n adhérent vous a prévenu juste avant le Salon de l’Agriculture qu’il se faisait déclasser des ares de vignes correspondant à des talus, où en est ce dossier ?
Christine Sévillano: Je suis intervenue tout de suite auprès des Douanes régionales. J’ai rencontré le directeur et lui ai expliqué que retirer les talus, les haies, les tournières ou les chemins de souffrance et chemins hydrauliques permettant de canaliser l’eau vers des bacs de rétention irait à l’encontre du bon sens écologique et de la paix sociale dans nos villages. Il m’a accordé une oreille attentive et a semblé prêt à assouplir les contrôles. J’ai aussi interpelé l’association des maires de France et dois encore réécrire aux élus cette semaine pour qu’ils se mobilisent à nos côtés. Le syndicat général des vignerons (SGV) est aussi enfin en train de bouger sur le sujet. Je m’en félicite !
Quelles sont vos relations actuelles avec le syndicat général des vignerons (SGV) ?
Notre conseil d’administration a envoyé un courrier ce 15 avril pour redemander officiellement une place à l’ODG. Cette fois nous ne nous satisferons pas d’une place dans une commission et nous irons jusqu’au au bout en déployant tous les moyens juridiques nécessaires pour avoir voix au chapitre. La Champagne ne peut pas se faire sans les vignerons et sans les vignerons indépendants. Nous ne pouvons plus laisser des décisions importantes se prendre en vase clos comme cela a été le cas pour les vignes semi-larges, les herbicides, et comme c’est actuellement le cas pour la révision de l’aire de l’AOC ou l’obligation de la coiffe, le SGV estimant que cet accessoire « fait partie de l'image de la bouteille de Champagne ».
Concernant la coiffe, quelle est votre position ?
J’en ai discuté avec mon conseil d’administration suite à la sollicitation du collectif « Ça décoiffe en Champagne ». Contrairement à la bouteille alsacienne qui est rentrée dans les cahiers des charges de la région, la coiffe n’est pas protégée juridiquement, et nous considérons de ce fait qu’elle ne constitue pas un signe distinctif de nos vins. La coiffe est aussi le signe distinctif du prosecco, des crémants, de certaines bières. Laissons à chacun la liberté de l’utiliser ou pas.
Avez-vous une position aussi libérale sur le rendement que certains aimeraient plafonner autour de 9 000 kg/ha ?
Nous allons en discuter à partir de juin mais notre position ne devrait pas changer. Nous demandons un rendement à 11 000 kg sur 5 ans nous offrant la stabilité de trésorerie suffisante pour investir dans nos outils de production ou nos outils marketing. Soyons ambitieux, visons haut et donnons-nous les moyens d’aller décrocher des ventes sur les marchés dynamiques !
Le nombre d’adhérents à la Fédération baisse légèrement. Vous êtes 388 actuellement, comment inverser la tendance ?
Nous sommes aujourd’hui la Fédération dont la définition du vigneron indépendant est la plus restrictive. Je réfléchis à l’assouplir pour booster le recrutement et ouvrir notre syndicat aux manipulants qui partagent notre philosophie, cultivent leur propre raisin et vinifient dans leur cave, mais ont dû prendre une carte de négociant pour des raisins fiscales dans le cadre de successions familiales. Je ferai une proposition dans un an.