e 28 novembre, Vin et Société est revenue sur l’étude du Lancet qui a mis la presse en ébullition fin août. Cette étude, signée par 250 chercheurs, affirme qu’aucune consommation d’alcool n’est bénéfique pour la santé, même pas un verre par jour. Selon Vin et Société, 156 médias ont repris cette information choc, la plupart comme argent comptant. Or, elle ne souffre de nombreuses faiblesses comme l’a souligné Pierre-Louis Teissedre, professeur à l’ISVV de Bordeaux, le 28 novembre lors d’une conférence organisée par Vin et Société à Paris.
« L’article du Lancet porte sur 23 problèmes de santé liés à l’alcool mais elle ne dit rien sur un résultat clé : la mortalité totale, a commencé l’orateur. Il s’agit aussi d’une étude observationnelle, c’est-à-dire que l’on demande aux gens de répondre à un questionnaire à un instant T, mais qu’on ne les suit pas pendant plusieurs années comme c’est le cas des études de cohortes. Or, dans les études observationnelles, de petites différences peuvent apparaître alors qu’elles ne sont pas critiques. »


Pierre-Louis Teissedre relève aussi des erreurs grossières et un parti pris chez les auteurs du Lancet. Par exemple, ces derniers évaluent la consommation d’alcool des Français entre 4 et 5 verres par jour pour les hommes et 2 à 3 verres pour les femmes. Or, c’est 2,6 verres par jour et par habitant de plus de 15 ans affirme Pierre-Louis Teissedre. « On peut considérer l’étude du Lancet comme partisane puisqu’elle n’a pas écarté les études dans lesquelles il existe des biais qui sont connus », ajoute-t-il.
Surtout, le scientifique a présenté une autre étude parue en 2017*, mais passée inaperçue, où des médecins ont suivi 333 000 Américains adultes pendant 8 ans. Au terme de leur méticuleux travail, ces médecins affirment une nouvelle fois que la consommation faible ou modérée d’alcool réduit les risques de mortalité toutes causes confondues par rapport à la non consommation. Fait rare, ils se sont intéressés au binge drinking. Sans surprise, ce comportement augmente nettement les risques de mortalité chez ceux qui le pratiquent plus d’une fois par semaine.
Pour en revenir à l’article du Lancet, ses auteurs enjoignent les gouvernements à prôner l’abstinence étant donné que, selon eux, aucune consommation d’alcool n’est bénéfique. Un retour à la prohibition, en quelques sorte.


Pierre-Louis Teissedre a terminé son intervention sur note plus philosophique. « Il n’y a pas de conduite sans risque. Pourtant aucun gouvernement ne recommande à personne de s’abstenir de conduire. Le vin apporte du plaisir sensoriel et de la convivialité. A ce titre, sa consommation modérée participe à la santé que l’OMS définit comme un état de bien-être physique, social et mental, pas comme une simple absence de maladie. »
* : Relationship of alcohol consumption to all-cause, cardiovascular, and cancer-related mortality in U.S. adults publié dans le Journal of the american college of cardiology