récédemment à Cognac, « le contexte international nous épargnait. Maintenant, on ne fait plus exception. Avec la particularité que la Chine en remet une couche » pose Florent Morillon, le président du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC), faisant ce 26 novembre le point sur sa première année de mandature. Ayant pour feuille de route l’adaptation pour évoluer avec l’environnement commercial de l’eau-de-vie charentaise, le représentant du négoce relève une commercialisation de 165,9 millions de bouteilles sur l’année glissante à fin octobre, soit une hausse de 0,4 % par rapport année. Une amélioration qui n’est pas satisfaisante pour Florent Morillon, mais qui témoigne d’un marché mondiale assainissant ses stocks.
« Je crois beaucoup aux investissements des maisons sur les marchés. On sera les premiers quand cela repartira » avance le président du BNIC, qui attend la reprise des États-Unis la campagne prochaine : « on pense que le rebond va arriver ». Du moins si le nouveau président, Donald Trump, ne vient pas tout renverser comme un chien dans un jeu de quilles, à coup de taxes et de mesures de rétorsion… La guerre commerciale étant une réalité en Chine, où l’enquête antidumping aboutit sur de premières formes de taxes, ouvrant une phase diplomatique prometteuse entre la Chine et la France.


Du moins si le conflit ne se réenvenime pas. « Un bémol vient de tomber. La Commission Européenne vient de saisir l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour contester les droits imposés par la Chine sur les brandies européens*. Ce n’était pas notre demande » rapporte Florent Morillon, qui espère que cette procédure de Bruxelles ne va pas froisser Pékin alors que doit s’ouvrir la négociation d’une sortie de crise. « Tous ont envie de trouver une solution » espère le président du BNIC.
Rendement modulable
Les incertitudes commerciales perdurant sur les deux premiers marchés du Cognac, la filière continue de travailler à son outil de rendement modulable en AOC Cognac selon la réduction de la surface de vignoble. « À ce stade, on peut parler d’un système d’arrachage temporaire et volontaire qui permettrait de réduire les charges en permettant de vendre les même volumes » indique Florent Morillon. L’idée étant qu’un vigneron possédant 4 hectares en production d’AOC Cognac puisse arracher 1 ha et répercuter une hausse de rendement sur les 3 ha restantes pour maintenir sa production globale. Moins de surfaces mais autant de volume, permettant d’augmenter le rendement et donc la rentabilité. En cours de travail, y compris avec l’administration pour changer cahier des charges AOC et Code Rural, l’objectif de Cognac et d’avoir l’outil à disposition pour le millésime 2025. Afin d’être « réactif et en autonomie : on ne demande pas d’argent à l’Etat et à l’Union Européenne » indique Florent Morillon.
Quand Cognac commence à tousser et renifler, les bassins viticoles spécialisés dans le vin blanc commence à se sentir fiévreux, frappés par la peur d’un déversement de volumes excédentaires de vins d’ugni blanc ne pouvant être valorisés par le passage en alambic. « J’entends cette crainte depuis longtemps, depuis que je suis dans le secteur » relève Florent Morillon, qui reconnait qu’« historiquement il y a eu des déversements. Mais la filière a fait ses preuves. Malgré une récolte record en 2023, à 13,6 hl AP/ha, la plus grosse récolte dans le contexte le plus tendu, on n’a embêté personne. Et on s’organise pour ne pas embêter d’autres régions. »


Si le président du BNIC admet qu’« il peut toujours y avoir un opérateur qui ne joue pas le jeu », il défend le travail pour l’étanchéité mené par la filière charentaise : « il y a eu la réserve climatique, la destruction industrielle par la production de jus de raisin… À nous de trouver les débouchés pour ne pas embêter d’autres régions qui n’en ont pas besoin. Notre message est que nous allons faire en sorte qu’il n’y ait pas de déversement. » Pour le millésime 2024, la nature semble bien faire les choses. D’après les dernières estimations de rendement, Cognac produirait en moyenne 8,63 hl AP/ha, soit un rendement agronomique en ligne avec le rendement voté par l’interprofession : 8,64 hl AP/ha. Des rendements bas qui conduiraient le vignoble à produire 750 à 770 000 hl AP.
* : Ce 25 novembre, « la Commission européenne a officiellement contesté les mesures antidumping provisoires imposées par la Chine sur les importations de brandy de l'Union Européenne, en demandant des consultations à l’OMC » indique un communiqué, précisant que « la Chine n'a pas prouvé qu'il existait une menace de préjudice pour son industrie du brandy, ni qu'il y avait un lien de causalité entre la menace de préjudice alléguée et les importations de brandy en provenance de l'Union Européenne ».