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Ras-le-bordeaux des vins "à prix des inadmissibles"
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Ras-le-bordeaux des vins "à prix des inadmissibles"

C’est une interprofession de foi : malgré les incertitudes politiques actuelles, les vins de Bordeaux continuent d’appeler à une réforme de la loi Egalim pour pouvoir construire un prix rémunérateur pour tous les maillons.
Par Alexandre Abellan Le 09 juillet 2024
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Ras-le-bordeaux des vins
Avec la « construction de l'amont vers l'aval, sécurisée juridiquement par la loi Egalim, permettrait une prise en considération de tous les intervenants dans la détermination du prix final et assurerait leur juste rémunération » espère Allan Sichel ce 8 juillet. - crédit photo : Alexandre Abellan
C

onstat glacial dans la chaleur de l’été de lundi 8 juillet à Bordeaux. « Aujourd'hui, des transactions à des prix inadmissibles sont encore constatées » pose Allan Sichel, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) dans le discours d’ouverture de l’assemblée générale qu’il préside. Le jour même, les services économiques de l’interprofession bordelaise relèvent en effet que le prix du vin vrac du Bordeaux rouge millésime 2023 échangé du 24 juin au 7 juillet tombe à 868 euros le tonneau (soit 57 % des volumes échangés en dessous des 1 000 € le tonneau fixés cet hiver comme plancher minimum). Ces cours indécents ont « des conséquences dramatiques sur les vignerons qui ne peuvent pas vivre décemment de leur travail, mais aussi sur l'équilibre des marchés et sur la valeur des produits eux-mêmes » alerte Allan Sichel, se mobilisant de nouveau pour « la juste rémunération des acteurs vitivinicoles ».

L’outil privilégié pour cette révolution reste la révision de la loi Egalim, qui en l’état « ne tient toujours pas sa promesse politique initiale de garantir une rémunération juste du producteur, a minima au-dessus des coûts de production » pointe le président du CIVB, qui a interpelé dans un courrier le président de la République, Emmanuel Macron, pour que la réglementation évolue rapidement. Une interpellation en écho de celle de Bernard Farges, vice-président du CIVB et président du Comité National des Interprofessions de Vins à Appellation d'Origine et à Indication Géographique (CNIV).

4 axes

Les deux missives proposent quatre axes d’évolution : « Le premier est de garantir le revenu du producteur, dans le cadre du contrat 'amont' qui le lie au premier acheteur » avec « la non-négociabilité d'une partie du prix proposé par le vendeur, dans le respect du droit de la concurrence » précise Allan Sichel, ainsi que « la sécurisation des transactions » avec la révision de « l'article réprimant les "prix abusivement bas" » de la loi Egalim 1 (qui a conduit à la condamnation de deux négociants cet hiver, suite à la procédure du vigneron médocain Rémi Lacombe). « Un deuxième axe concerne la définition et la diffusion d'indicateurs, qu'ils soient de coûts de production ou de prix de marché » sachant que le cadre réglementaire n’est pas stabilisé rapporte Allan Sichel, pour qui « un troisième axe concerne l'adaptation des textes Egalim aux réalités et pratiques de chaque filière » (l’ensemble de la filière des vin français n’étant pas soudainement devenue allante pour une application d’Egalim qui pourrait tasser les prix en les nivelant vers le bas). « Un quatrième axe, sur lequel un travail est en cours avec le négoce, concerne la sécurisation cette fois du contrat aval' - celui qui met en présence le premier acheteur et le distributeur » poursuit Allan Sichel.

