epuis son lancement en 1977 au parc des expositions de Bordeaux, le salon Vinitech Sifel a connu des hauts et des bas, suivant les cycles de la vigne et du vin enflammant refroidissant les investissements. Se tenant du mardi 26 au jeudi 28 novembre prochains, l’évènement technique vitivinicole va faire face à la crise structurelle du vin rouge qui frappe Bordeaux (entre déconsommation, arrachage et prix non-rémunérateurs), les taxes chinoises qui menacent Cognac (mais aussi l’Armagnac) et les conséquences globales de la petite vendange 2024 (marquée par gel, coulure, grêle, mildiou…). « Ce salon arrive dans un contexte difficile pour la filière française, et internationale aussi » pointe Bernard Farges, le nouveau président de Vinitech Sifel, soulignant lors d’une conférence de presse ce jeudi 10 octobre que l’évènement permettra aux « visiteurs de s’intéresser aux matériels et de réfléchir, se questionner sur le métier, parce qu’ils sont percutés par le contexte économique, qui touche tous les citoyens et acteurs économiques, et la déconsommation de vin avec une nécessaire restructuration de la filière pour aller vers un rebond qui arrivera évidemment. Mais dans une phase qui sera, on l’espère, la plus courte possible. »
Face aux incertitudes des constructeurs et fournisseurs sur le moral et la capacité d'achat des visiteurs, Emmanuel Viollet, le directeur du salon Vinitech Sifel, se veut rassurant et évoque « pour l’instant une évolution du visitorat [qui] est très positive. Ça montre une certaine attente vis-à-vis de ce salon, pour les visiteurs français et internationaux. » Concernant la réservation de stands, « tous les exposants ont répondu présents, il n’y a pas de défection, certains ont rationalisé leur participation » ajoute l’organisateur, qui précise à Vitisphere maintenir son objectif de 850 stands. Actuellement, l’organisateur BEAM en recense 700, quand il en avait accueilli 750 exposants en 2022 (mais en visait 900).
Lançant un nouveau pôle pour le soutien aux commercialisations de la filière vin, le salon accueille 30 nouveaux stands, dont 15 pour présenter de potentiels marchés aux visiteurs. Cette offre est appelée à s’étoffer à l’avenir, comme celle du parcours de visite lancé en 2022 pour la bière qui est reconduit. Se voulant un salon d’inspiration et de solution, le Vinitech propose également un livre blanc de 10 stratégies pour relancer ses ventes (rédigé par le professeur Jean-Marie Cardebat de l’Université de Bordeaux, le consultant Fabrice Chaudier et le producteur de contenus multimédias Gérard Spatafora), 80 conférences (dont celle inaugurale à 10h le mardi sur les causes de la déconsommation de vin et les leviers de rebond avec Martin Cubertafond, maître de conférences à Sciences-Po, et Gaspard Jaboulay, chef de groupe au département opinion et Sstratégies d'entreprise de l'Ifop) et une matinée pour la diversification dans les filières d’avenir le jeudi 28 novembre (kiwi, asperges, fruits à coque, fruits rouges, houblon, olives et raisins de table). "De quoi répondre aux questions d’adaptation du vignoble et de la commercialisation" souligne Bernard Farges, pointant "qu’évidemment il ne pourra y avoir toutes les réponses".