vec 5 418 vignerons demandant l’arrachage définitif de 27 461 hectares de vignes cette fin d’année, la restructuration du vignoble français est lancée et va se concrétiser dans les prochains mois (avec un arrachage déclaré le 2 juin 2025 au plus tard pour toucher la prime de 4 000 €/ha). Si « l'arrachage définitif répond à des enjeux économiques indéniables, en soustrayant des volumes de manière permanente du marché, mais aussi sociaux, en permettant à des producteurs de quitter la profession avec dignité », l’Association Générale de la Production Viticole (AGPV) pointe dans un communiqué qu’il faut continuer le travail de réduction du potentiel de production viticole avec l’arrachage temporaire : « un outil plus souple de réadaptation du potentiel de production » permettant une aide immédiate de 2 500 €/ha à l’arrachage pour un engagement de 4 ans sans replantation.
Un dispositif de restructuration différée porté depuis des années par la filière française, qui n’a pu être couplé avec l’aide à l’arrachage définitif, comme le sujet est actuellement discuté dans le Groupe à Haut-Niveau des politiques viticoles lancé par la Commission Européenne. S’il est difficile d’estimer les surfaces candidates, Stéphane Héraud, le président de l’AGPV indique à Vitisphere que l’estimation de 100 000 hectares de vignes à arracher reste d’actualité (sur un vignoble national de 789 000 ha en 2023, soit 13 % de la surface totale), comme la filière tablait « sur un tiers d’arrachage définitif et deux tiers de temporaire. On pensait que le définitif serait plus haut. Mais la prochaine bataille est l’arrachage temporaire à obtenir auprès du Groupe à Haut Niveau. Il nous faut un accord positif rapidement pour le mettre en œuvre » indique-t-il.
Débats à venir
Sachant qu’avec l’obtention de l’arrachage temporaire viendront des questions d’arbitrage politique des fonds de l’Organisation Commune de Marché vitivinicole (OCM vin). « Soit nous aurons des fonds complémentaires, soit il y aura des arbitrages sur les fonds OCM. Un signal devra être donné pour le pilotage » esquisse. Stéphane Héraud. Président du Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV), Bernard Farges n’y va pas par quatre chemins à l’occasion d’une table-ronde ce 14 novembre à Beychac-et-Caillau (Gironde) : « il va y avoir de la bagarre. Chaque année l’OCM vin mobilise 260 millions €, avec 100 millions € pour la restructuration, 100 millions pour l’investissement des bâtiments et chais 40 millions pour promotion. Je suis partisan de booster la commercialisation et de réduire les investissements et la restructuration. »
Récemment, le président et le vice-président du conseil spécialisé vin de FranceAgrimer déclaraient respectivement : « l’arrachage temporaire pourra être accompagné par notre OCM dès que le Groupe à Haut Niveau l’aura acté. Le prochain PSN va être discuté par un groupe de travail se réunissant en novembre pour débattre du budget de 2025 (reconduit, mais restreint) et de l’après 2026 (pour structurer la filière et conquérir des marchés) » pour Jérôme Despey. Le négoce reste pour sa part attentif au fléchage des fonds du PSN, dont les arbitrages doivent être rendus en janvier prochain.