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Avis aux acheteurs (et financeurs) les vins rouges de Bordeaux reviendraient à l’équilibre offre/demande
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Calvaire à moitié plein
Avis aux acheteurs (et financeurs) les vins rouges de Bordeaux reviendraient à l’équilibre offre/demande

Les chiffres le disent pour le président de l’AOC Bordeaux régionale : la production 2024 sera inférieure aux besoins de commercialisation, annonçant un inévitable retour aux tensions commerciales et à la revalorisation des cours. Une perspective que les banquiers, négociants et distributeurs doivent anticiper en soutenant dès maintenant la filière girondine. Il n’y a plus qu’à.
Par Alexandre Abellan Le 19 juillet 2024
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Avis aux acheteurs (et financeurs) les vins rouges de Bordeaux reviendraient à l’équilibre offre/demande
« Les chiffres sont têtus : les prix remonteront forcément. Organisons-le raisonnablement, tant qu’il n’y a pas de réelle pénurie de vin, pour continuer à produire et ne pas casser la machine » plaide Stéphane Gabard. - crédit photo : Alexandre Abellan
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ordeaux ne cesse de manger son pain noir ce millésime 2024 : pluies sans fin (retardant les arrachages), fleur difficile (pas lamentable certes, mais certainement pas belle), pression mildiou usante (pour le deuxième millésime consécutif), dégâts de grêle ponctuels (mais ravageurs localement)… Et maintenant, le rot brun ! « Il y a 15 jours, on se disait que le mildiou était derrière nous. Que cela avait été gagné de haute lutte, mais que l’on maîtrisait le mildiou. Patatras, avec la sortie de rot brun il y des dégâts substantiels, même quand les vignerons avaient gardé des vignes nettes. Nous sommes désarmés face à cette sortie de rot brun » soupire Stéphane Gabard, le président des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur.

En conséquence, l’AOC Bordeaux rouge sait déjà qu’elle se dirige vers de petits rendements 2024, c’est « une certitude qui se confirme de jour en jour » souligne le président de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG). Reconnaissant que ces bas rendements vont peser sur les coûts de production et les trésoreries des domaines en difficulté, cette petite récolte peut affirmer le retour aux équilibres entre offre et demande des vins rouges bordelais pour Stéphane Gabard. « Les chiffres sont têtus » pour le vigneron de Galgon. Avec les dernières pertes de surfaces en Bordeaux rouge (-4 000 hectares en 2023 et 7 500 ha engagés cette année sur l’arrachage sanitaire, sans tenir compte des arrachages hors plan ni des friches), l’AOC régionale chuterait entre 20 à 21 000 ha (contre 30 000 ha en 2022) avance son président, qui note que « l’état des lieux est compliqué à faire avec les chiffres des déclarations d’arrachage aux douanes qui sont décalés » comme les déclarations de récolte).

Coefficient de stockage < 12 mois

En multipliant cette petite surface par un rendement de 40 hl/ha que le vignoble girondin sait déjà ne pas pouvoir atteindre, Stéphane Gabard calcule qu’il y aurait 800 000 hl de Bordeaux rouge en 2024. Soit « une récolte encore plus exceptionnellement basse que l’an passé » (930 000 hl en Bordeaux rouge), mais surtout nettement inférieure à une « commercialisation stable de 1,1 à 1,2 million hl ces deux dernières années [et 450 000 hl de distillation]. On va taper dans les stocks, qui étaient importants il y a encore deux ans à 2 millions hl, soit 18 mois de coefficient de stockage. Ce qui est trop pour une AOC régionale à rotation rapide » analyse le président de l’ODG, estimant qu’avec la petite récolte 2024 ce ratio de commercialisation passerait à 12 mois, voire moins. « Comme l’année 2017 de grosse gelée où il y a eu de grosses tensions sur le marché, de forts raffermissements des prix voire de l’exagération » se rappelle Stéphane Gabard, qui déclare qu’avant d’en arriver à un retour de balancier irrationnel, le marché a tous les indicateurs pour anticiper.

