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Les revendications vigneronnes ne veulent plus tourner en rond-point
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Mise en garde
Les revendications vigneronnes ne veulent plus tourner en rond-point

Les vendanges passées, les mobilisations repartent crescendo dans un vignoble qui demande toujours les mêmes choses, mais avec plus de force comme sa situation économique se dégrade. Exemple dans le Médoc, où les Jeunes Agriculteurs canalisent des revendications qui veulent faire rimer rémunération et concrétisation.
Par Alexandre Abellan Le 24 octobre 2024
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Les revendications vigneronnes ne veulent plus tourner en rond-point
Les Jeunes Agriculteurs ont enchaîné de nuit les ronds-points du principal, pour ne pas dire unique, axe routier médocain. - crédit photo : Alexandre Abellan
O

n prend les mêmes et on recommence... Mais en plus usés, endettés et impatientés. Ce mercredi 23 octobre, plusieurs groupes des Jeunes Agriculteurs de Gironde relançaient des actions d’alerte sur leurs difficultés : dans l’Entre-deux-Mers, à Sainte-Foy et dans le Médoc. Sur ce dernier secteur, une vingtaine de membres se sont réunis en début de soirée devant la sous-préfecture de Lesparre-en-Médoc pour afficher leurs messages sur la balustrade du kiosque à musique et de nombreux ronds-points des environs : "bienvenue en Médoc, ici les agris et vitis crèvent", "pas de pays sans paysan", "jeune on en rêve, adulte on en crève"… Des cris du cœur déjà vus lors des manifestations de l’hiver dernier, mais restés sans écho concret alors que les exploitations sont de plus en plus fragiles économiquement.

« Quand l’Assemblée Nationale a été dissoute, tout ce qui avait été acquis a été perdu (à part la taxe sur le GNR) » résume avec amertume l’éleveuse de bovins Élodie Augeau, membre du conseil d’administration des JA33. Au contraire, avec le report du projet de loi d’orientation d’avenir et même la question de la fiscalité de l’emploi saisonnier, la filière agricole peut avoir l’impression que le surplace des derniers mois tourne désormais à la reculade. « Cela fait des mois que tout est sous cloche » politiquement alors qu’économiquement « la capacité de résilience des exploitations atteint son maximum. L’élastique est tiré, il peut casser » prévient Vincent Bougès, vice-président des JA33, qui parle en connaissance de cause, son propre vignoble étant rentré en redressement judiciaire.

Nous attendons une adaptation de la loi Egalim à la filière vin

« Une procédure collective permet de gagner du temps, mais ça ne résout pas le cœur du problème » pointe le vigneron de Saint-Sauveur, qui porte une demande principale : « la question du revenu des agriculteurs. Il n’y a pas eu de nettes avancées. Nous attendons une adaptation de la loi Egalim à la filière vin. » Sortir un salaire décent après un millésime éprouvant climatiquement et financièrement est la première préoccupation des JA présents sur cette action, qu’ils parlent de leurs répartitions en cave coopérative ou des commandes de primeur de négociants devenant des paiements en livrable pour certains châteaux (mais au prix du primeur).

« Un domaine sur deux ne passera pas la crise » lance un vigneron d’une appellation communale, qui garde malgré tout confiance dans l’avenir des vins de Bordeaux, s’ils sont en capacité de se réinventer commercialement, et de digérer un écrémage conséquent de leur production permettant de regagner en valorisation. « Nous produisons les vins les moins chers au monde aujourd’hui » soupire ce vigneron médocain.

Bâche misère

« Nous avons tous notre carrière devant nous. On a beau chercher des innovations, des pistes de différenciation… On a besoin de visibilité économique, mais on ne l’a pas avec les menaces géopolitiques (comme les taxes chinoises à Cognac) et les incertitudes de la politique française » relève Vincent Bougès, qui rappelle que le cœur de l’action syndicale des JA n’est pas de bâcher des ronds-points, mais de promouvoir l’installation des nouvelles générations. Alors que l’installation de jeunes agriculteurs en Gironde dévisse (se réduisant des reprises dans un contexte familial), le couperet d’une transmission ratée entre générations semble s’aiguiser : « sans installation, c’est la déprise agricole » prévient Vincent Bougès. Au-delà des friches ou de l’arrachage, l’arrêt d’activité de vignobles aurait des conséquences sur l’emploi et l’activité de toute la région.

