u domaine des Hospices de Beaune, en troisième et dernière année de conversion à la viticulture biologique, chacun des 23 salariés dispose de son propre enjambeur récent et d’un pulvérisateur pneumatique performant pour gérer son vigneronnage de 2,5 hectares. « Nous sommes dotés d'une force de frappe incroyable pour lutter contre le mildiou, reconnaît Ludivine Griveau, qui vit actuellement son dixième millésime à la tête du domaine. Je n’ai qu’à décider du produit et de la dose utilisée, et de donner le feu vert pour que tout le parcellaire étalé de Chablis à Chaintré soit traité dans la demi-journée. D’un point de vue technique, on flirte avec le luxe ! »
Ludivine Griveau a également le luxe de superviser la culture de coteaux de premiers et grands crus qui se ressuient très vite. Précautionneuse, elle a tout de même demandé en début de campagne à ses salariés de laisser les rangs de passage des pulvés enherbés. « Aujourd’hui, nous en sommes au septième traitement. Nous avons toujours pu intervenir au bon moment, il n’y a pas eu un seul trou dans la raquette » se rassure-t-elle.
Malgré tout, le mildiou est là. « Nous sommes même sur du 100 % en fréquence d’attaque. Tous les ceps présentent au moins une feuille touchée, décrit la régisseuse. Heureusement, l’intensité est maîtrisée à 3 voire 4 %, et les symptômes sont peu présents sur grappes mais il faudrait que la pression retombe car davantage de pertes commenceraient à me chagriner ».
Anticipant la conversion de ses 60 hectares en bio, Ludivine Griveau a abandonné les intrants chimiques et commencé à travailler sur l’application de stimulateurs des défenses naturelles de la vigne et de biosolutions dès 2017. « Nous utilisons de l’huile essentielle d’orange douce et de l’Armicarb en complément du cuivre et du soufre, précise-t-elle. Lors des deux derniers traitements nous avons combiné 400 g/ha de cuivre à de l’huile essentielle d’orange douce. J’ai opté pour du Champ Flo du fait de son effet flash. Nous essayons généralement de réduire les doses mais compte tenu de la pression stratosphérique je ne prends pas trop de risques cette année ».
Sur chardonnay, Ludivine Griveau a en plus demandé à ses salariés de pulvériser un mélange de soufre, d’Armicar, pour son effet « collant » et de Microthiol. « Pour l’instant l’oïdium n'a pas l’air trop virulent mais je ne voudrais pas qu’il explose à la fermeture de la grappe » justifie-t-elle.
La floraison s’est faite en trois jours sur chardonnay. « Un épisode pluvieux a collé les capuchons des pinots mais la nouaison est désormais bien engagée partout » continue Ludivine Griveau. Après un écimage la semaine passée, les 23 salariés sont occupés à l’accolage. « Nous raisonnerons ensuite l’effeuillage en fonction de l’historique oïdium des parcelles » indique-t-elle.


Ludivine Griveau retrouve régulièrement une vingtaine d’autres chefs de culture de la Côte de Beaune membres du groupe Viti bio animé par l’association Bio Bourgogne et la Chambre d’agriculture de Côte d’Or. « Ça m’aide énormément. Je me rends compte que je ne suis pas la seule à avoir des doutes et à mal dormir. 2024 nous confirme que nous avons raison de faire du bio, mais que faire du bio c’est difficile ! » confesse-t-elle, attendant impatiemment le 17 novembre et la 164ème vente des vins des Hospices de Beaune, sur le thème, certification bio oblige, « One health », la santé des écosystèmes, de ceux qui travaillent et vivent autour des vignes, et de celle des consommateurs.