près 6 ans d’absence, Vinexpo était de retour à Hong Kong du 28 au 30 mai : l’occasion pour toute la filière vin de constater à quel point le monde a changé du tout au tout. Une traversée de l'amer de Chine. En 2018, l’enjeu des vins français était de profiter de la croissance du marché en résistant à la prise de leadership en volume de la concurrence australienne (dopée par un accord de libre-échange), sans se laisser cantonner aux vins haut de gamme (essentiellement les grands crus de Bordeaux). En 2024, le marché chinois n’est plus que l’ombre de lui-même, après une longue crise covid et en pleines incertitudes économiques (d’habitude prompts à positiver, les visiteurs chinois n’avaient pas le cœur à cacher leurs soucis d'après certains exposants) alors que des menaces tarifaires pourraient cibler la filière française (cognacs et vins sont des cibles affichées). 2024 pourrait alors devenir la tannée du dragon…
Mitigés selon les exposants, les retours de cette reprise de contact attendue avec le marché chinois esquissent une situation compliquée par la perte des acquis et le manque de visibilité, comme si le grand absent était le marché lui-même, contraignant à une attente de relance qui ne va pas s’arrêter une fois le salon fermé. Les échos glanés entre les stands témoignent globalement d’une tendance à l’économie et pas à la dépense en Chine, alors qu’il y a augmentation continue de la concurrence. L’Australie ayant enfin réussi à se défaire des taxes punitives la pénalisant depuis plus de trois ans, ses wineries comptent bien reprendre leurs positions en Chine. Mais la consommation chinoise a de nouveau changé, on y entend une demande pour des vins rouges plus légers, les rosés seraient aussi en développement… De quoi imaginer un nouveau cycle de croissance dès que l’économie sera rétablie ? Il ne faut plus se faire d’illusion… L’eldorado des cadeaux dispendieux ou le canal ultraperformant des plateformes de e-commerce appartiennent au passé, désormais il faut aussi compter sur la production chinoise de vin qui monte en gamme et répond à un esprit nationaliste croissant.
Le retour de Vinexpo à Hong Kong n’était sans doute pas euphorique, mais avec 14 000 visiteurs il offre une bonne occasion aux opérateurs de se projeter à nouveau sur un marché à fort potentiel d’avenir. Dans un contexte mondialement dégradé, c’est déjà une performance. Et une volonté de travailler le terrain commercial qui est indispensable. « Si perçante soit la vue, on ne se voit jamais de dos » dit le proverbe chinois.