oilà de quoi « objectiver de façon inédite la contribution économique et la taille réelle de la filière vitivinicole française » pose l’étude du cabinet Deloitte chiffrant l’activité générée de manières directes, indirectes et induites par le secteur vin à la demande de Vin & Société et du Comité National des Interprofessions de Vins à Appellation d'Origine et à Indication Géographique (CNIV). En termes d’embauche sur l’année 2022, la filière vin est l’origine de 440 000 emplois en équivalent temps plein (ETP), soit 2 % de la masse salariale française. Avec 254 000 ETP recensés directement dans la filière : 125 000 ETP pour la production, 44 000 ETP pour le négoce, 500 ETP pour les courtiers, 13 000 ETP dans la grande distribution, 5 815 ETP chez les cavistes, 279 ETP pour la vente en ligne…
S’y ajoute l’effet d’entraînement de l’activité vitivinicole sur toute la société, des activités juridiques à l’immobilier en passant par la sylviculture et les services. D’après les extrapolations de Deloitte*, on peut estimer que les effets directs génèrent 71 000 ETP (prestataires, fournisseurs…) et ceux indirects 45 000 ETP (impact dans l’environnement productif pour les consommations intermédiaires liées à l’activité de la filière) et 70 000 ETP induits par l’impact sur les ménages (« surplus d’activité imputable à la consommation supplémentaire induite par la production de la filière vigne et vin » explique Deloitte).
Oubliez le chiffre totem des 500 000 acteurs de la filière vigne et vin, vous pouvez l’actualiser sur 440 000 ETP. « Nous communiquions sur 500 000 emplois d’après des chiffres estimés il y a une dizaine d’années, de manière plus empirique » précise Krystel Lepresle, la déléguée générale de Vin & Société, qui explique cette érosion par la baisse du nombre d’exploitations viticoles : avec 59 000 exploitations en 2020, le Recensement Général Agricole relève une baisse de 16 % du nombre de domaines viticoles en 10 ans. « La perte d’une exploitation sur six représente mécaniquement la perte de plusieurs dizaines de milliers d’emploi » confirme Olivier Sautel, associé au conseil économique du cabinet Deloitte.
D’après l’étude, la filière des vins français réalise un chiffre d’affaires 92 milliards d’euros au total. Avec 10 milliards € générés par la production, 34 milliards € par le négoce, 7 milliards € par la restauration, 5 milliards € par la grande distribution, 2 milliards € par les cavistes et 253 millions € par le e-commerce. S’y ajoutent 33 milliards € d’effets d’entraînement dans les autres secteurs de l’économie française. Et il ne faut pas oublier les 6,4 milliards d’euros de recettes fiscales (dont la TVA), avec 254 millions € taxes pour la production, 400 millions € pour le négoce, 67 millions € pour la grande distribution, 22 millions € pour les cavistes et 3 millions € pour e-commerce.


Comparant l’impact économique de la filière vin à d’autres industries, Olivier Sautel relève la typicité d’une forte « densité en emploi par rapport au chiffre d’affaires. La filière est très porteuse d’emploi. » Et ce sur un vaste territoire, quand les industries traditionnelles sont concentrées en Île de France et en région Rhône-Alpes. Autre fait marquant, la filière est constituée de structures de petites tailles, une armée mexicaine composée de nombreux corps de métiers ultraspécialisés : comme les courtiers en vin.
Réfléchissant à une réplication dans le temps de cette étude nationale*, ses commanditaires vont également l’utiliser pour piloter de la production de vin en France, la baisse des surfaces de production/du nombre d’exploitation ayant un impact direct sur le nombre d’emploi et les retombées économiques. « L’avenir sera lié à ce que le consommateur va chercher. On voit que le segment qui accuse le coup en termes de crise est celui du vin rouge. Il faudra croiser les données avec les informations par région et les tendances de consommation » esquisse Krystel Lepresle, notant que cette étude doit « objectiver la situation dans une phase de restructuration du vignoble ».
* : Selon la méthodologie Input-Output de Leontief précise Deloitte qui « déclare avoir agi dans le cadre de cette mission de façon indépendante et objective. Les opinions figurant dans ladite note sont le fruit de leur étude et de leur expérience et s’appuient exclusivement sur les conclusions déduites à partir de leur analyse. En toute bonne foi, Deloitte considère que les conclusions présentées dans cette note sont exactes, compte tenu de l’information mise à notre disposition. »