etit changement de taille sur les stickers "Zéro Résidu de Pesticides" des produits de la viticulture et de l’arboriculture (abricot, kiwi, pêche, poire, pomme, nectarine, pruneau…), le logo du Collectif Nouveaux Champs affiche désormais la précision "hors dérogation acide phosphonique" à la mention "zéro résidu de pesticides dans les limites de quantification". Métabolite de dégradation de l’antimildiou Fosétyl-Al, l’acide phosphonique (aussi appelé acide phosphoreux) semble également apparaître dans des raisins issus de vignes n’ayant pas reçu de traitements fongicides au fosétyl ou aux phosphonates. Les méthodes analytiques actuelles ne permettant pas de préciser si l’acide phosphonique détecté provient d’une dégradation de phyto ou s’il est d’une autre origine, la question de ces résidus reste pleine et entière depuis 2019, de l’alerte de l’œnologue languedocien Matthieu Dubernet à la prudence d'opérateurs de poids
comme le domaine du Tariquet en Gascogne.
« La bibliographie montre des origines potentielles provenant du sol, d’une production par la plante ou encore des engrais » liste Julie Sabourin, la coordinatrice du label Zéro Résidu de Pesticide (ZRP), ajoutant que « la présence d’acide phosphonique met en défaut la promesse ”Zéro Résidu de Pesticides”, bien que l’origine de celui-ci ne soit pas phytosanitaire. Nous considérons qu’en dessous de 2 mg/kg d’acide phosphonique quantifié en arboriculture et en viticulture, nous sommes dans le cas d’une présence de cette matière active qui n’est pas due à un résidu de pesticides. »


Bénéficiant de cette dérogation à 2 mg/kg d’acide phosphonique depuis 2019 (avec l’absence de traitement au Fosétyl sur les deux millésimes précédents), le label ZRP l’affiche désormais clairement. Négocié avec la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), l’affichage de cette précision permet « d’être transparent vis-à-vis du consommateur » explique Julie Sabourin. Depuis mars dernier, ce nouveau label est en cours de déploiement sur toutes les bouteilles de vin ZRP « concernées par la dérogation, car nous n’avons pas moyen de gérer deux logos en fonction des lots » ajoute la responsable qualité et technique, qui indique bénéficier d’« un délai autorisé d’écoulement des anciens stocks ». Julie Sabourin pointant qu’« il est important de préciser que l’acide phosphonique présent potentiellement dans les produits issus de la viticulture ne présente pas de dangerosité pour la santé du consommateur ».
Concrètement, « nous avons des cas où nous devons déclasser des lots de vins car nous sommes justement au-dessus de cette dérogation. Le lot est dans ce cas vendu en bio ou en conventionnel » rapporte l’animatrice, ajoutant que « même sans utilisation de pesticides à base de fosétyl ou phosphonates nous avons très régulièrement des quantifications ». Alors que la dynamique du label ZRP se tasse dans le vignoble, la démarche revendique cette année « une trentaine de références en vin ZRP actives, essentiellement en Grande Distribution » indique Julie Sabourin, qui précise ne pas constater « d’abandon significatif » de ZRP dans le vignoble, même si début 2024 « quelques adhérents n’ont pas renouvelé leur adhésion pour deux principales raisons : des entreprises qui font face à des difficultés économiques, ou des entreprises qui techniquement n’arrivent pas à atteindre la promesse de Zéro résidu pour le moment. »
Développant un nouveau logo, axé sur la biodiversité (voir ci-dessous), le Collectif Nouveaux Champs ajoute que le label ZRP est désormais connu par 65 % des consommateurs français sur les fruits et légumes (étude CSA, Baromètre de confiance 2023 pour France Agrimer-Interfel).