« Nous avons rétabli l’équilibre entre l’offre et la demande. Il n’y a plus de raison qu’il continue à y avoir des [transactions de] bordeaux premiers prix » cet été pour le président d’ODG, sauf si l’emportent « la frilosité des marchés et la volonté de la distribution et des négociants de profiter de la fragilité des viticulteurs, ayant besoin de trésorerie comme les banques les lâchent et qu’il faut de la trésorerie pour faire face. » Le vignoble bordelais appelle ainsi les banquiers à soutenir la filière sur les derniers mois précédant un retour des cours valorisés : « les banques voient que les beaux jours sont devant nous. Que les courtiers et négociants nous soutiennent [également] en faisant comprendre aux distributeurs qu’ils ne pourront pas maintenir des prix excessivement bas » plaide Stéphane Gabard, qui martèle qu’« au vu des chiffres, l’embellie est très proche. »

N’allons pas trop loin dans la réduction de l’offre

Un message d’optimisme pour les partenaires économiques de la filière, mais aussi les vignerons frappés par la sinistrose et ne voyant pas d’autres solutions que l’arrachage pour garder la tête hors de l’eau. « N’allons pas trop loin dans la réduction de l’offre [par l’arrachage]. Nous avons enrayé la chute de la commercialisation, nous n’en regagnerons pas si l’on arrache encore. Il risquerait de ne plus y avoir suffisamment de capacité à honorer les marchés » prévient Stéphane Gabard, pour qui « un marché où il y a trop de stock pose problème, on le vit. Mais un marché plus tendu peut aussi poser problème. Même si je comprendrais que certains aient envie d’augmenter au-delà du raisonnable les cours après les niveaux atteints… »

Le viticulteur ne vit plus, les prix sont si bas qu’il ne lui reste que le découragement et l’abandon

La commercialisation de plus d’un million d’hectolitres des bordeaux rouges étant actuellement constituée d’un volume conséquent de vins à cours indignes, des marchés volumiques existants pourraient se détourner en cas d’augmentation des valorisations et trouver d’autres approvisionnements à bas prix (la crise de la déconsommation touchant également le Languedoc, la Vallée du Rhône…). « Cela se pourrait. Si les prix remontent, on risque de perdre des volumes de premiers prix, mais je suis persuadé que peu de distributeurs organiseront des foires aux vins sans Bordeaux » répond Stéphane Gabard, rappelant que « la stratégie à bas prix nous mène droit dans le mur. Le viticulteur ne vit plus, les prix sont si bas qu’il ne lui reste que le découragement et l’abandon. Le devoir de l’ODG était de réduire, on a réduit. On arrive à l’équilibre, n’allons pas plus loin. La seule chose qui pourrait empêcher de trop arracher, c’est la reprise du marché. »

En attendant des évolutions législatives

Le message est donc clair pour les acheteurs : « croyez aux vins de Bordeaux. Ne croyez pas que vous pourrez vous alimenter en offres aux des derniers mois. Il faut se repositionner pour sauver la filière » résume le président de l’ODG, qui note que « le négoce, via l’interprofession, est conscient de l’équilibre » qui se fait jour. La seule entrave étant la pression de concurrence entre opérateurs : aucun n’est prêt à acheter plus cher s’il n’est pas certain que son concurrent ne va pas trouver de vils prix pour lui prendre un marché. Faute de perspectives rapides d’une révision de la loi Egalim (pour encadrer les prix avec des indicateurs économiques objectifs) ou d’un décret sur les Organisations de Producteurs (pour massifier le marché et les cours), c’est par la bonne volonté de chaque opérateur que cette dynamique de valorisation collective peut s’enclencher. « Même si les négociants et distributeurs veulent jouer sur les premiers prix, les chiffres sont têtus : les prix remonteront forcément. Organisons-le raisonnablement, tant qu’il n’y a pas de réelle pénurie de vin, pour continuer à produire et ne pas casser la machine » conclut Stéphane Gabard.

 