2 modifications simples

Concernant les contrats d’achat de vin en vrac, la mention d’une proposition préalable de prix du producteur est supprimée et une phrase est ajoutée pour mentionner l’intervention d’un courtier indique Fabien Bova, le directeur général du CIVB, lors du vote d’évolution des accords interprofessionnels. Relevant une « modification a minima des contrat », avec un « report à [l’assemblée générale de] décembre des choses plus profondes », le directeur de l’interprofession note « deux modifications simples » avant des « modifications plus profondes pour la loi Egalim à venir ». Dont le calendrier bascule dans l’inconnu. Si le rapport parlementaire en cours sur la révision du dispositif devait aboutir à des propositions pour la rentrée, le résultat des élections législatives 2024 rebat les cartes.

Même si « personne ne sait quel gouvernement sortira de la configuration » actuelle, « il vous appartiendra de reprendre contact avec les cabinets et le ministre » esquisse Étienne Guyot, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, rappelant l’accord de principe acté le 8 avril dernier entre la grande distribution et de la filière des vins bordelais sur un contrat de filière rémunérant correctement chaque opérateur, « avec en perspective une évolution de la loi Egalim » pour « une concrétisation la plus rapide qui soit ».

Join the Bordeaux Crew

En attendant des avancées politiques, « dans ce contexte chaotique, je nous félicite d'avoir su garder notre cap, d'avoir continué à bâtir, coûte que coûte, des actions collectives fortes » note Allan Sichel, relevant que « malgré l'environnement économique incertain et difficile observé dans nos destinations prioritaires » des opérations de communication sur la nouvelle identité collective « "Join the Bordeaux Crew" [se tiendront] à Londres, Bruxelles, Los Angeles, Shanghai, Tokyo... »

Déployant depuis février 2024 sa nouvelle plateforme de marque, Florence Bossard, la directrice marketing du CIVB, veut en 2025 « orchestrer le rebond dans un contexte compliqué » avec l’objectif de « défendre des parts de marché » et « résister le mieux possible » dans un environnement concurrentiel pressurisé par la déconsommation. Pour les prochaines actions, le CIVB souhaite ainsi se focaliser sur « les vins rémunérateurs ». Des bouteilles définies à plus de 4 € (prix de vente conseillé TTC) esquisse Florence Bossard, notant que le sujet a été beaucoup discuté et le reste encore en commission promotion du CIVB. Pour que ce plan de relance marketing porte ses fruits, « il faut laisser du temps au temps. Je sais que c’est dur en ce moment » note Florence Bossard, pointant de bons indicateurs de performance de cette nouvelle identité sur les réseaux sociaux notamment.

Appel à la persévérance

« Je mesure à quel point [le succès de la nouvelle plateforme de marque] peut être en décalage par rapport au ressenti de nombre de viticulteurs professionnels qui sont en très sévères difficultés » avec « des prix extrêmement bas » réagit Allan Sichel, défendant une stratégie marketing de long terme à « initier » pour avoir des « bons résultats en termes de retour » dans une construction « absolument nécessaire » à préserver car « c’est dans continuité qu’on arrivera à obtenir des résultats concrets dans l’augmentation des prix et des volumes commercialisés ».

 

