Des pesticides de synthèse sont régulièrement détectés dans les vins bio » rappelle Marc Chovelon, ingénieur d’expérimentation au Grab, le groupe de recherche en agriculture biologique.
C’est notamment le cas de l’acide phosphonique, produit de dégradation de fongicides anti-mildiou sur lequel se concentrent les partenaires* du projet Itivitibio piloté par l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). « Nous avons émis plusieurs hypothèses sur l’origine de ces contaminations, à commencer par l’utilisation d’engrais foliaires ou racinaires, fertilisants ou biostimulants à base de phosphore utilisés en bio, et qui pourraient dans certaines situations donner des molécules d’acide phosphonique » décrit Marc Chovelon.
Les chercheurs ont réalisé des prélèvements à la floraison (sol et feuilles) puis aux vendanges (sol, feuilles et grappes de raisin) chez des vignerons qui en utilisaient depuis 2 ans, sans jamais trouver de traces d’acide phosphoreux.


« Nous avons alors envisagé une éventuelle accumulation dans la vigne d’acide phosphonique issu de traitements phytosanitaires antérieurs à la conversion en bio » poursuit l’ingénieur.
Les partenaires ont travaillé avec deux vignerons cultivant de manière conventionnelle. L’un a appliqué du fosétyl-aluminium et des phosphites pour la première fois. L’autre, qui en utilisait depuis une dizaine d’années, a accepté d’arrêter. Des analyses de feuilles en juin et de baies en septembre ont confirmé une rémanence de l’acide phosphonite jusqu’à trois ans. « Cela peut expliquer la présence de résidus dans des vins issus de parcelles récemment converties ».
La dérive aérienne de traitements réalisés dans des parcelles conventionnelles voisines de parcelles bio est aussi à l’étude, de même que l’emploi de vinasses de distilleries utilisables en agriculture biologique comme fertilisants.
*L'IFV, la Chambre d'agriculture du Vaucluse, le GRAB, et Inter Rhône.