itævino, c’est son nom. Son objectif ? Susciter un mouvement populaire d’envergure pour légitimer la consommation modérée de vin, stigmatisée par une campagne de dénigrement et de désinformation à travers le monde qui cherche à amalgamer abus d’alcool et consommation modérée. Il s’agit de donner la parole aux professionnels, aux consommateurs et à l’ensemble des citoyens pour défendre le droit de choisir en connaissance de cause, dans un contexte où informations infondées/erronées et réglementations restrictives se multiplient pour mettre en péril la pérennité même du secteur. « Nous sommes de plus en plus convaincus que le sujet du vin et de la santé représente l’enjeu numéro un pour la filière, au-delà même du climat », estime José Luis Benitez, directeur de la Fédération espagnole du vin (FEV), l’une des parties prenantes de la campagne. « La légitimité du vin est en train d’être attaquée à l’instar de la Prohibition au 20ème siècle aux Etats-Unis ».
Le soutien de la classe politique
On peut s’interroger sur les motivations et les origines du mouvement prohibitionniste qui sévit actuellement à travers le monde, mais tirer la sonnette d’alarme au sein de la population et du monde politique s’avère aujourd’hui une priorité pour de nombreux organismes professionnels européens. Certains d’entre eux ont choisi des actions de communication, d’autres des événements marquants comme la présentation de la campagne et de la déclaration Vitævino à l’intérieur même des instances gouvernantes. C’est le cas de l’Espagne qui a réuni députés et professionnels au sein de la chambre basse du Parlement : « Nous avons besoin des politiques pour défendre le vin, d’où notre présentation à la chambre des députés », précise José Luis Benitez. Si une grève à Bruxelles retardera le lancement européen, ce n’est que partie remise : une présentation de la campagne aura lieu au Parlement européen d’ici la fin de l’année « pour faire connaître l’initiative auprès des députés européens des pays impliqués et des autorités européennes ».
Une déclaration pour faire entendre la filière
Un site internet dédié a été créé – www.vitaevino.org – où de simples citoyens, consommateurs et professionnels peuvent signer la déclaration et témoigner de leur attachement au vin à travers des vidéos. De nombreux professionnels italiens, espagnols et portugais se sont déjà exprimés. Pour la France, seul le député européen Eric Sargiocomo a posté son témoignage pour le moment. Des initiatives sont prévues à travers l’Europe, depuis le Portugal jusqu’à la République Tchèque et la Suède en passant par la Belgique, la Grèce, l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne et la France. « L’heure est grave », martèle le directeur de la FEV. « Nous voulons que la population toute entière – ou du moins ceux qui se sentent concernés par le vin et ses vignobles – se rende compte qu’il faut défendre la place du vin dans la société, notre histoire et notre culture. Nous devons faire autant de bruit que nous le pouvons ».
“Nous n’avons pas besoin de nous rendre en Irlande pour nous rendre compte que nous sommes attaqués de toute part », insiste José Luis Benitez. Et de citer l’exemple d’une initiative parlementaire espagnole qui menace le principe de la consommation modérée. « L’Etat a présenté une proposition de loi sur la consommation d’alcool par les mineurs qui affirme que la publicité doit éviter la mention de consommation modérée ou des messages de consommation responsable. C’est l’inverse de ce que prône le plan européen contre le cancer. En Espagne, le secrétaire d’Etat à la Santé s’oppose aux messages de modération parce qu’il estime que la filière trompe le consommateur en faisant croire que la consommation modérée est bonne pour la santé. Cette position de la part des autorités sanitaires, tout en étant absurde, n’est compréhensible que dans le contexte actuel où une idéologie veut à tout prix punir la consommation d’alcool. C’est une raison de plus pour lancer cette nouvelle campagne européenne ».