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"Le millésime nous confirme que la viticulture bio, c’est difficile"
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Bourgogne
"Le millésime nous confirme que la viticulture bio, c’est difficile"

23 salariés et autant d’enjambeurs et de pulvérisateurs pour 60 ha n’ont pas suffi au domaine des Hospices de Beaune pour échapper totalement au mildiou. Le point sur cette année compliquée avec Ludivine Griveau, régisseur du vignoble en troisième année de conversion bio.
Par Marion Bazireau Le 20 juin 2024
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Ludivine Griveau supervise la dernière année de conversion à la viticulture bio du domaine des Hospices de Beaune. - crédit photo : DR
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u domaine des Hospices de Beaune, en troisième et dernière année de conversion à la viticulture biologique, chacun des 23 salariés dispose de son propre enjambeur récent et d’un pulvérisateur pneumatique performant pour gérer son vigneronnage de 2,5 hectares. « Nous sommes dotés d'une force de frappe incroyable pour lutter contre le mildiou, reconnaît Ludivine Griveau, qui vit actuellement son dixième millésime à la tête du domaine. Je n’ai qu’à décider du produit et de la dose utilisée, et de donner le feu vert pour que tout le parcellaire étalé de Chablis à Chaintré soit traité dans la demi-journée. D’un point de vue technique, on flirte avec le luxe ! »

Ludivine Griveau a également le luxe de superviser la culture de coteaux de premiers et grands crus qui se ressuient très vite. Précautionneuse, elle a tout de même demandé en début de campagne à ses salariés de laisser les rangs de passage des pulvés enherbés. « Aujourd’hui, nous en sommes au septième traitement. Nous avons toujours pu intervenir au bon moment, il n’y a pas eu un seul trou dans la raquette » se rassure-t-elle.

100 % de fréquence d’attaque

Malgré tout, le mildiou est là. « Nous sommes même sur du 100 % en fréquence d’attaque. Tous les ceps présentent au moins une feuille touchée, décrit la régisseuse. Heureusement, l’intensité est maîtrisée à 3 voire 4 %, et les symptômes sont peu présents sur grappes mais il faudrait que la pression retombe car davantage de pertes commenceraient à me chagriner ».

Anticipant la conversion de ses 60 hectares en bio, Ludivine Griveau a abandonné les intrants chimiques et commencé à travailler sur l’application de stimulateurs des défenses naturelles de la vigne et de biosolutions dès 2017. « Nous utilisons de l’huile essentielle d’orange douce et de l’Armicarb en complément du cuivre et du soufre, précise-t-elle. Lors des deux derniers traitements nous avons combiné 400 g/ha de cuivre à de l’huile essentielle d’orange douce. J’ai opté pour du Champ Flo du fait de son effet flash. Nous essayons généralement de réduire les doses mais compte tenu de la pression stratosphérique je ne prends pas trop de risques cette année ».

Sur chardonnay, Ludivine Griveau a en plus demandé à ses salariés de pulvériser un mélange de soufre, d’Armicar, pour son effet « collant » et de Microthiol. « Pour l’instant l’oïdium n'a pas l’air trop virulent mais je ne voudrais pas qu’il explose à la fermeture de la grappe » justifie-t-elle.

La floraison s’est faite en trois jours sur chardonnay. « Un épisode pluvieux a collé les capuchons des pinots mais la nouaison est désormais bien engagée partout » continue Ludivine Griveau. Après un écimage la semaine passée, les 23 salariés sont occupés à l’accolage. « Nous raisonnerons ensuite l’effeuillage en fonction de l’historique oïdium des parcelles » indique-t-elle.

Je ne suis pas la seule à avoir des doutes

Ludivine Griveau retrouve régulièrement une vingtaine d’autres chefs de culture de la Côte de Beaune membres du groupe Viti bio animé par l’association Bio Bourgogne et la Chambre d’agriculture de Côte d’Or. « Ça m’aide énormément. Je me rends compte que je ne suis pas la seule à avoir des doutes et à mal dormir. 2024 nous confirme que nous avons raison de faire du bio, mais que faire du bio c’est difficile ! » confesse-t-elle, attendant impatiemment le 17 novembre et la 164ème vente des vins des Hospices de Beaune, sur le thème, certification bio oblige, « One health », la santé des écosystèmes, de ceux qui travaillent et vivent autour des vignes, et de celle des consommateurs.

