ans faire de mystère, « le secteur vitivinicole européen est dans la tourmente » pose dans une tribune Luca Rigotti, le président du groupe de travail vin du Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne (Copa) et du Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne (Cogeca). « Comme souvent en agriculture, cette situation ne résulte pas d’une cause précise, mais est multifactorielle » poursuit le viticulteur italien, relevant que « de manière générale, la consommation est en baisse en Europe, les préférences des consommateurs évoluent rapidement et la culture de la vigne est de plus en plus difficile en raison du changement climatique. » Un constat partagé par le Groupe de Haut Niveau lancé en septembre par la Commission Européenne, où les solutions sont en débat pour aboutir d’ici la fin d’année. En matière d’actions, l’arrachage est particulièrement débattu.
Dans sa tribune, Luca Rigotti « considère l’arrachage comme une mesure extrême et temporaire, qui peut s’avérer utile dans des contextes bien précis et localisés. Cependant, pour garantir une stabilité et une croissance pérennes, il convient de mettre en place des mécanismes conçus pour gérer les évolutions du marché, telles que celles que nous connaissons actuellement. Dans ce contexte, je serais favorable à un mécanisme d'éradication "temporaire" plutôt qu'à une solution permanente. Je ne sais que trop bien que personne ne souhaite voir totalement disparaître des années de travail. Il est plus judicieux de donner aux viticulteurs le temps qu’il leur faut pour se redresser après une période difficile. » Porté par le vignoble français, l’outil d’arrachage temporaire/restructuration différée n’a pu se concrétiser cette fin d’année, alors que l’arrachage définitif a été autorisé en France.


Pour réduire momentanément le potentiel de production européen, Luca Rigotti propose également d’« ajuster le système d’autorisation de replantation [et de] prolonger la validité des autorisations de replantation de 3 à 8 ans [ce qui] permettrait de laisser la terre au repos pendant plus longtemps (ce qui augmenterait les avantages écologiques du vignoble) et donnerait aux viticulteurs le temps nécessaire pour évaluer les changements du marché et ainsi replanter les variétés adéquates au bon moment. »
Autres leviers pour le président du groupe de travail vin du Copa Cogeca : « l'extension de véritables campagnes de promotion vers le marché intérieur pourrait également soutenir le dynamisme du secteur », mais aussi « simplifier la mise en œuvre des mécanismes de crise (distillation et stockage privé) au niveau national afin de mieux répondre aux situations de crise » et adopter « une gestion plus flexible du budget sectoriel national, permettant de transférer les fonds non utilisés au budget de l’année suivante »… Pour Luca Rigotti, « j’espère que nos propositions parviendront à se faire entendre parmi tous les débats autour du vin à Bruxelles, car la situation sur le terrain requiert de toute urgence des actions décisives ».