a possibilité de planter en 2023 des Vignes Semi-Larges (VSL), mesure votée et adoptée en juillet 2021 par le conseil d’administration du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV), ne cesse de créer des remous au sein de la filière. Une poignée de vignerons vient de déposer une demande d’annulation dans le cadre de la Procédure Nationale d’Opposition (PNO) auprès de l’Institut National de l’Origine (INAO).
Habitués à faire entendre leur voix, ces vignerons ont décidé ce jeudi 5 mai de déposer un recours auprès de l’INAO en usant de leur droit à s’engager dans une PNO pour faire modifier le cahier des charges avant son homologation. Dans un message relayé sur le réseau social Twitter, Mélanie Tarlant, vigneronne à Oeuilly dans la Vallée de la Marne, et chef de file du mouvement interpelle sur le caractère inédit de l’action : « un ensemble de vignerons #NOVSL en Champagne déposent la première opposition PNO de l’’histoire de la Champagne »
Parmi les raisons invoquées pour justifier de ce désaccord, la densité foliaire (automatiquement réduite en cas de conduite semi-larges) garante de la qualité des vins et une voie rêvée pour accroître la mécanisation de la vigne (notamment avec la machine à vendanger), mais aussi des raisons économiques (qui conduiraient à la diminution de 50 % de la main d’œuvre). Avant de déposer la PNO, une pétition diffusée depuis août 2021 reprenant les points cités avait permis de recueillir un peu moins de 900 signatures. Outre le caractère inédit du dépôt de ce dossier, les vignerons engagés craignent de voir une fracture de la Champagne irrémédiable.
« Je suis très inquiet de constater des mouvements et décisions fortement industrielles pour la Champagne. Ayons confiance dans le savoir-faire champenois, respectons notre AOC, plutôt que toujours céder aux sirènes de la facilité afin de simplifier la vie des opérateurs sans ambitions. Une seule AOC, une seule densité de plantation, une Champagne unie et indivisible », déclare Raphaël Bérêche, vigneron au Craon de Ludes sur la route de Louvois (Montagne de Reims).


Interrogé, Damien Champy, administrateur du SGV, n’est pas surpris par cette démarche : « On s’y attendait, on se doutait qu’il y aurait un recours, le dossier des vignes semi-larges est un sujet qui divise depuis plus de 20 ans ». Affirmant comprendre les désaccords sur ce sujet il précise que « lors du vote du conseil d’administration le 27 juillet dernier, la majorité n’était pas unanime (34 voix sur 50 se sont prononcées en faveur de l’adoption des vignes semi-larges au sein du cahier des charges). »
La date limite pour la participation à cette PNO était officiellement ce jeudi 5 mai à minuit auprès de l’INAO. Opération coup de poing et symbolique ? Les vignerons « NO VSL » ont attendu le dernier jour pour déposer le dossier. Si la procédure aboutit et que le motif de l’opposition est jugé recevable par l’INAO, une modification pourra être apportée au cahier des charges. Une commission d’enquête peut aussi être nommée pour approfondir les raisons de l’opposition avant la publication du texte d’homologation du cahier des charges au Bulletin Officiel du Ministère de l’Agriculture.
Sans grande surprise en Champagne, les vignes semi-larges écartent les rangs.