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Guigal sauve de justesse le château d'Ampuis de ses étiquettes de vin
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In extremis
Guigal sauve de justesse le château d'Ampuis de ses étiquettes de vin

Délai de grâce pour la mention "château d’Ampuis" présente sur toutes les bouteilles de la marque rhodanienne E. Guigal au rayonnement mondial : le juge des référés suspend la décision administrative qui imposait sa suppression dès le premier septembre.
Par Alexandre Abellan Le 02 septembre 2024
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Guigal sauve de justesse le château d'Ampuis de ses étiquettes de vin
« Il y a lieu de suspendre la décision du 4 juin 2024 en tant qu'elle ordonne à la SAS E. Guigal de supprimer de son étiquetage l'adresse de l'embouteilleur, le terme ' récolté ' et la présentation ' Château d'Ampuis ', qu'elle soit écrite ou visuelle » indique jugement lyonnais. - crédit photo : Alexandre Abellan
C

'est ce qui s'appelle sauver la mise, en bouteille. La maison E. Guigal évite un grand chambardement dans ses étiquettes grâce au juge des référés du tribunal administratif de Lyon. Ce 20 août, la juridiction suspend la décision prise le 4 juin dernier par la Direction Régionale de l'Économie, de l'Emploi, du Travail et des Solidarités (DREETS) « lui ordonnant de procéder avant le premier septembre 2024 à la modification de ses étiquetages et supports de communication » pour en « supprimer l'adresse "Château d'Ampuis Rhône France", qui est mentionnée sur les étiquetages des vins qu'elle commercialise et de les remplacer par les seules mentions des noms de la commune (Ampuis) et de l'État membre (France) » précise le jugement.

En pleine vendange du millésime 2024, la famille Guigal n’a pas à modifier des dizaines de milliers de packagings en urgence (étiquettes d'une marque distribuée dans le monde entier, mais aussi ses cartons, flyers et autres sites internet…) pour satisfaire la lecture par la DREETS de la protection des mentions traditionnelles et Indications Géographiques (IG) en effaçant le château d’Ampuis qui est à la fois un haut lieu viticole des Côtes du Rhône Nord (AOC Côte Rôtie) et le siège social d’E. Guigal (depuis le rachat en 1995). Un porte-parole de l’opérateur précise à Vitisphere qu’« une procédure est effectivement en cours entre la maison Guigal et les services de la DREETS » portant sur le château d’Ampuis « après 29 ans d’une utilisation notoire, paisible et incontestée du nom et de l’image de cet édifice historique, référent identitaire tant de la région que de la famille Guigal, qui en est propriétaire depuis près de 30 ans ». Ne souhaitant pas commenter plus précisément une affaire en cours, la famille rhodanienne pointe que ce « différend » purement administratif « ne touche aucunement les vins Guigal, dont la remarquable traçabilité a été actée par les services compétents ».

Débrancher l'Ampuis

Lors de contrôles les 29 juin et 14 novembre 2023, la DREETS a relevé plusieurs irrégularités sur les étiquettes des vins E. Guigal : l'adresse d’embouteillage "château d'Ampuis Rhône France", le visuel du château d’Ampuis, la mention "récolté" sur des vins de négoce… « Surprenant que cette prise de conscience de la DREETS survienne après près de 30 ans d’utilisation de l’adresse postale de la maison Guigal, et ce malgré une autorisation écrite des services en 1995 » grince un connaisseur du dossier, alors que la maison E. Guigal est particulièrement vigilante sur les enjeux de propriété intellectuelle*.

Même prudence pour le juge administratif des référés suspendant la résolution de la DREETS en évoquant « un doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée ». Le jugement avançant qu’« il résulte de l'instruction [que] la seule mention sur l'étiquette principale "Mis en bouteille par E. Guigal, Château d'Ampuis Rhône France " ne suffit pas en l'espèce à caractériser un manquement aux dispositions » réglementaires sur l’étiquetage, qui permettent pour la juridiction « l'utilisation de l'appellation "Château d'Ampuis " [sur un] vin d'appellation d'origine contrôlée Côte Rôtie en provenance du domaine Guigal, les étiquettes des autres bouteilles ne comportant qu'une esquisse stylisée, et le terme " récolté " n'est utilisé que pour les vins pour lesquels l'ensemble des raisins ont été récoltés sur l'exploitation Guigal ».

Démonstration d'Ampuissance

Après le jugement en référé, de la décision de la DREETS « seule est maintenue l'injonction d'avoir à ajouter AOP ou AOC à la mention Côte-Rôtie sur l’étiquette faciale » analyse Céline Baillet, conseil en propriété industrielle à Bordeaux (MIIP), qui y voit « une lecture critiquable des textes applicables puisque les contre-étiquettes de la maison Guigal respectent ces exigences. A noter que la très grande majorité des étiquettes frontales des vins français (bordeaux, bourgognes, vallée du Rhône, etc.) encourent le même reproche que celui adressé à la maison Guigal. » La DREETS estimant nécessaire pour « les vins avec AOP, d'indiquer une dénomination de vente comportant les termes "appellation d'origine protégée" en plus de la dénomination protégée, ou d'utiliser une mention similaire prévue par la réglementation, par exemple, la mention traditionnelle "appellation d'origine contrôlée" ».

