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"Nous devons trouver une solution pour détruire 10 à 12 millions hl de vins excédentaires"
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Joël Boueilh
"Nous devons trouver une solution pour détruire 10 à 12 millions hl de vins excédentaires"

Les caves coopératives veulent un ministre de l’agirculture pour leur ouvrir des aides d’urgence et restructurer la filière avec l’arrachage qui s’annonce, tout en aidant à la gestion des volumes en surplus sur les millésimes 2023 et 2024. Le point avec Joël Boueilh, président des Vignerons Coopérateurs.
Par Alexandre Abellan Le 12 février 2024
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« Les sommes d’aides annoncées sont conséquentes, et les pouvoirs publics ont été là ces dernières années, mais les caves coopératives sont laissées pour compte » affirme Joël Boueilh. - crédit photo : Alexandre Abellan
L

a filière des vins français se trouve clairement à un tournant : « la période que l’on traverse va rebattre les cartes. Avec le programme d’arrachage qui se réfléchit, et qui parle de 100 à 150 000 hectares à arracher pour retirer 5 à 6 millions d’hectolitres de vins produits, il y a des régions qui vont changer de visage » déclare Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs de France, rencontré ce lundi 12 février sur le salon Wine Paris & Vinexpo Paris. Mais en attendant que ce plan d’arrachage temporaire soit validé par l’Europe et finalisé par la filière*, il reste à gérer les volumes excédentaires du millésime 2023 (48 millions hl d’après l’administration) et de la future récolte 2024 (qui ne sera pas affectée par l’arrachage envisagé pour la fin d’année).

« La question des 5 à 6 millions hl excédentaires chaque année se pose. Nous allons nous retrouver avec 10 à 12 millions hl en surplus sur le marché à la fin de l’année qui ne trouveront pas preneurs » pose Joël Boueil, qui résume le défi : « nous devons trouver une solution pour détruire 10 à 12 millions hl de vins excédentaires en attendant l’arrachage temporaire ». Si la distillation de crise n’est pas envisageable (la campagne 2023 étant encore payée par des fonds 2024), il faut explorer d’autres alternatives, par exemple la production de bioéthanol. « La réglementation nous dit que seuls les déchets et sous-produits peuvent être envoyés vers le bioéthanol » rappelle Joël Boueilh, qui demande des avancées structurantes sur le sujet au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, également sollicité sur les aides du fonds d’urgence (80 millions €).

L’acompte n’y est pas

Sur toutes les annonces faites ces dernières semaines de grogne agricole, les caves coopératives ne s’y retrouvent toujours pas. « Les vignerons adhérents pourront bénéficier des mesures seulement pour leur vignoble. Mais ils déportent leurs vinifications, conditionnements, stockages et commercialisations aux caves coopératives qui ne sont pas prises en compte » relève Joël Boueilh, qui appelle à l’application d’une année blanche bancaire avec l’amortissement décalé des encours pour générer de la trésorerie et soutenir les exploitations adhérentes. Un certain nombre de caves coopératives sont en situation de « précarité » et ont dû réduire substantiellement les acomptes à leurs viticulteurs ces derniers mois.

Faisant état de situations économiques délicates dans des vignobles en crise (Bordeaux, Vallée du Rhône, Languedoc…), Joël Boueilh note que tout le vignoble français est actuellement secoué. Bourgogne, Champagne, Cognac et Provence qui se portaient insolemment bien jusqu’à récemment ne sont pas épargnés par la situation économique mondiale. Sans oublier les incertitudes géopolitiques qui pèsent sur le futur de la filière, qui doit pourtant se projeter avec volontarisme et optimisme vers l’avenir pour Joël Boueilh.

Faire envie et pas pitié

Actuellement occupée par le salon professionnel Wine Paris & Vinexpo Paris, la porte de Versailles accueillera le Salon International de l’Agriculture dès le 24 février : un évènement grand public où la filière doit « redonner le goût du vin aux consommateurs, capter leur attention et rester relié à eux. Il faut trouver une nouvelle façon de parler du vin et de donner envie » plaide le président des caves coops. Car « si l’on trouve une solution pour détruire les 10 à 12 millions hl en surplus et que l’on arrache 100 à 150 000 ha pour produire 35 à 40 millions hl en France, on n’a pas encore changé les façons de produire nos vins pour élaborer des produits répondant aux goûts et évolutions du marché. Il faut évoluer, sinon dans 5 à 10 ans ce sera bis repetita » prévient le vigneron gascon.

