Que l’on donne l’envie, l’envie d’avoir envie » entonne Rodolphe Lameyse, directeur général de Vinexposium, pour mettre en musique son objectif : « que les acheteurs viennent » alors que les caves et négoces ont « le besoin et l’obligation de faire du commerce » en cette période commercialement difficile. De retour après six ans d’absence à Hong Kong cette fin mai, le salon Vinexpo Asia n’a plus l’atmosphère l’euphorique de 2018 : la majorité des vins rouges français ont dévissé en Chine et l’Australie panse toujours les plaies des trois années de mesures de rétorsion. De quoi alimenter le désir des opérateurs de se projeter sur la reprise.
« Dans un marché en déconsommation, avec une pression douanière et tarifaire ajoutant de l’incertitude aux affaires, il faut aller au contact des clients » pointe Rodolphe Lameyse, qui note une « tendance à la continentalisation » s’affirmant ce début 2024 : « les acheteurs d’un continent, particulièrement d’Asie, se déplacent peu pour suivre des évènements à l’étranger. Il y a eu peu de visiteurs asiatiques à Paris (pour Vinexpo Paris et Wine Paris), à Düsseldorf (pour ProWein), à Vérone (pour Vinitaly) et Bordeaux (pour la semaine des primeurs). »


Apparemment plus casanier, le visiteur qui se déplace en salon doit aussi être séduit proactivement par les exposants. « Notre salon s’inscrit dans la dynamique commerciale actuelle. Ce n’est plus un marché de pull, comme en 2018, mais de push : il n’y pas forcément la demande, il faut pousser les produits » analyse Rodolphe Lameyse, pour lequel il y a « un changement de logiciel profond : un salon comme Vinexpo fait la démonstration crue de cette prise de conscience ». Et ce n’est qu’un changement parmi d’autres
« Le covid a eu un effet de transformation profonde des économies. Ce qui est vrai pour les semi-conducteurs et les transports aériens n’a aucune raison de ne pas l’être pour la filière des vins et spiritueux » souligne le directeur de Vinexposium, indiquant que « quand on se focalise sur l’Asie, le marché s’est développé dans l’Asie du Sud-Est : l’export a d’abord été tiré par Singapour et désormais par la Thaïlande. Fermée pendant trois ans, la Chine a été mise sous cloche et l’oxygène a manqué. La culture asiatique étant d’inviter à manger hors domicile, les cafés, bars et restaurants ont été secoués. L’amont n’a pas été épargné par ces difficultés à l’aval. »
Démentant tout projet de salon en Thaïlande (des rumeurs circuleraient dans les allées), Rodolphe Lameyse indique maintenir Vinexpo Asia à Hong Kong les années paires et à Singapour les années impaires. « Hong Kong sert la Chine, 80 % des inscrits sont de Chine, Hong Kong et Taïwan. A Singapour, 80 % des visiteurs viennent d’Asie du Sud-Est. Ce sont des marchés complémentaires permettant cette présence annuelle. » En attendant le retour de Vinexpo Asia à Singapour, le prochain évènement aura lieu aux États-Unis, à New-Yok les 24-25 juin. Mais en 2025, le salon Vinexpo America ira à Miami : « il y a une dynamique de marché très forte, qui permet de cibler deux objectifs (la CHR locale et les importateurs), sur deux territoires (Amérique du Nord et Amérique du Sud). En 2026, on peut rester annuellement à Miami ou retourner à New York » esquisse Rodolphe Lameyse. Tout dépendra de l’envie d’avoir envie d’aller en Floride ou à Manhattan pour les exposants.