l n’est de champagne que de la Champagne… Et de la coiffe de sa bouteille ! Dans un notice diffusée ce 13 décembre à ses ressortissants, le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC) annonce avoir « décidé d’inscrire l’obligation d’apposition de la coiffe dans le cahier des charges de l’appellation » auprès des services de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) après un vote sur la question du conseil d'administration du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV). Une mesure adoptée avec un large consensus indique Maxime Toubart, le président du SGV, pour qui « la coiffe fait partie de l'image de la bouteille de Champagne. C'est un signe distinctif important, nous avons décidé de ne pas la rendre facultative. »
Devenue soudainement optionnelle par le truchement d’un règlement européen inattendu ce milieu d’année, « l’apposition de la feuille revêtant l’attache de la bouteille des vins mousseux (couramment appelée "coiffe") » doit devenir une obligation pour le Comité Champagne car « la coiffe constitue un code identitaire indissociable des vins de Champagne » (avec de premières apposition de capsule en métal dès le milieu du XIXème siècle), « parce qu’elle est un élément essentiel d’assurance du consommateur sur l’authenticité et la qualité des vins » (des études indiquant « qu’en scellant la bouteille, elle rassure sur l’origine du vin ainsi que sur l’hygiène et la sécurité »), « parce qu’elle représente un très faible poids dans le bilan carbone de la filière (0,6% des émissions totales de gaz à effet de serre de la filière Champagne) tout en présentant de fortes opportunités d’améliorations » (notamment avec des alternatives en papier et plus en complexe aluminium plastique difficilement recyclable).


Dans sa notice, le Comité Champagne précise que « cette obligation devrait pouvoir être intégrée à une prochaine mise à jour du cahier des charges de l’appellation Champagne ». Aucune période transitoire ne serait prévue pour écouler les bouteilles de ceux ayant déjà sauté le pas de l'absence de coiffe. Interrogés avant cette mise au point interprofessionnelle, ces derniers ne pensent pas faire de mal à l’image de la Champagne (s’agissant de cuvées valorisées, alors que du champagne bas de gamme bradé en supermarché existe déjà avec des coiffes), mais participer à son verdissement avec la réduction de matières sèches évitables (le meilleur déchet étant celui évité). « Bien sûr que l'on réfléchit à l'impact environnemental, c'est pour ça que nous avons travaillé une coiffe en papier (désormais disponible) » indique Maxime Toubart, pour qui « sans coiffe ou avec une bandelette, il y a un risque de perte d'image, de repères, de valeur... »
L'avenir dira ce que demande le marché, a priori réceptif aux packagings disruptifs (en témoigne la seconde peau de Ruinart pour éviter un encombrant coffret). Comme l’écrit Marguerite Yourcenar dans son célèbre aphorisme : « c'est avoir tort que d'avoir raison trop tôt ».