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Tous les commentaires (8)
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bill et boule Le 27 août 2024 à 12:59:29
cote palais de justice et tribunal civil en charge des procedures collectives ,les nouvelles ne sont pas bonnes : la juge commissaire à Bordeaux part en conges maladie et Mme la greffiere prends de nouvelles fonctions . Donc au moment même où le filiere viticole bordelaise exhale un dernier soupir vendanges 24 , les jugements de lj vont se multiplier sans que les domaines concernés puissent bénéficier d un moindre délai : c est la vente aux enchères assurée car les commissaires priseurs quant à eux fonctionnent déjà à plein régime.. la cote de l ha et celle de l hl ne vont pas rebondir loin s en faut ..mais qui cela intéresse t il encore ? plus facile de sermonner les sommeliers pour integrer davantage de bordeaux sur leurs cartes.Toujours le triomphe de la comm politique sur la realite du terrain helas :^(
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augustin Le 13 juillet 2024 à 14:25:14
En lisant et relisant le compte rendu de cette AG, les gérants des petits châteaux se frottent les yeux . Pas un mot sur la renegociation de l assiette de la cvo du civb sur la valeur, aucune interpellation de la profession bancaire locale sur la re négociation des pge bpi ni à fortiori celle des crédits de trésorerie. Aucune référence 9n.0lus aux cataclysmes a repetition sous forme de deluges et d orages de grele qui mériteraient pourtant d être requalifies vis à vis des assureurs.Et pas un mot pour la campagne des primeurs du millésime 2023 qui dans le meilleur des cas à mis en coupe réglée la treso des négociants et par ricochet empêche les achats en livrables des bouteilles des petits châteaux. Ces oublis sont ils faits par ignorance ou de manière délibérée par nos chapeaux a plumes ? Le cas échéant soit par incompétence ou encore par deni ? ou bien les deux ? :^) On repart travailler dans les parcelles et au chai en maugreant ...
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bill et boule Le 13 juillet 2024 à 00:25:26
vemba je ne suis pas d accord d abord techniquement il y a très peu de faillites au pénal Parlons plutôt de liquidations. Et pour ce qui concerne celles ci ...les mandataires font un formidable travail côté à côté avec les associés pour conditionner le vrac et vendre le vin en bouteille et à très bon prix. Arrêtons donc de prétendre que tout le monde est pourri ! Commissaires aux comptes , experts comptables , huissiers , administrateurs ,mandataires, commissaires priseurs et notaires font le job tout comme les avocats et les magistrats spécialisés. Msa et dgfip sont au milieu du gué et le secteur bancaire quant a lui s est mis à la cape je vous l accorde...Faire face au tsunami des cessations de paiement puis des périodes d observation plus ou moins renouvelées puis des liquidations va exiger des nerfs solides .
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Dominique Le 09 juillet 2024 à 14:32:41
C'est toujours la même stratégie utilisée par la troïka du CIVB. "Peu importe le passé. Il y a sûrement eu des erreurs de faites, mais il faut avancer, rebondir. Nous avons mieux réagi que les autres vignobles qui étaient opposés à l'arrachage et maintenant ils nous suivent". Bref, "on est des précurseurs pour tout le vignoble de France, on a été bon". Ca permet d'occulter l'incapacité de cette instance parasitaire à anticiper quoi que ce soit. Cette instance est incapable d'opérer un véritable retour critique sur elle-même. Elle ne sait que justifier a posteriori toutes ses décisions et erreurs passées. Elle ne saurait avoir failli. Elle ne se réformera donc pas. Comme le dit un proverbe africain : ce n'est pas à 76 ans qu'on change les rayures du zèbre. En attendant, c'est un peu comme sur le front ukrainien, il faut marcher sur les corps pour avancer. Il est recommandé de détourner le regard et surtout de se projeter loin DEVANT.
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Vemba Le 09 juillet 2024 à 14:04:59
Il faut aller voir du côté des mandataires liquidateurs qui vendent le vrac des propriétés en faillite?vous auriez quelques surprises !
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augustin Le 09 juillet 2024 à 09:26:44
Le civb ne sait que verser des larmes de crocodile . Chez Hermes on en fait des sacs à main , dans le Médoc on en déplore seulement le cynisme et surtout l impuissance.., à moins que ce ne soit l absence de volonté réelle de voir les vrais problèmes etr surtout d y apporter des vraies solutions .Une meilleure entraide en interne entre vignerons d abord et ensuite entre vignerons et négociants sont les clés .Tant que ceci n est pas réglé, nous sommes tous bloques. Le temps passe, la situation se dégrade et les syndicats agricoles peinent à mobiliser les exploitations qui sont à la peine .