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Tous les commentaires (23)
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Albert Le 01 juillet 2024 à 07:26:49
Bien évidemment qu'il serait souhaitable, en Bio, d'améliorer nécessairement le bilan carbone, mais n'oublions pas qu'écarter l'agrochimie (santé) e toutes ses molécules aux effets indésirables voire non identifiés à ce jour reste l'objectif de l'alternative Bio.
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VIG-MIC Le 30 juin 2024 à 10:25:05
On est tous d'accord pour dire qu'il faut moins polluer. On peut polluer avec des pesticides mais aussi avec des passages répéter de tracteurs (traitements, passages inter-ceps...). A quand le bilan carbone par exploitation? On verra quelle est l agriculture qui pollue le plus.
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Albert Le 26 juin 2024 à 09:00:04
Bon, vu qu'Ali ne peut s'empêcher de se "lâcher" (ça amène quoi sa dernière phrase ?), discuter dans ces conditions ne m'intéresse pas, je vais en rester là.
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Ali Le 25 juin 2024 à 21:01:12
Cher Albert ,c'était une bonne blague ( les fonctionnaires) et apparemment vous l'avez mal pris ; de plus vous déviez le sujet sur la main d'œuvre étrangère qui n'a rien à voir ,et vous politisez même le sujet ;pour vous répondre, les gens ne votent pas lfi ou rn parce qu'ils les aiment , il votent ces parties car la gauche et la droite modéré n'ont été capable à rien depuis 1981 et qu'ils sont tout deux cause du naufrage français ; après biensur que nous avons besoin d'immigrés pour travailler ,personne ne dit le contraire, mais contrôler cette immigration et intégrer ces personnes prends du temps et nécessite des moyens que la France n'a plus , et je ne pense pas que les employeurs de france soient des esclavagistes ;après la France a un record de prélèvements et d'impôts (et 7,5 % de chaumedu)dans l'ocde ,record du nombre de fonctionnaires tout confondus , si la taxe et le nombre de serviteurs de l'état rendait heureux nous serions dans le meilleur des mondes, mais en comparaison internationale nous sommes dans les choux mon cher Albert , après si ça vous convient d'aller vivre en Corée du Nord, en Russie ou au Venezuela, allez-y, moi je choisis la liberté . Sans rancune
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HVEminator Le 25 juin 2024 à 19:41:23
Pour certains facile de faire de la viticulture avec beaucoup d'argent mais malheureusement pour d'autres aujourd'hui pas facile de faire d'argent avec la viticulture .
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Albert Le 25 juin 2024 à 14:44:52
Juste pour recommander (sans animosité) à Ali de bien vouloir ré-initialiser son logiciel à propos des fonctionnaires. Ces petites piques sont fondées sur quoi au fait ? .. Que savez-vous de ce qu'est le quotidien d'un "fonctionnaire" ? .. Est-ce que moi je me permets de considérer gratuitement qu'être agriculteur c'est fastoche ? .. certes, je pourrais m'interroger sur la vraie pénibilité du job à chevaucher son big tracteur quand les ouvriers agricoles (esclaves modernes .. suffit de prendre en compte la nationalité de ces pauvres bougres ! .. que dit le bon blanc Bardella sur ces "emplois en tension" au fait ? .. où sont les Dupont, Martin ou Robert quand il s'agit de planter les plants de courgettes de plein champ par exemple ?) .. même constat en période de taille de la vigne par chez moi (04) .. pas sûr que ces mecs que j'ai vus - faisait pas chaud forcément - décryptaient aisément le "françois" si cher au cœur de Marine. Et le vigneron "patron", il faisait quoi à ce moment là ? .. Donc, quand on ne SAIT pas ce à quoi est confronté l'AUTRE, j'me dis qu'on se doit d'éviter l'insinuation un tantinet fieleuse. Sans rancune.
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Francois Le 25 juin 2024 à 00:28:26
