nnonçant 2 500 participants « selon ce que nous a rapporté la gendarmerie » à la dislocation de la manifestation portée et organisée par le syndicat des vignerons de l’Aude (SVA) qu’il préside, Frédéric Rouanet pouvait se montrer satisfait de la mobilisation générée ce 30 novembre à Carcassonne. A l’appel des vignerons audois, leurs homologues gardois, héraultais, catalans ou gersois sont venus grossir les rangs du défilé, ainsi que des éleveurs mobilisés contre le Mercosur et des céréaliers locaux. Députés et élus locaux audois ont également défilé en bonne place, aux côtés de Jérôme Despey et Ludovic Roux.
L’objectif n’étant pas d’atteindre le chiffre record des 6 000 manifestants de Narbonne il y a un an, la mobilisation du jour se voulait avant tout un rappel à la ministre de l’agriculture Annie Genevard « des mesures urgentes et fortes pour faire souffler le peuple vigneron », appuyait Frédéric Rouanet. Après avoir laissé le co-président des jeunes agriculteurs de l’Aude Loïc Escourrou rappeler « les trésoreries à l’agonie, le cynisme des profiteurs de crise et les prix d’achat ridiculement bas qui ne couvrent pas nos charges », Frédéric Rouanet a vigoureusement dégainé un enchaînement de déclarations coup de poing pour rappeler le gouvernement et la ministre de l’agriculture au wagon « de promesses non tenues » qui font aujourd’hui gronder le vignoble.
F. Rouanet - OB


Evoquant les ferments d’une « colère contenue prête à éclater », le leader syndical audois n’a pas mâché ses mots envers une gouvernance et des « branleurs écologistes et des agriculteurs de centre-ville » qui invisibilisent et méprisent le monde agricole, pour empêcher de faire avancer des projets essentiels sur un accès à l’eau devenu vital dans les zones viticoles méridionales.
Suite à « la plus petite récolte du siècle, la distillation de 3 millions hl, l’arrachage de 27 450 ha de vignes à venir », le négoce est directement montré du doigt pour des propositions de prix « irrespectueux, lamentables, inacceptables » et un marché du vin à l’arrêt. Des « on va aller les voir chez eux ! on va ouvrir les robinets ! », surgissent alors de la foule. « On nous achète des vins au prix des Carignan de nos grands-parents, nous sommes devenus des esclaves au service du négoce qui se fout de notre gueule ! », enchaîne Frédéric Rouanet, avant de prévenir fermement le négoce « tant que les prix du vin ne seront pas à la hauteur de l’inflation, je vous déclare l’état de guerre ! ».
Les marges de la restauration et le non-assouplissement de loi Evin sont également fustigés, avant que le vigneron de Pépieux ne rappelle le président Macron à « ses promesses face à une situation bien pire qu’après le gel de 2021 ». Après ses visites, la ministre de l’agriculture est appelée « à des mesures urgentes et fortes pour redonner du souffle aux trésoreries exsangues ». Dégrèvement automatique des taxes sur le foncier non-bâti, enveloppe de 3,5 millions € sur les cotisations sociales et mobilisation de fonds d’urgence hors minimis sont les mesures d’aides financières réclamées. Un fonds d'urgence spécifique 25 millions €/an pendant 3 ans est également attendu pour restructurer des caves coopératives « au bout de leurs possibilités après le soutien de leurs vignerons pendant ces années de crise ».
Dans cette lutte où « les vignerons veulent vivre dignement de leur métier, sans aide publique », les impasses techniques par manque de matières actives disponibles sont fustigées et les promesses de simplification ne se sont pas matérialisées. Le gouvernement est donc appelé à éviter « le tsunami social et environnement qui s’annonce sans vignerons dans les campagnes ». Si le sang vigneron est annoncé « bouillonnant », cette manifestation carcassonnaise tient lieu de piqûre de rappel aux gouvernants pour mettre en œuvre les promesses du début d’année 2024 et prendre en considération les lourdes difficultés des trésoreries vigneronnes. Car, à l’image du mouvement entamé en fin d’année 2023, les ferments de la colère ne laissent jamais le peuple vigneron inactif.
OB