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Renaud Le 09 juillet 2024 à 07:28:03
Dans ce monde où tout change vite le Bateau Bordeaux avance. Il est remarquable que cette machine a lourde inertie ait pu changé de direction en une année. Il y a un pas d'égalim et son corollaire de mesure et maintenant. Egalim bien sûr, plus de prix abusivement bas, contrat aval, réflexion sur la préservation des producteurs et prise en compte des coûts de production. Merci au collectif viti 33 d'avoir poussé à la roue et proposé des articulations permettant tout cela dans le cadre de la loi. Et merci d'avoir enfin écouté la base. Mais le temps politique n'étant pas celui de la réalité. Le drame humain et territorial qui ce joue est loin d'être enrayé. Les bouleversements politiques n'aident pas mais espérons que suffisamment de temps soit perdu. Si le nouveau parlement engage les forces de l'arc républicain l'urgence d'ici nous engage tous. Alors Au travail !
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augustin Le 09 juillet 2024 à 06:06:27
Pathétique.Soudainement arrachage et distillation tant ventes en 2023 ne sont plus la panacée milieu de 2024 ! La campagne de pub , que l interprofession finance avec une cvo inique ( puisque basée sur les volumes et non la valeur ) continue de gaspiller notre argent. Le civb est l un des creanciers les plus féroces quant au recouvrement des sommes dues et fait la fortune de quelques huissiers bordelais dont les collaborateurs signifient tant les menaces dans les campagnes ...qu ils sont équipés de ..camionnettes pour stocker les avis durant leurs tournees ! Le préfet continue à faire une confiance aveugle à l inter profession qui elle a saisi, avec un obscène opportunisme la jurisprudence Remi Lacombe qui reste un lanceur d alerte trop longtemps ignore voire meprise . Par les mêmes qui , aujourd lui, font de sa réclamation la nouvelle pierre angulaire de leur politique 2024 ! Le terrain n est pas dupe ,qui a vu le négoce s echiner à vouloir garder ses fameuses allocations grands crus du millésime 2023 , en sacrifiant ses derniers îlots de tresorerie disponible. Le système bancaire local rase les murs quant a lui , heureux de ne pas avoir été invité formellement à la table des negos depuis 3 mois . La gd est au point mort voire en recul comme en témoigne le refus d obstacle récent d une grande enseigne sur le dernier millésime. Et continuer à faire croire que les cours sont en baisse sur le seul vrac et la seule rive droite est une escroquerie intellectuelle , qui est plus intolérable que jamais. C est désormais la bouteille milieu de gamme qui ne vaut plus grand chose ,et ce sur les deux rives d la Gironde . Une demi douzaine de mandataires liquidateurs sont désormais à l ouvrage sur le front bordelais des cessations de paiement dont le nombre croit sur le secteur viticole , et qui observent avec inquiétude l évolution du nombre de sauvegardes qui souvent n en sont que les antichambres. Et les perspectives offertes par lfi désormais majoritaire au sein du nfp sont claires uniquement pour les caves coope et les vins bios , le reste des caves particulières étant semble t il oublie. Notre pays prend un gros risque sur sa balance du commerce extérieur, alors même que le douanier chinois ralentit les importations de cognac : veut on ou non sauver la filière viticole en France de manière générale et à Brdeaux en particulier ??? Car si on voulait la tuer, pour ne garder que les domaines premium , on ne s y prendrait pas de manière très différente. Grâce soit rendue aux agents du trésor public et ceux des msa locales qui pour le moment multiplient les échéanciers salvateurs, bien conscients de l extrême précarité actuelle de la trésorerie du plus grand nombre. Ironiquement , avec le retour d une bonne météo, les superbes avions Rafale à 200 millions d euros pièce survolent depuis peu nos parcelles de vignes non loin de Cazaux ou de Merignac , comme si eux aussi appelaient de leurs vœux de ne plus être les seuls vecteurs de nos exportations. Espérons que notre nouvelle Assemblée soit consciente de tout cela et agisse vite désormais.Dosormais sur le terrain il faut soigner le parcellaire et trouver de la place au chai pour réceptionner un 2024 sauvé des eaux .
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