omme dans la chanson de Georges Brassens, « c'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant ». Personnalité des grands crus classés de Bordeaux (avec la direction des châteaux Cheval Blanc à Saint-Émilion et Yquem à Sauternes pour LVMH), Pierre Lurton n’a pas attendu que refroidissent les notes de dégustation de la semaine des primeurs (lundi 22-jeudi 25 avril derniers) pour mettre en marché les vins de sa propriété personnelle : le château Marjosse (40 hectares en AOC Bordeaux, à Grézillac).
Parti avant tout le monde en fin de semaine dernière, Pierre Lurton n’a pas attendu que les premiers grands crus classés en 1855 se positionnent à Sauternes (les châteaux Guiraud, Doisy Daëne ou Sigalas Rabaud sont sortis ce lundi 29 avril) et dans le Médoc (château Batailley à Pauillac est mis en marché ce lundi 29 avril, d'autres châteaux médocains sont attendus dès ce mardi 30 avril). « Ayant un peu l’habitude des premiers GCC et des primeurs », il indique à Vitisphere avoir souhaité « partir en tête avec un prix cohérent » pour que « la copie soit nette » avec tous les outils donnés aux négociants et importateurs pour travailler sa marque : « tous les éléments sont là pour les transactions. Sans provocation. Je me suis mis au prix des 2019, j’ai suivi la règle » glisse-t-il. Les messages du négoce et du marché répétant que les sorties en primeur du millésime 2023 doivent afficher des prix en baisse de 30 % et/ou revenir aux prix du 2019 (sorti en pleine crise covid).


« Chacun verra midi à sa porte » élude Pierre Lurton, la réduction se comptant en centimes pour le château Marjosse (disponible sur les marchés à 9 €/col). Rare propriété de l’Entre-deux-Mers à sortir en primeurs (avec la moitié de sa production rouge, les blancs sortant directement en livrable), le château Marjosse devrait rapidement être accompagné par d’autres crus. « Je ne sais pas comment va se passer cette campagne. Les gens sont surpris par les vins 2023, en fraîcheur et lumineux. C’est une surprise » note Pierre Lurton, pour qui « si les propriétaires alignent des prix cohérents avec le marché, les primeurs peuvent fonctionner. Dès qu’il y aura une erreur de jugement sur les prix, ça va s’arrêter. »
Toute la question sera de savoir combien d’étiquettes seront mises en marché avec succès ces primeurs. 50 ou 60 châteaux ? « Le marché est compliqué, il est en train de se libérer de son stock et n’est pas forcément à l’achat » reconnaît Pierre Lurton, qui veut rester optimiser : « cette campagne pourrait être une réussite ».