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Loi Évince

Par Alexandre Abellan Le 27 septembre 2024
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u soutien aux trésoreries à la révision d’Egalim en passant par l’aide à l’emploi saisonnier et la gestion administrative des friches, la filière vin ne manque pas de propositions législatives pour animer la rentrée parlementaire et occuper l’entrée en fonction d’un gouvernement de plein exercice. Dans ce véritable concours Lépine des lois simplifiant la vie de la filière vin, où pas un opérateur ne manque d’imagination, on entend souvent une rengaine revenir en boucle : la coupable de tous les maux des vins français, c’est la loi Évin, réglementation de 1991 encadrant notamment la communication sur les alcools, pour protéger les plus jeunes et les plus fragiles des publicités trop incitatives. Pavlovienne, cette antienne vigneronne dit que ce texte de 1991 est un accélérateur de déconsommation, de décadence culturelle, de dérive hygiéniste (voire wokiste, selon les interlocuteurs).

La ritournelle est forte, "supprimons la loi Évin pour relancer la consommation du vin", mais les statistiques de la consommation française sont têtues : elles ne révèlent pas d’accélération de la déconsommation de vin après 1991. La tendance était déjà nette bien avant, et elle continue sur sa lancée après (sans effet criant d’autres textes parfois décriés, comme les lois routières abaissant les taux d’alcoolémie autorisés en 1983, 1995, etc.). Et dans le reste du monde traditionnellement consommateur, la diminution des achats de vin s’est poursuivie avec ou sans loi Évin. Le lien entre suppression de la loi Évin et relance de la soif française de vin parait pour le moins fragile. Un open bar publicitaire pour les alcools serait sans doute contre-productif pour le vin : comment tirer les marrons du feu alors que les bières et spiritueux ont une bien plus puissante force de frappe marketing, pour ne pas dire financière ? Les gagnants annoncés de toute abolition de la loi Évin ne sont pas forcément les vignerons et négociants que l’on entend pester…

Certes, la réglementation française est un handicap pour communiquer sur un pan de l’identité nationale. Mais plus qu’un désir de retour en arrière ne pouvant réellement résoudre les maux actuels, l’attention de la filière doit se porter sur des approches hygiénistes cristallisant autant de menaces futures. À commencer par les instances européennes, où des institutions et élus sont restés coincés sur l’étude anxiogène du Lancet en 2018, concluant qu’il y a danger pour la santé dès la première goutte d’alcool ingérée. Une alerte démentie par une nouvelle étude publiée en 2022 dans le Lancet, mais n’ayant pas connu les mêmes échos médiatiques… L’idée d’une dangerosité de l’alcool en général et du vin en particulier infuse à Bruxelles, avec le précédent d’un étiquetage de messages d’avertissement sanitaires sur des liens entre alcool et cancer en Irlande. À côté, la loi Evin semble bien modérée… Bien que les associations hygiénistes continuent de vouloir durcir le texte et faire taire la voix des boissons alcoolisées (de l’interdiction de communication sur les réseaux sociaux à l’impossibilité d’afficher des publicités sur toute route amenant à une école… l’alcool est fini, mais oui, mais oui).

Plus qu’un retour en arrière, les vins français ont avant tout besoin de soutien politique pour aller de l’avant. Avec une communication plus allante des pouvoirs publics sur le vin, la promotion des terroirs, l’éducation à la dégustation, le rappel des repères de consommation… Bref, une forme de communication positive et instructive comme on peut en voir aux États-Unis ("Come over october") ou en Espagne ("Mejor Con Vino"). Pays qui n'ont pas de loi Évin, mais une déconsommation structurelle. De quoi imaginer une nouvelle mention légale pour la communication sur les vins en France ? La vue d’alcool est dangereuse pour la santé des hygiénistes, à déconsommer avec modération pour la pérennité de la filière.

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Tous les commentaires (7)
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julien84 Le 27 septembre 2024 à 17:38:44
la loi evin n'est pas le problème. il faut juste différencier le vin des autres alcools. le vin, c 'est la gastronomie a la française, l'art de vivre à la française. il faut être fier de nos racines. il est loin de french paradoxe que l'on devrais promouvoir!!! n'oublions pas que pour les conférence de presse au jo il y avais des bouteilles de coca cola!!!! mais il n'y a pas de probleme de santé avec ces produits la.
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Bernard Burtschy Le 27 septembre 2024 à 16:40:47
Bravo pour cet éditorial courageux. La loi Evin n'est effectivement pas le problème. La baisse régulière de la consommation de vin en volume a lieu depuis 1970, toutes les courbes le démontrent. La loi Evin ne l'a pas accélérée. En revanche, le vin n'est plus le signe de la convivialité, ce qui est plus grave et qui doit être le prochain combat. Dès que lon veut fêter quelque chose ou qu'on invite quelqu'un à sa table, le vin doit être présent. Bien sûr avec modération, mais avec constance. Le vin est la civilisation depuis des millénaires.
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POUDOU J Louis Le 27 septembre 2024 à 16:23:49
Mon sang ne fait qu'un tour !!! Après que l'OMS reconnaisse après 20 ans que le régime Méditerranéen était effectivement bon pour la santé, que le Lancet accepte de corriger en 2022 le rapport de 2018 ... A quand les bienfaits de la cocaïne !!! Le Vin dans une consommation raisonnable contribue à l'équilibre mental dont apparemment certains sont dépourvus ! Devons nous encore citer Paracelse "c'est la dose qui fait le poison"! La Déculturation est en route dans cette Europe au travers de lobbyistes malveillants ! ET oui la loi Evin est à attribuer aux mêmes prosélytes !
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Michel Le 27 septembre 2024 à 16:12:30
Même si la loi Evin peut-être critiqué et qu'elle est critiquable on ne peut pas mettre tout les maux de notre filière sur son dos. La loi Evin n'a pas empêché les alcools forts ou les bières de communiquer et d'augmenter leurs parts de marché. Pour relancer (en imaginant que ce soit possible) la consommation du vin par la communication, par le marketing, par la formation, par l'éducation il faudrait mettre énormément de moyen financier sur la table. C'est pas que la filière vin en ai pas les moyens (elle les a très largement), mais il faudrait agir autrement que ce qu'il se fait aujourd'hui ou chacun communique pour sa paroisse en se concurrençant allègrement. Verra t'on un jour un brin de lucidité et d'intelligence pour mettre tout ces moyens en commun pour une vrai relance de l'image du vin au travers d'une vrai mutualisation des moyens.
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EGL Le 27 septembre 2024 à 13:27:02
Faisons des vins faciles à boire, légers, naturels, bons pour la planète, la santé, la société...Et les consommateurs reviendront, pour aider le monde du vin à changer le monde tout court.
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Vinitravailleur Le 27 septembre 2024 à 12:54:35
La loi evin c'est la ruine de milliers de vignerons travailleurs acharnés qui alimentent le systeme qui les torpille par dessous , malheuresement pour les generations à venir
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matthieu Le 27 septembre 2024 à 12:19:06
Très bon article, je pense aussi que la loi Evin n'est pas le problème, comme illustré dans cet article. L'éducation doit être la solution, boire moins, mais boire mieux. Des formations sur le vin courte aide à cela, en formant des caviste à passer le bon message.
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