutte obligatoire qu’est la flavescence dorée » indique l’administration, détaillant que « ces dispositions sont encadrées par l’arrêté ministériel du 27 avril 2021 règlement[ant] la mise en œuvre de la lutte contre la flavescence dorée et contre son agent vecteur sur le territoire national ». Notamment l’article 9, qui stipule qu’« en zone délimitée, toute vigne non cultivée située à moins de 250 mètres d'une vigne-mère doit être arrachée par son propriétaire ou détenteur. En zone délimitée, l'arrachage des vignes non cultivées peut être imposé par arrêté du préfet de région, après analyse de risque de la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF). » Pour la Gironde, l’arrêté préfectoral modifié du 26 mai 2021 s’applique.

Arbres et arbustes dans les parcelles de vignes

Sur ces fondements, des contrôles du SRAL ont été menés ces derniers mois sur des parcelles de six communes girondines (Plassac, Rions, Saint-Germain-du-Puch, Cabara, Loupiac, Monprinblanc et Saint-Aubin-de-Branne), où « il apparaît que les abandons sont plutôt anciens (plus de 5 ans) avec des parcelles en très mauvais état (arbres et arbustes dans les parcelles de vignes) où il est difficile d’y entrer, à l’exception de la commune de Rions où les abandons semblent plus récents (moins de 5 ans) » indique l’administration, qui a épinglé 26 hectares de friches dans 4 PV communiqués aux tribunaux judiciaires de Bordeaux et Libourne. La préfecture précise que « l’amende transactionnelle est de 5 000 €/ha mais elle est plafonnée à 5 000 € au-delà d’un ha. La mise en œuvre d’une procédure pénale peut tout à fait être menée en parallèle d’une procédure d’arrachage administrative. Les deux procédures ne sont pas liées. » Et la première procédure compte bien inciter à l’arrachage sans recourir à la deuxième : la préfecture mettant en avant les outils d’aide à l’arrachage, avec une deuxième vague de renaturation et des crédits carbones pour la forestation.

C’est la perspective de procédures administratives froides et coercitives qui inquiète Sandrine Babin, propriétaire d’une trentaine d’hectares de vigne en bio, « le travail de toute une vie », qui n’a « pas de vignes en chaume » actuellement, mais sait que des fermiers ne la payant déjà plus vont s’arrêter. « S’il faut payer 5 000 €, qu’ils viennent : je n’ai plus d’économie. C’est profondément injuste. On ne prend pas en compte l’humain » s’inquiète-t-elle, voyant de la violence administrative se rajouter à de la violence économique : « la propriété c’était mon complément de retraite, que faudra-t-il faire ensuite, vendre ma maison ? » N’ayant pas voulu arracher, Sandrine Babin partage le ressenti du peuple vigneron : « si j’arrache mes vignes, ça m’arrache le cœur. C’est terrible : ça va être une épreuve. Mais s’il faut passer par là, on y passera. Je comprends que les voisins ne veulent pas de maladie. Mais que l’on nous propose des solutions. C’est une situation que l’on n’aurait pas imaginée. On a déjà connu des crises, mais pas comme ça. »

Cherche-t-on à résoudre la crise en enfonçant encore plus les plus faibles ?

L’outil de renaturation construit avec Alliance Forêt Bois ne convainc pas la Confédération Paysanne. « En présentant le boisement des parcelles viticoles abandonnées comme solution face à la banqueroute des vignerons, l’État entérine pour au moins 20 à 30 ans, la stérilisation de terres arables dont on aura bien besoin à l’avenir » tranche le syndicat, réitérant sa proposition de 2022 « d’un office foncier public, chargé de reprendre, remembrer, réaménager et diversifier l’ensemble du foncier agricole touché par la déprise ». Et la Confédération Paysanne de conclure : « une question se pose : cherche-t-on à résoudre la crise en enfonçant encore plus les plus faibles ? »

 

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Tous les commentaires (4)
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VignerondeRions Le 12 août 2024 à 13:01:11
Sur ma commune, Rions, il y a effectivement des friches, dont certaines parcelles ont semble t il été saisi par la justice (château appartenant à un groupe avec des fonds d'origine chinoise) il y a plusieurs mois. Que croyez vous qu'il s'y passe??? Rien de plus que chez les particuliers. Aucun traitement en 2024 (y compris Flavescence) alors que le vignoble est sous la responsabilité de l'État. C'est peut être un peu brutal, mais quand on donne des leçons, pour être crédible, c'est mieux de montrer le bon exemple... Clairement, il faut un plan Marshall avec des solutions techniques et économique qui puissent être mise en œuvre facilement. Gérer la renaturation à l'échelle du territoire et non à l'échelle du foncier des particuliers (trop morcelé, pas optimisé, c'est idiot de boiser des parcelles a fort potentiel agro) En un mot il fait se mettre au boulot.
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Serge Regley Le 02 août 2024 à 19:50:15
J'avais une vigne longtemps belle, de 40ares, au milieu d'une parcelle en bio. La parcelle bio n'a plus de feuilles et, évidemment plus de raisins. Mais petit à petit les raisins de ma parcelle périclitent à cause d'un ensemencement mildiou colossal..c'est quand même la plaie, ces vignes bardées de maladie.. ( Champagne )
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MG Le 02 août 2024 à 18:49:22
Des vignes non travaillées depuis plus de 5 ans devraient être au minimum dévitalisées.
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Renaud Le 02 août 2024 à 15:39:10
La justice a toujours plusieurs fonctions : la punition envers le contrevenant mais aussi la valeur d'exemple pour apaiser le mécontentement de la foule. Mais n'oublions pas qu'elle a aussi la fonction de réinsertion. Je veux croire que la menace de poursuites soit l'élément déclencheur pour débloquer une situation. Mais ne nous y trompons pas il y a autant de friches que de situations. Les propriétaires ne sont pas forcément les exploitants. Déjà qu'ils ont dues offrir le fermage depuis plusieurs années, maintenant que leur vignes sont à l'abandon. Impossible de trouver preneur, la valeur de leur capital a disparu. Et il faudrait qu'ils paient une amende. Trouvons des solutions pour les sortir de la. Sachant qu'ils sont souvent très éloignés des structures administratives de notre profession. Les poursuivre serait criminel. Alors les populistes de la viticulture diront que les amendes sont pour les autres. Mais le justice ne devrait pas être discriminante. La loi est la même pour tous et non pas ce l'on que vous soyez riche ou misérable?. Donc encore un effet d'annonce qui ne peut satisfaire que les populistes
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