ntré en vigueur le 10 juin, l’amendement – voté à 102 voix pour et 80 contre – autorise les épiceries et supermarchés à étendre leur gamme de produits titrant entre 5,5 %, le seuil maximal précédent, et 8%. Seule exception : les boissons distillées, ce qui pourrait poser un problème de concurrence équitable aux yeux des autorités européennes.
Les opérateurs fin prêts
Toujours est-il que les opérateurs commercialisant des vins, bières et cidres s’engouffrent dans cette nouvelle brèche. A commencer par le géant nordique Anora – issu de la fusion en 2021 du finlandais Altia et du norvégien Arcus – qui annonce avoir lancé une nouvelle sélection de vins titrant 8°. Il s’agit à la fois de marques propres de l’entreprise et de marques internationales à l’instar de Lindeman’s et Two Oceans. Anora annonce ainsi le lancement de « plusieurs dizaines de vins effervescents, blancs, rosés et rouges ». Idem pour la chaîne de supermarchés S-Group, qui possède un réseau de plus de 1 000 points de vente en Finlande, et entend lancer une gamme « étendue et variée » de vins faiblement alcoolisés déclinés en blanc, rouge, rosé et effervescent dans tous ses magasins. Pour Anora, cette modification réglementaire a « le potentiel d’attirer de nouveaux publics qui pourront se faire plaisir dans l’univers des vins ».
Dans l’air du temps
Il faut dire que cette autorisation intervient à un moment où les consommateurs finlandais s’orientent indéniablement vers une consommation d’alcool de plus en plus modérée. Dans son rapport sur les tendances de consommation pour 2024, le monopole d’Etat Alko note que « beaucoup de gens consomment moins d’alcool qu’avant » pour des questions de bien-être et de santé. Il ne s’agit pas toujours de vins faiblement alcoolisés : cette tendance fait la part belle à des cépages comme le gamay ou le pinot noir par exemple, offrant des vins plus légers et digestes pour accompagner des mets eux-mêmes toujours plus légers, voire végétariens. Toujours est-il que « les consommateurs s’intéressent aux bières et aux vins faiblement alcoolisés », souligne le monopole. Cela, sans parler de la multiplication des petits formats.
Une tendance qui se généralise ?
La libéralisation des ventes de boissons fermentées faiblement alcoolisées en Finlande fait aussi écho à une tendance qui se manifeste dans différents monopoles. Avec une avance de dix-huit mois sur le timing initial, le gouvernement ontarien libéralise la distribution des vins, bières et cidres à travers la province canadienne dès cet été. Il s’agit du plus grand élargissement du marché depuis la fin de la prohibition il y a près de 100 ans. De son côté, le gouvernement suédois envisage d’assouplir sa réglementation strict sur la vente d’alcool en autorisant les visiteurs de brasseries, de distilleries et d’exploitations viticoles à emporter des produits directement, sans passer par le monopole. Si la mesure est approuvée, elle pourrait entrer en vigueur dès l’an prochain. Certes, elle ne révolutionnera pas la commercialisation de boissons alcooliques dans le pays, mais elle témoigne d’une certaine ouverture.