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Tous les commentaires (8)
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Vivrelibreoumourir Le 26 juillet 2024 à 07:18:45
Ça va aller mieux en 2030 quand fanou, nanard et tous leurs pots seront les seuls a encore faire du vin à Bordeaux. Bien dit Pietrus tout va bien se passer? Dans le kit de promotion, il me serait fort agréable d'ajouter un tube de vaseline, je commence a être un peu irrité. Cher gradés de la 7eme compagnie des vins de Bordeaux, attention vos petits soldats sont fatigués?
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Dominique Le 21 juillet 2024 à 12:59:30
Le discours du CIVB et du président de l'ODG, c'est une sorte de masque de réalité virtuelle, où défile un paysage viticole merveilleux, équilibré, super zen. Récemment, des chercheurs sur le bien être animal avait travaillé à améliorer la vie de poulets élevés en batterie à haute densité. Ils avaient envisagé comme moyen, des masques de réalité virtuelle sur chaque poulet, grâce auquel le hangar industriel se serait transformé en prairie verdoyante, avec fleurs, insectes à croquer et herbe fraîche à brouter. C'est un peu le plan du CIVB. Masquer le réel avec ses power point et ses merveilleux plans de promotion à 12 millions. Mais, chers messieurs, il ne faudrait pas prendre les vignerons et vigneronnes pour des poulets premier prix. Vous ne trompez que vous-mêmes.
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PIETRUS Le 20 juillet 2024 à 18:13:38
Dormez en paix braves gens tout va bien se passer....
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grospat Le 19 juillet 2024 à 21:39:21
bel article mais vous savez bien que vos arguments sont faux. le negoce voudra sauver sa peau avant tout .et tant que qualibat acceptera n importe quel qualite pour etre labeliser bordeaux, votre systeme ne se remettra pas debout. la seule sauvegarde de l'appellation est de montrer que vous savez produire des vins de qualite. alors produisez les et ce sont les consommateurs qui choisiront.et eliminer tout ce qui ne devrait pas rentrer en appellation.
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Renaud Le 19 juillet 2024 à 11:20:05
Ça fait vingt ans que je m'évertue à dire que les indicateurs choisis ne servent à rien. La preuve le ratio est à 1,1 au lieu de 1,8 et les prix ne bougent pas ni les demandes non plus?.. si les chiffres sont têtus. Ne faut il pas s'entêter à regarder les inutiles.
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augustin Le 19 juillet 2024 à 07:48:53
Hélas il n y a pas que les chiffres qui sont têtus car les acheteurs courtiers et négociants le sont aussi .Dans ce type de configuration et tant qu il y aura des exploitations au bord de la cessation de paiement ...celles ci vendront au prix le plus bas pour se sauver .La méthode Coue consistant à s en remettre aux bonnes âmes ne fonctionne guère dans ce monde de brutes .Seule une intervention du civb voire de la préfecture notamment aupres des banques locales pourrait sauver la situation.Et comme ni l un ni l autre ne bougeront il faudra encore quelques accidents fatals pour qu l on s accorde à aménager ce carrefour. A noter que la msa et le prs de la dgfip font le job ...mais ce n est pas suffisant helas pour accompagner la trésorerie requise pour 6 prochains mois. Les règlements amiables migrent vers la cessation de paiement et celle ci est convertie souvent en lj faute de visibilité immédiate. Dura lex ,sed lex. Le manque de courage de l interprofession et des pouvoirs publics vis à vis de la profession bancaire est notable mais que faire quand eux mêmes se sont à ce point endettés ?
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Renaud Le 19 juillet 2024 à 07:45:21
Tous le monde va de sa théorie expliquant que le prix est la conséquence simple de l'offre et de la demande??. Ils n'ont pas dû assister à la fin des cours qui explique que pour que cette théorie fonctionne elle doit s accompagner d'acteurs rassurés. C'est là que ça coince. Un acteur de l'aval est dans l'incertitude totale de la valeur de sa fourniture vin. Car demain même s'il y a peu de vin sur le marché les producteurs à l'agonie ne peuvent tenir seul le prix. Et l'acheteur a 800? les 900 litres à toutes les chances de se faire avoir par un autre acteur plus avide et pas moins sûr de vendre. Donc pour que l'équilibre offre/ demande s'exprime rassurons le marché en régulant le prix du premier échelon de la fusée. Dans le cas inverse la demande continuera de baisser puisque ses acteurs ne sont pas rassurés. Et que la solidarité entre acteurs de la production n'existe pas.
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VignerondeRions Le 19 juillet 2024 à 05:49:40
Oui, les fait sont têtus. Pour autant nous avons besoin d'un rééquilibrage sur la valeur du produit. Avec une récolte à moins de 40 hl/Ha les coûts de production s'envolent. Et même si demain le tonneau montait à 1500? il serait toujours au dessous des coûts de production. Et encore plus en 2024 avec les frais de lutte phytosanitaire, bien au delà d'une année moyenne. La vrai question, sur laquelle la filière ne répond pas, c'est de quelle pyramide des prix elle a besoin pour répondre aux attentes des clients. Toute l'Europe du vin veut "prémiumiser" sa production, mais je suis certain que les clients ne suivront pas ou alors les premiers palier vont disparaître, et les surfaces et les gens qui les produisent aussi. Entrainant des conséquences sur les paliers supérieurs produits par les mêmes exploitations. Nous l'avons démontré il y a plus de 18 mois, et proposé de vite se mettre au travail pour éviter un effondrement en cascade. Pour l'heure seulement une réunion le 8 avril dernier au CIVB après des mois de manifestations, à cette cadence le travail ne sera jamais fait dans les délais imposés par la vie des exploitations. Et cerise sur le gâteau la pyramide des âges des vignerons n'arrange rien, parce que relever un challenge sur 5/7/10 ans (la vigne en c'est du cycle long) ça s'envisage à 40 ans, beaucoup moins à 50 et plus du tout à 60. Les gros opérateurs du négoce ne veulent pas le voir, mais leurs salariés ont pourtant compris que même les très très gros (dinosaures) pourraient disparaître rapidement.
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