peine partis, les 5 000 visiteurs professionnels de la semaine des primeurs (lundi 22-jeudi 25 avril) ont reçu des salves continues de mises en marché des vins millésimés 2023 : « on ne va pas laisser refroidir les moteurs ! » lance Philippe Castéja, le président du conseil des grands crus classés en 1855 du Médoc et de Sauternes. « On peut dire que le calendrier des mises en marché s’est déjà bien rempli, dès la fin des présentations, avec de très beaux domaines offerts cette semaine » confirme Ronan Laborde, le président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB). Une bousculade de sorties précoces qui s’est accompagné de réduction notables des prix 2023 par rapport aux fortes hausses 2022 : du -40 % du château Léoville las Cases le mardi 30 mai au -32 % du château Lafite Rothschild le jeudi 2 mai, répondant avec d'autres aux injonctions du négoce et des marchés de mener une campagne rapide et à prix accessible.
« Le positionnement tarifaire concrétise les annonces de baisses des prix, en comparaison du millésime précédent » note Ronan Laborde, qui relève que « les particularités demeurent toujours singulières, d’un cru à un autre, qu’il nous paraît inopportun de dresser une tendance générale chiffrée ». Avec des réductions marquées, « la viticulture a fait ce qu’il fallait pour proposer des prix très attractifs, chacun étant libre de faire à sa guise » pointe Philippe Castéja, qui rapporte « des retours intéressés et intéressants. Mais nous ne sommes qu’au début de la campagne. La sortie des primeurs va se faire de manière ramassée, ce qui donne du temps aux distributeurs qui revendent eux-mêmes en primeur de faire bouger leurs stocks avant les départs en vacances d’été. »


Contactée par Vitisphere, la plateforme anglaise Liv-Ex note que « les vins dont le prix a été correctement fixé se sont bien comportés, mais en général, les clients privés ne se concentrent pas sur les remises par rapport à l'année dernière. Les sorties les plus réussies sont celles qui représentent une valeur relativement bonne par rapport aux vins déjà disponibles sur le marché. » Pour les analyses anglais, les primeurs doivent démontrer de leur plus-value dans un environnement compétitif : « à Londres, les gens aiment Bordeaux, mais ils ont dépensé beaucoup d'argent pour ces vins au cours de la dernière décennie et, comme d'autres régions offrent des vins de qualité comparable à des prix inférieurs, ils ont besoin d'une raison pour continuer à acheter. »
L’intérêt des marchés est naturel pour Philippe Castéja, qui note qu’avec la qualité du millésime 2023 et en « partant d’un prix qui est très très abordable, il y aura à mon avis certainement une juste rémunération de l’investisseur ». Propriétaires de cru classés et de négoces, il note que « ce qui ferait succès que les affaires se fassent en grande partie et que ça revitalise le marché et relance l’ensemble de la filière bordeaux ».