7 traitements déjà effectués en bouillie cuivrée ! Et vous avez le culot de dire "sans intrant chimique" ...le sulfate de cuivre est supertoxique ! (DL 50 = 0.5g / kg !)
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Ali Le 24 juin 2024 à 19:55:36
Bio ou pas, la plupart des produits phytos ,ou même les médicaments viennent des mêmes groupes agrochimiques, qu'on soit bio ou pas ,on en a besoin, et d'une manière ou d'une autre on les engraisse quand même car pas d'autres choix, à moins de retourner au moyen âge ou d'embaucher les fonctionnaires français pour piocher, mais je ne pense pas qu'ils soient d'accord ;après je suis d'accord sur la polyculture mais le défi reste d'avoir des cultures aussi rentable que la vigne et là.....
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Rolande Le 22 juin 2024 à 16:20:11
Enchantée de ce raisonnement bio! On vous souhaite une belle récolte. Rolande et Joël, coopérateurs dans un petit vignoble belge.
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Dominique Le 22 juin 2024 à 14:50:17
@Albert a en partie raison sur les conséquences d'une monoculture intensive, concentrée sur des territoires hyper-spécialisés. Ca donne toujours les mêmes résultats, quelle que soit la culture. Ceci dit, le souci d'origine c'est l'importation à la fin du 19ième siècle de vignes américaines et avec elles, de deux espèces invasives majeures : le mildiou et l'oïdium. Depuis, nous devons vivre avec ça. Les Romains pouvaient cultiver du raisin et faire du vin assez tranquillement, avec un milieu où il y avait un équilibre proie-prédateur. Cet équilibre est rompu. La vigne européenne n'a pas l'équipement génétique pour faire face à ces deux espèces invasives et elle n'est pas à la veille d'évoluer pour s'y adapter. Le paradis romain est perdu et il faudra faire avec de toute façon.
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Albert Le 22 juin 2024 à 09:18:07
Pas vraiment d'accord avec Parvaux : si à une époque ante ni l'oïdium ni le mildiou n'étaient pénalisants pour nos aïeux, c'est avant tout parce que le vignoble n'était pas cet océan de monoculture de la vigne que nous avions (quasiment 1.100.000 ha) au début des années 80. Actuellement, cet océan a été certes un peu "asséché" (750000 ha à ce jour) mais il fait le lit des maladies fongiques.
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Parvaux Le 21 juin 2024 à 14:35:20
Sauf erreur le mildiou et l'oïdium ne souciaient pas nos aïeux avant 1850 Nos parents étaient donc tous bio La théorie de l'évolution démontre les capacités du vivant a se protéger naturellement Nous avons une parfaite connaissance du génome de la vigne Nous connaissons également la liste des variétés résistantes Ne pourraient on pas animer un Telethon de la vigne en restant tous unis et fier du sublime breuvage qu'est le vin
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Pacylon Le 21 juin 2024 à 14:34:43
400 g de cuivre métal ou de boullie bordelaise ? Avec ces doses le mildiou rigole ou alors tous les 2 jours
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Sébastien Le 21 juin 2024 à 12:16:06
Je remercie ce constat que nous vignerons de la façade atlantique ,relayons depuis plusieurs années , souvent dans l'indifférence des régions plus sèches mais qui les années plus que normales pour nous deviennent un fléau chez eux ... chaque région à ses particularités.il suffit juste d'une oreille plus attentive.
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Dominique Le 21 juin 2024 à 10:54:14