Panneau future

Soutenus à coups de klaxon par les automobilistes passant pendant cette action bon enfant, les vignerons se remobilisent dans la continuité des manifestations du début 2024, actuellement dans le symbolique, sans que l’avenir de la mobilisation soit écrit. Si les syndicats nationaux, JA et FNSEA, appellent à une reprise des manifestations dès le 15 novembre, les vignerons n’ont pas attendu localement, avec des retraits/bâchages de panneaux dans le Roussillon, l’Hérault, le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône…

« C’est un ras-le-bol. Que le contexte politique ne masque par l’urgence dans le domaine agricole et viticole » porte Vincent Bougès, pour qui ces actions sont « pour l’instant sous le signe de la bienveillance. C’est symbolique, mais attention à l’état de nerf du milieu agricole et viticole. La situation est explosive. » Comme le résume Élodie Augeau : « si ça ne bouge pas, on bougera plus fort ».

 

En attendant de de retrouver l’espoir, les Jeunes Agriculteurs ont commencé par prendre Lesparre.

Témoignant du désespoire qui monte, un mannequin a été laissé devant la sous-préfecture de Lesparre.

 

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Tous les commentaires (4)
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Arthur Le 24 octobre 2024 à 10:05:48
J'imagine dans une quinzaine d'années, les habitants et acteurs du tourisme de nos territoires se plaindre de la forte dégradation de nos paysages et de son attractivité, où les vignes abandonnées seront remplacées par des bois taillis et autres ronciers. D'ailleurs l'abandon des terres est bien à l'origine de la prolifération grandissante des sangliers, qui détériorent nos rang de vigne au point que ça devient pénible de perdre du temps à remettre à plat les parcelles. Et ce n'est qu'un début, ici face au Médoc, le loup est déjà là, prêt à prendre notre place. Nos dirigeants ont ils conscience du rôle joué par les paysans pour entretenir les Territoires ? Combien ça vaudrait s'il fallait payer pour le faire à notre place ? Est-ce que ça ne mériterait pas un "revenu universel agricole" pour compenser cet engagement ? Trop demander ? Pas si sûr, un candidat à l'élection présidentielle de 2017 était bien prêt à mettre en place un revenu universel pour tous en échange de rien du tout.
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Cormi Le 24 octobre 2024 à 08:05:51
Ok
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Renaud Le 24 octobre 2024 à 07:46:54
Très bien de rappeler que cette année n'a rien fait avancer. Mais chacun doit balayer devant sa porte. Pour une application d'égalim en viticulture et la création d'outil de sanctuarisation des coûts de production qui y à travaillé cette année? Le collectif et la gouvernance du CIVB en ramant à contre courant contre la coopération qui ne veut pas bouger ses lignes opaques et mortifères. Contre la FDSEA et la présidence des Vignerons indépendants. Alors je reste persuadé que l'on doit continuer mais il faut avoir la foi. La crise est profonde est installée si on ne change pas de paradigme sur l'agriculture il n'y aura pas de lumière au bout du tunnel. Réfléchissons a ne plus uniquement reconnaître nos fonctions de production. Réfléchissons aussi aux missions d'intérêt collectif que rempli l'agriculture pour le bien commun. Les acteurs du paysage que sont les paysans n'ont pas que la mission de nourrir. Car se cantonner à cela notre mort est déjà inscrite. Le sujet mérite plus d'intelligence et d'ouverture que des slogans pré électoraux.
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bill et boule Le 24 octobre 2024 à 07:43:33
Monsieur le sous préfet du medoc à été averti de nombreuses reprises de l imminente de la catastrophe depuis le début de l été 2023.Les infos requises sur le problème et ses solutions ont été transmises à la préfecture de Bordeaux qui alors à décidé... De ne rien faire, tout en se fiant aveuglement aux caciques du civb largement sous influence gcc ( grands crus classes). Le remède miracle était alors soit disant un cocktail d arrachage de vignes et une campagne de publicité institutionnelle... Pas un mot alors sur les procédures collectives, la, solidarité entre les producteurs premium et le reste de la filière (VIA notamment la réforme de la cvo) , enfin aucune interpellation de la bancassurance, sans oublier l enthousiasme feint pour la jurisprudence Lacombe en debut 24. Le député du Médoc d alors étant ce qu il était (RN) sa parole fut largement inaudible et c est désormais à Mme Pascale Got (Ps) de remonter fidèlement à Paris les messages du terrain qui sont nombreux et convergents. Elle trouvera une oreille attentive chez Mme Nathalie Delattre, récemment nommée ministre des relations avec le Parlement. Plus que jamais une concertation de type Grenelle 1968 est requise pour mettre en place un éventail de solutions qui vont, n en déplaise au civb. Bien au delà d une aumône de 4000 euros par ha arrache ou le gâchis probable d une pub à 12 millions qui n enrichit à ce jour que l agence parisienne et les médias sélectionnés pour la transmettre. Les interruptions de concours bancaires prolifèrent, les cessation de paiement se généralisent et les magistrats débordés convertiront les rj en lj sans plus tarder car les périodes d observation sont désormais vaines voire stériles puisque les flux de trèso sont taris. No future indeed.
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