 

* : L’un des enjeux de ce programme sera la conséquence de son financement sur les années 2024 et 2025. Si le gouvernement annonce débloquer 150 millions d’euros pour compléter 250 millions € de fonds européens, ces 250 millions € sont issus du Plan Stratégique National (PSN) des années 2024 et 2025, qui sont chacun dotés de 270 millions €. Il restera donc 145 millions € chaque année pour financer les aides à la restructuration, à l’investissement et à la promotion sur les pays tiers. Il faudra que la filière arbitre les montants qui seront réduits dans l’Organisation Commune du Marché vitinivinicole (OCM vin).

 

 

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Tous les commentaires (8)
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MG Le 15 février 2024 à 18:30:14
@Nestor, avec les frais fixes, si le volume produit diminue, le coût unitaire augmente. Pour illustrer, si tu produit 10 unités par an ou 100 sur une surface donnée, les impôts foncier sont les mêmes, la consommation de gazole est la même.
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Alain Le 14 février 2024 à 04:04:08
Donnez le ....!
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Nestor Le 13 février 2024 à 22:15:18
Question bêtes : Si on produisait plus proprement avec moins de phytosanitaires, les rendements serait moindres et on aurait pas à arracher ? Sinon vendre moins cher, ne permettrait-il pas de vendre plus et donc découler les stocks ? Le prix des bouteilles sont d'année en année plus élevés, les salaires stagnent dû coup, le consommateur achete moins ...
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Voltaire Le 13 février 2024 à 19:42:13
Nos têtes pensantes , nos politiques, nous viticulteurs veulent changer de fonctionnement de notre viticulture. Plus de libertés individuelles pour cultiver, vinifier, commercialiser, mais chaque fois une administration se pointe et vous mette des grains de sable. Notre administration est à notre service pour nous faciliter notre travail. Au contraire à chaque nouvelle idée le viticulteur, le vinificatieur, le négociant se fait immédiatement taper sur les doigts. On a voulu regrouper l Offie de s vins dans une super administration qui doit tout gérer France Agrimer. Avec l office des vins on pouvait construire des stratégies viticoles maintenant avec France Agrimer on en a fait une administration répressive à toute initiative. L innovation nous permettra de sortir de cette crise mais comment la mettre en route avec une administration de tutelle qui pense bloquer toute initiative. Cette administration doit revenir sur les fondements de la création de l office : Écouter, Dialoguer et mettre des procédures simples et non de construire des usines à gaz. France Agrimer est à réformer et doit redevenir au Service de la viticulture . La superficie du vignoble va diminuer de 100 à 150 000 hectares profitons pour diminuer de façon drastique le nombre d agents de France Agrimer et simplifions toutes les procédures.Agents de France Agrimer et vticulteurs apprécieront
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Dugrenil Le 13 février 2024 à 09:47:51
Il y a encore trois mois nos tête pensantes étaient encore en train d'échafauder des plans avec « Visite du vignoble » « goûter champêtre «  « musique au vignoble » Les foires au vins estivales sont de moins en moins rentables à part peut être Vinexpo? Vas savoir. Il faudrait certainement couper dans le secteur des parasites improductifs pour alléger nos charges et laisser ouverte la libre concurrence sur les produits phytos. Obliger les administrations à réduire de 50% la paperasse ! Exemple les Tesa de la Msa qui viennent de passer d'une à six pages? demander à réduire les abréviations qui nous prennent la tête? bon courage, on va déjà essayer de ne pas bouffer la baraque!
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VignerondeRions Le 13 février 2024 à 07:52:22
Je ne crois pas que les caves coop soient des laissé pour compte (ou lésé). Continuer de produire puis faire comme chaque saison ou presque distiller les excédents à bon prix à coup d'argent public n'est pas éternel. Depuis plus d'une décennie je dis qu'un tel fonctionnement ne durera pas aussi longtemps que les impôts, et ce petit monde rigole. Je ne sais par quel miracle cela a pu perdurer si longtemps, mais forcément le réveil et le retour à la réalité va être très difficile. Il y a moins d'un an il ne fallait pas changer de système, il ne fallait pas réduire les surfaces, beaucoup demandaient des autorisations de plantation nouvelles non négligeables. Pour finir par convenir qu'il faut arracher. Ma grand mère disait "ça ne voit pas plus loin que le bout de son nez".
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Laurent Le 12 février 2024 à 22:32:01
Le vin ne doit plus être la boisson honteuse, dont il ne faut pas parler, dont il faut masquer l'image. Dans la société d'aujourd'hui, le produit dont on doit taire le nom en permanence est amené à disparaitre.
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piquette Le 12 février 2024 à 18:24:42
D'ici les vendanges prochaines, 1/3 des caves coopérative vont disparaitre avec des pertes énormes que les vignerons vont subir....mais on préfère donner des milliards à l'Ukraine.....
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