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Risque au premier verre d’alcool, débats entre chercheurs

L’été dernier, le Lancet publiait une méta-analyse qui concluait qu’un verre d’alcool par jour est néfaste pour la santé. La revue revient sur le sujet en publiant une discussion autour de cette étude.
Par Marion Sepeau Ivaldi Le 28 août 2019
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Risque au premier verre d’alcool, débats entre chercheurs
L

e 24 août 2018, le journal Lancet créait un véritable emballement médiatique avec la publication d’une méta-analyse concernant les risques de la consommation d’alcool sur la santé. Les auteurs y concluaient que, définitivement, le risque de la consommation d’un verre d’alcool était néfaste pour la santé. Ils appelaient également à ce que les politiques publiques se réforment en matière de consommation d’alcool. Deux messages massivement repris par les journaux et télévisions du monde entier.

Cependant, l’étude a fait l’objet de critiques de la part de la communauté scientifique. Celles-ci s’expriment officiellement dans le Lancet avec la publication, le 15 juin dernier, d’une discussion présentant le point de vue de quatre équipes de recherche et la réponse des auteurs de la méta-analyse. Les quatre équipes de recherche remettent en question, pour des motifs différents et notamment une remise en question des méthodes et déductions scientifiques, la dangerosité de la consommation d’un verre d’alcool par jour. Les auteurs de la méta-analyse répondent à chacun d’entre eux.

Voici les différents arguments développés par les quatre équipes de recherche, rapportés par Vin et Société et consultables en anglais en cliquant sur le nom de chacun des auteurs.

Kevin Shield and Jürgen Rehm :

« […] Des limites méthodologiques ont mené à la conclusion infondée selon laquelle, au niveau individuel, aucune consommation d’alcool ne présente de bénéfices pour la santé. […] » En révisant la méthode, en particulier les chiffres proposés pour le groupe de référence des abstinents, « un effet légèrement protecteur […] est observé chez les personnes qui consomment un verre par jour (12 g d’alcool). » Par ailleurs, l’étude ne modélise pas correctement certains risques (maladies ischémiques notamment). « La conséquence de ces biais est que le niveau théorique d’exposition minimale au risque surévalue les effets négatifs de l’alcool par rapport à ses effets protecteurs. » Toutefois, les auteurs ajoutent en conclusion que « Bien que la conclusion selon laquelle il n’y a pas de niveau bénéfique de consommation d’alcool est erronée, les effets négatifs à l’échelle d’une population sont supérieurs aux effets positifs ».

 

Cédric Abat, Yanis Roussel, Hervé Chaudet and Didier Raoult

« […] En comparant la répartition géographique de la consommation d’alcool […] avec les statistiques sur l’espérance de vie, nous avons observé des parallèles entre la localisation de la consommation d’alcool, l’espérance, l’index socio-démographique, et les dépenses de santé par habitant. Nous estimons que les auteurs ont fait une erreur en ne tenant pas compte des âges des populations dans leurs résultats, introduisant de fait un biais […] En conséquence, la plupart des 23 problèmes de santé étudiés dont les AVC, l’infarctus du myocarde et le cancer, sont des maladies liées à l’âge. Toutefois les auteurs ont attribué ces maladies à l’alcool plutôt qu’au fait que la population soit plus âgée dans certains pays. Conseiller les décideurs politiques à partir de ces résultats pourrait être assimilé à une instrumentalisation politique de la réputation du journal the Lancet. »  

 

Augusto Di Castelnuovo, Simona Costanzo and Giovanni de Gaetano :

«  […] Nous avons été surpris de constater que les chercheurs n’ont pas pris en compte la mortalité totale comme élément d’analyse. A la place, ils ont essayé de répondre à la question en combinant 23 courbes de risques pour en faire une courbe unique […] Cependant, la manière dont ces courbes ont été combinées n’a pas été validée, est en partie arbitraire […] et ne prend pas en compte les différents degrés de précision des courbes provenant chacune d’échantillons de taille différente. En conséquence, la conclusion qu’aucune quantité d’alcool ne peut être bénéfique pour la santé ne peut pas être tirée de cette étude. » A noter que ces auteurs déclarent un possible conflit d’intérêts, ayant reçu des soutiens de la part d’organisations en lien avec le secteur de l’alcool. »

 

Arne Astrup and Ramon Estruch :

« Nous sommes surpris que […] les auteurs estiment qu’une réforme des politiques publiques est nécessaire. Un nombre impressionnant de données est utilisé, mais des limites doivent être prises en compte. La combinaison de données de pays très différents et le faible contrôle des facteurs de confusion peuvent masquer des effets substantiels venant de facteurs sociaux et culturels. De plus, les résultats issus d’une fusion des 23 problèmes liés à l’alcool ne peuvent pas être interprétés au niveau régional, encore moins individuel. Par exemple, pour de nombreux individus dans des pays riches, les risques de maladies cardiaques et de diabète sont plus élevés que le risque de tuberculose. […] De manière surprenante, la catégorie des abstinents inclue une consommation entre 0 et 0,8 verre standard par jour. Dans beaucoup de pays, 0,8 verre par jour correspond à peu près à une consommation modérée. Il n’y a pas de doute sur le fait que la consommation excessive nuit à la santé […] mais ces résultats ne justifient pas les conclusions selon lesquels le niveau de consommation d’alcool correspondant au risque minimum est de zéro […] A noter que ces auteurs déclarent un possible conflit d’intérêts, ayant reçu des soutiens de la part d’organisations en lien avec le secteur de l’alcool. »

 

 Pour leur part, les auteurs de l’étude répondent :

« Nous avons trouvé que le risque augmente avec la dose et que l’exposition minimale au risque est zéro verre par jour » réaffirment les auteurs. En réponse à Augusto Di Castelnuovo et ses collègues, Jürgen Rehm et Kevin Shield, Cédric Abat et ses collègues, les auteurs apportent des précisions de méthodes. Concernant, la réponse apportée à Arne Astrup et Ramon Estruch, les auteurs reconnaissent que « le risque est faible pour une consommation comprise entre 0 et 0,8 verre d’alcool par jour. Nous partageons également l’affirmation sur les limites de l’études, qui devrait être considérée lors de l’évaluation de nos recommandations. Toutefois, nous souhaitons noter que les risques faibles ne peuvent être ignorés et que pour la plupart des consommateurs d’alcool consomment bien plus que à 0,8 verre d’alcool par jour ».  En conclusion, les auteurs rappellent que les conséquences de l’alcool sur la santé sont « massifs » et d’environ la moitié de ceux attribués au tabac. « Les débats concernant le niveau le plus sûr de consommation est zéro ou proche de zéro sont à côté du sujet. Il y a une obligation majeure à ce que le monde de la santé publique à faire face à la maladie massive liée à l’alcool ».

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