La réalité qui s'impose à tous, c'est qu'il devient tout simplement de plus en plus dur de faire de l'agriculture dans un climat totalement déréglé. Le système d'assurance récolte est mort parce qu'on n'est plus dans une couverture pour "aléas". On n'est plus dans l'aléa. Cette saison n'est pas terminée et le désastre est déjà dans toutes les régions : inondations, mildiou, sécheresse, grêle. L'aléa est devenu quasi-certitude et les assurances se retirent gentiment ou alors demandent des primes mirifiques. Si certains s'imaginent que la remise en service de deux ou trois molécules CMR est à la mesure de ce bouleversement climatique, libre à eux. "Heureux les simples d'esprit" nous dit la bible. En fait, c'est une parenthèse heureuse de l'agriculture qui est en train de se clôturer, celle d'un climat clément et généreux. Les choses fondamentales sur lesquelles nous nous sommes appuyés, se dérobent. Les prix et les rendements moyens que tous avaient implicitement en tête sont tous à réviser. L'agriculture doit reprendre la place prépondérante qui est la sienne et les prix agricoles devront suivre, quoiqu'il en coûte. Sinon il y aura une déprise généralisée et l'offre s'écroulera.
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Albert Le 20 juin 2024 à 18:28:05
Ne suis pas expert "Bio" mais la nature des matières actives utilisées me semble un point important. Quant à la fréquence des passages, je suis Ok, ça fait bcp .. sans compter effectivement le tassement du sol. De là à supporter l'agrochimie, non, je ne suis pas d'accord. Chacun fait comme il l'entend mais, a minima, l'étiquetage devrait nous donner toutes les infos utiles > j'aimerais qu'on m'informe sur la nature des traitements (matières actives utilisées, nbre de passages, .. ). Si la viticulture n'a pas conscience de ce problème (le consommateur peut ou pourrait se détourner définitivement du vin agrochimiqué !), c'est grave.
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Jean Le 20 juin 2024 à 15:55:24
Bravo
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Ali Le 20 juin 2024 à 13:38:48
7 passages traitement avant le 20 juin , ça n'a plus rien de bio ,on voit les limites du système,surtout si on finit la saison avec 12 ou 15 passages, benji a raison, bilan carbone flambé entre heures travaillées , fuel consommé, produit utilisé ,coût, tassement des sols etc etc.....et je limite la liste , à force de vouloir laver plus blanc que blanc ça en devient mensongé pour le consommateur qui achète (soit disant) bio
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Loulou Le 20 juin 2024 à 13:29:35
Le pneumatique ce n'est pas la meilleure pulvérisation Grosse pression utilisez du sel à la dose de 1,5% ,Pasteur a fait des recherches.
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Dominique Le 20 juin 2024 à 10:13:37
Je lis qu'il est utilisé des pulvérisateurs "pneumatiques". Franchement, si c'est bien ça, c'est une erreur. Le pneumatique c'est une très grande micronisation, et donc une grande susceptibilité de dérive. Il me semble qu'on a de plus en plus de vent, irrégulier qui plus est. Donc hors le jet porté, point de salut à mon sens.
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Albert Le 20 juin 2024 à 08:11:59
Benji, vous nous fatiguez. Vos problèmes (au fait, expliquez-les nous d'ailleurs !) n'ont a priori rien à voir avec ceux qui font le quotidien d'un tel domaine, en CAB, compte tenu des enjeux (production hyper-valorisée). Alors, arrêtez de nous fatiguer avec vos commentaires aigres.
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POUIZIN François Le 20 juin 2024 à 07:44:17
#Benji Il y a Chanel et il y a Zara. Le luxe et la grande majorité. Les deux modèles sont interessants et ont leur logique. Les opposer n'a aucun sens. A titre personnel je pense qu'en agriculture conventionnelle ils n'auraient pas traité moins.
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Benji Le 19 juin 2024 à 19:33:56
Domaine bio avec 23 chauffeur et 23 enjambeurs plus les administatifs et le chef de culture? Ramenée à l'ha les temps de travaux et le bilan carbone n'a plus rien d'écologique sans parler des coûts de productions ! Je pense qu'il est temps que vitisphere montre des vignobles et des vrais viticulteurs avec les vrais problématiques de nos métiers au lieu de promouvoir de telles publications complètement déphasée des réalités économiques
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