ne année pour rien ? Depuis la grande manifestation des vignerons du Midi à Narbonne le 25 novembre 2023, qui avait pourtant permis d’aboutir, après la visite du ministre d’alors, Marc Fesneau, à l’aboutissement du fonds d’urgence pour la viticulture, les mêmes maux semblent reconduire à nouveau aux mêmes réactions vigneronnes. « A nouveau, nous ne pouvons pas nous résigner à attendre, alors que le marché ne repart pas et que la sécheresse provoque une situation catastrophique pour nos rendements », indique le vice-président du syndicat des Vignerons de l’Aude Franck Saillan.
Un an et 5 jours plus tard, le syndicat vignerons audois se remet donc à la manœuvre en appelant à une manifestation vigneronne régionale devant la préfecture de Carcassonne le 30 novembre. Après une période sans gouvernance ni ministre interlocuteur suite à la dissolution de l’assemblée nationale, puis l’arrivée d’Annie Genevard au ministère de l’agriculture et qui a eu besoin d’un temps pour prendre connaissance des dossiers, les vignerons audois n’ont plus de temps à accorder alors que les trésoreries sont exsangues. « Nous avons laissé un temps à la ministre pour travailler mais les annonces faites lors de sa dernière venue sont bien insuffisantes », enchaîne Franck Saillan.


Conscient que l’actualité autour des accords du Mercosur ont fait passer les préoccupations viticoles au second plan, le syndicat vigneron audois voit l’impatience et l’exaspération grossir dans ses rangs. « Rien ne bouge donc c’est l’action syndicale qui pourra faire avancer les dossiers », rallume Franck Saillan à l’avant-veille d’une manifestation promise sans heurts ni débordements. Il n’y aura certainement pas 6 000 manifestants comme l’an dernier, mais les vignerons viendront à nouveau des autres départements d’Occitanie pour grossir les rangs audois, ainsi que les syndicalistes des fédérations FNSEA et JA. « Des éleveurs seront également parmi nous car nous les soutenons face aux difficultés sanitaires et le spectre du Mercosur », appuie Franck Saillan.
Quatre revendications essentielles sont portées par le syndicat pour permettre aux entreprises de respirer. « Le prix du vin est au premier rang », dégaine Franck Saillan, « le marché démarre à nouveau au plus bas, au niveau de la campagne précédente, alors que ce sont les niveaux atteints suite au gel de 2021 qui nous permettront de rentrer dans nos coûts de production. Après avoir indiqué de bonnes intentions, le négoce ne les a pas matérialisées, alors que la récolte est extrêmement faible ». Un nouveau fonds d’urgence est également attendu de la part du ministère pour accompagner les trésoreries dans le rouge.
Autre sujet toujours pas réglé aux yeux des vignerons, « cette moyenne olympique assurantielle complètement obsolète dans son calcul et qui empêche les vignerons de s’assurer correctement alors que la sécheresse créé des situations dramatiques », reprend le vice-président du SVA. Le volet de la simplification administrative est également toujours sur le devant des préoccupations vigneronnes, et la grogne monte de plus en plus dans les rangs des producteurs à l’encontre du secteur de la restauration. « Nous ne comprenons pas ces logiques de marges indécentes pratiquées dans ce secteur ! Ils font leur beurre sur notre dos avec une logique totalement contre-productive qui limite finalement la consommation de vin dans leurs établissements. Les gens préfèrent ne boire qu’un verre ou s’abstenir quand un verre coûte plus cher qu’une bouteilles qu’ils boiraient chez eux », appuie Franck Saillan.
Après la tenue du salon Vinitech de Bordeaux où la ministre ne s’est finalement pas rendue, la manifestation du 30 novembre est un avertissement à celle-ci pour qu’elle ne laisse pas de côté la filière. « Les choses iront ensuite en s’amplifiant tant qu’il n’y aura pas de réponse », pose simplement le vice-président du syndicat des vignerons de l’Aude.