Un point de fond du dossier qui doit désormais être étudié par une autre juridiction. Contactée, la préfecture du Rhône répond ne pas commenter des procédures judiciaires, mais cite la réglementation (article 7 du décret n° 2012-655 réservant l'usage de la mention château « aux vins bénéficiant d’une appellation d’origine protégée lorsque les vins sont issus de raisins récoltés sur les parcelles d’une exploitation ainsi dénommée et vinifiés dans cette exploitation ») pour préciser que si « la coexistence d’une activité de récoltant et d’une activité de négoce au sein de la même exploitation s’est développée ces dernières années [...] il importe que les consommateurs puissent distinguer les vins de propriété, étiquetés avec les termes « château » ou « somaine » lorsque ceux-ci bénéficient de l’AOP ou de l’IGP, des vins de négoce. Le principe selon lequel le nom d’une exploitation ne peut servir à désigner des vins autres que ceux en provenance de ce lieu a été affirmé par la Cour de cassation dès 1955. »

Eviter la tromperie

Ainsi pour l'administration, « l’étiquetage des vins de négoce ne doit pas entrainer pour le consommateur de confusion avec les vins issus d’une exploitation particulière (peuvent notamment être pris en compte : la charte graphique, le libellé, la taille, l’emplacement et la police des différentes mentions…). L’absence du terme « domaine » ou « château » sur l’étiquetage des vins de négoce, de même que la commercialisation des vins de l’exploitation et du négoce sous deux appellations différentes ou la différence de prix entre ces produits ne sauraient suffire à lever toute ambiguïté créée par le reste de l’étiquetage. » Avis aux négociants embouteillant à Châteauneuf-du-Pape ou à Château-Renard ou à Château-Thierry...

 

* : Défendant ses marques avec opiniâtreté (attaquant les Terrasses La Mouline de la cave languedocienne de Roquebrun ou la bière Doriane de la brasserie auvergnate Ondet), la maison E. Guigal attaque également les usages abusifs de son image de producteur par des metteurs en marché de ses vins de négoce. En témoigne l’arrêt du tribunal de grande instance de Paris datant du 18 juin 2008, où l’opérateur rhodanien a fait condamner à 60 000 € d’amendes pour contrefaçon un magasin Cora de Montbéliard (Doubs) qui mettait en avant le domaine E. Guigal et le château d'Ampuis (ses vins en propre) pour vendre des vins de négoce (sous marque ombrelle Guigal).

 

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Tous les commentaires (3)
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Lila Le 07 septembre 2024 à 17:41:38
Nul n'est censé ignorer les règles. Il n'y a aucune raison qu'un producteur-négociant, aussi respectable et reconnu soit il, ne soit pas soumis aux mêmes règles que ses confrères. Les mentions « châteaux » et « domaines » sont très réglementées, tout comme l'utilisation des noms de communes qui sont aussi des noms d'appellation. On peut regretter que ces règles soient trop strictes, contraignantes, idiotes? mais elles existent et il ne peut y avoir « deux poids, deux mesures ».
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Pytho Le 02 septembre 2024 à 09:11:18
Dommage que vous ne présentiez pas l'étiquette actuelle du Château d'Ampuis!
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augustin Le 02 septembre 2024 à 05:52:02
On voit bien à la lumière de ce type de procédure que le message de bienveillance administrative qui devait être passé par le ministre de l agriculture aux différentes administrations ne passe pas . La fracture politique est évidente dans certains cas et le militantisme, lorsque exerce sur le terrain sans vergogne , fait ainsi des dégâts . Donc oui aux contrôles des malfaiteurs mais non à la persécution stérile des honnêtes gens .C est du bon sens mais les ronds de cuir concernés en sont ils conscients... et peuvent ils oublier un instant leurs passions pendant l exercice de leur fonction ? on finit par en douter , tant ce qui pourrait ressemble r par moment à la haine du petit patron se manifeste aussi souvent , via certains representants radicaux des douanes ou de la répression des fraudes ou encore de l inspection du travail ou de la dgfip .C'est dommage car la majorité d entre eux font le job correctement mais une minorité zélée apparemment tente de régler ses comptes sur son lieu de travail et dans l exercice de ses fonctions ... fort heureusement le tribunal administratif peut jouer les gardes fous :^) Et les magistrats peuvent prendre les bonnes décisions et si tel n est pas le cas la cour d appel du ta reste une option , sans oublier le conseil d état pour les plus pugnaces d entre nous :*) Remettre l entreprise , l employeur, sa valeur ajoutée et sa contribution à l export au milieu du village , un beau programme pour le nouveau gouvernement de septembre 2024 ...
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