op, Bruxelles fait sauter une contrainte sans même que sa suppression n’ait été demandée par les premiers intéressés ! Depuis ce 28 août, un règlement délégué rend facultative la coiffe de surbouchage recouvrant le col des vins effervescents et mousseux en Europe*. Alors que cette feuille d’aluminium ornant les goulots était jusque-là obligatoire. Si le cœur lui en dit, un opérateur champenois peut s’en affranchir dès maintenant et mettre à nu le col de ses bouteilles. Du moins en théorie, car en pratique le risque d’illégalité est fort si le cahier des charges de l’AOC Champagne intègre à l’avenir une obligation de coiffer les bouteilles.
Si la feuille sur les goulots tient du standard pour les vins de Champagne, « dans les faits, la réglementation ne rend plus obligatoire la coiffe aujourd’hui. Si on veut la maintenir, il faut prendre une disposition dans le cahier des charges » résume Maxime Toubart, le président du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV). Au sein de la viticulture, « il y a plutôt unanimité pour le maintien, comme ça fait partie de l’habillage, de l’identité. C’est valorisant et c’est un outil de contrôle (avec la coiffe intelligente Cloé) » rapporte le vigneron, reconnaissant des débats au sein de la filière champenoise, notamment de certaines maisons, prônant une flexibilité afin de réduire l’emballage. L’écoconception se passant actuellement de capsules, pour réduire l’empreinte environnementale et le coût des matières sèches (depuis la crise covid le coût des coiffes reste élevé, quand il n’y a pas de soucis de disponibilités).
Au sein du négoce, les réflexions sont en cours évacue David Chatillon, le président de l’Union des Maisons de Champagne (UMC). Rappelant que la coiffe fait partie de l’identité champenoise, le représentant des négociants rapporte que le débat porte sur l’équilibre entre tradition et Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
S’étant réuni la semaine dernière pour la première fois la semaine dernière, un groupe de travail dédié doit permettre à la filière champenoise de se positionner aussi rapidement qu’unanimement. Une question sous-jacente reste l’acceptation de la suppression de la coiffe par les consommateurs de vins effervescents : y verront-ils un coup marketing distinctif ou un coût à l’image valorisée des bulles ?
* : Publié ce 8 août au Journal Officiel de l’Union Européenne, le règlement délégué 2023/1606 de la Commission Européenne indique que « les producteurs et les embouteilleurs devraient être autorisés à s’abstenir d’utiliser des feuilles pour des raisons opérationnelles, telles que la réduction des coûts, la prévention des déchets ou l’amélioration de la commercialisation, à condition que l’absence de risque pour le produit, lié à l’ouverture ou la manipulation involontaires de l’attache, soit garantie. » Le texte annonce que désormais « les producteurs de vin mousseux, de vin mousseux de qualité et de vin mousseux de qualité de type aromatique peuvent décider de ne pas revêtir l’attache d’une feuille. »