quelques jours des vendanges, le Syndicat des Vignerons de l’Aude alerte sur une année de nouveau marquée par la forte disparité climatique : entre sécheresse sur le littoral du département et humidité dans la partie ouest entrainant une forte pression mildiou . « Des zones importantes n’ont pas vu passer une seule fois la rogneuse tellement la vigne ne pousse plus par manque d’eau. A l’opposé, d’autres sont dépassés par la pression mildiou. On se dirige droit vers une 2ème petite récolte d’affilée », dépeint le président du syndicat, Frédéric Rouanet, ce jeudi 25 juillet à Narbonne.
Cet antagonisme des conditions météorologiques se double d’une autre hétérogénéité, « avec une crise dans les ventes de vins différente des précédentes, certaines caves parvenant à maintenir leurs volumes de ventes, quand c’est la catastrophe pour d’autres. Dans les crises précédentes, ça allait mal pour tout le monde au même degré ! », souligne Frédéric Rouanet. Outre l’impact du climat, le marché est justement le point de vigilance majeur des responsables du syndicat, qui appellent tous les dirigeants et décideurs économiques régionaux à se mettre autour de la table une fois ces vendanges passées. « Un projet économique régional d’envergure est indispensable à l’échelle du bassin de l’ex-Languedoc-Roussillon. Il y a beaucoup de travail sur l’économie de notre filière, sur notre production. C’est un plan incontournable si nous voulons conserver la viticulture dans ce département », appelle Frédéric Rouanet.


Le négoce est même fortement invité à participer « main dans la main » pour s’inscrire activement dans ce projet de plan spécifique à la filière, « par leur rôle crucial sur la fixation des prix et la dynamique des marchés, sans quoi un bras de fer pourrait à nouveau s’engager avec eux lorsque les vins de 2024 seront sur le marché », prévient Frédéric Rouanet, alors que de nouveaux présidents ont été élus récemment à la tête du CIVL (Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc) et du syndicat des négociants régionaux (UEVM). « Notre stratégie économique doit reposer sur une segmentation en phase avec les marchés, mais nous manquons de lisibilité sur les attentes des consommateurs. Au négoce de construire ça à nos côtés, car ils sont trop passifs sur le sujet », appuie le trésorier du syndicat Damien Onorré.
Allant plus loin, Frédéric Rouanet souhaite même qu’il n’y ait à terme qu’une seule interprofession régionale pour guider les destinées de l’ensemble des signes de qualité du bassin. Le syndicat en appelle pour l’heure à InterOc, l'interprofession des vins de Pays d'Oc, et InterSud, la fédération des interprofessions du Languedoc, pour piloter la construction de ce plan pour les responsables du syndicat. « Ils ont les outils statistiques et économiques pour diriger ça », valide Damien Onorré. L’instabilité politique des dernières semaines ne va pourtant pas dans le sens d’avancées rapides sur ce point, entre incertitudes sur la gouvernance et le départ d’élus et ministres qui connaissaient bien les dossiers engagés. « Nous avons besoin d’interlocuteurs fiables alors que cette situation politique est très défavorable à la poursuite de tout ce qui a été engagé depuis janvier, où 85 % des Français se disaient acquis aux revendications agricoles. Le retour des écologistes sur le devant de la scène est un exemple inquiétant », dépeint Frédéric Rouanet.