e la vigne à la mise en bouteille, Cyril de Benoist fait son possible pour réduire ses déchets et son empreinte carbone. « Nous sommes en bio et en biodynamie. Nous réduisons les doses de cuivre et de soufre. Nous épurons nos eaux de lavage de pulvérisateurs avec un système d’évaporation et un bassin planté de bambous, avant de les épandre à la vigne », explique le vigneron. Co-responsable du domaine de Nozay à Sancerre, il a témoigné de ses pratiques avec d’autres producteurs lors de la semaine de la Biodiversité organisée récemment par le BIVC, l’interprofession des vins du Centre Loire.
Cyril de Benoist a aussi indiqué que lors de la taille, il broyait les sarments et les laissait dans ses vignes. « Cela apporte beaucoup d’humus », commente-il. « Cette pratique permet aussi d’éviter de brûler des sarments et de polluer : un ha de bois brûlés génère 2,5 t de CO2 », souligne Océane Joly, chargée du développement durable au BIVC. Au chai, Cyril de Benoist a opté pour un filtre à modules lenticulaires. « Cela dépouille moins les vins et les modules sont réutilisables par regénération ». Il est également passé au sans capsule pour ses bouteilles. « Les capsules comportent un film plastique très difficile à recycler. J’avais trouvé un fournisseur qui nous garantissait un film non issu de la pétrochimie, puis j’ai décidé de me passer de capsules, en expliquant à mes clients que cette démarche permet de réduire les coûts. 70% de mes ventes sont sans capsule ».


Responsable du domaine Fournier Père &fils à Sancerre, Frédéric Jacquet a creusé la piste du réemploi pour les bouteilles de vins à échantillons. « Recycler du verre est très énergivore. J’ai contacté l’unique prestataire de réemploi de bouteilles dans la région, Bout’à Bout, mais l’entreprise est à Nantes, c’est trop loin. Or plus de la moitié du bilan carbone d’une exploitation viticole est lié à l’emballage, essentiellement nos bouteilles en verre ». Il a travaillé sur la réduction du poids de ses bouteilles. « C’est une demande de certains marchés comme le Canada ou les pays nordiques. Nous parvenons à conditionner nos vins dans un modèle à 400 g qui ne fait pas ‘cheap’. Bientôt le consommateur ne voudra plus d’une bouteille à 900 g expédiée en avion au Japon par exemple ».
Bien des vignerons rapportent également à leurs fournisseurs des emballages ou produits après usage. « Nous récupérons 6 tonnes par an de bidons, sachets etc. sur le Sancerrois. Nous collectons aussi les housses de palettes de bouteilles, nous consignons les plaques intercalaires, explique Christophe Plouhin, responsable commercial chez Soufflet Vigne à Saint-Satur. Nous proposons également des cartons sans ruban adhésif, des films biosourcés ». Gérant d’une recyclerie à Cosne-sur-Loire, Mathieu Gauthier le constate : « le tri des déchets est entré dans les mœurs. Ici dans le vignoble, j’ai collecté beaucoup de protections de jeunes plants de vignes en plastique, qui sont recyclés en pare-chocs de voiture par exemple ». Clémentine Delalande, responsable de l’organisme Adivalor dans le Centre Loire, évoque également une bonne mobilisation : « les agriculteurs et vignerons sont de bons élèves pour le tri des déchets ».
« L’idéal est de réduire sa consommation d’emballages plastiques, mais notre rôle est de les revaloriser : les bidons sont recyclés en gaines électriques, les big bags en cagettes et sacs poubelle par exemple ». En revanche, les vignerons qui ont sur les bras des produits phytos anciens et non utilisables (PPNU) peuvent voir leur distributeur les refuser : « il est censé les reprendre mais parfois c’est au bon vouloir des revendeurs, confie Clémentine Delalande. Dans le cas d’un refus, il faut faire appel à un prestataire privé, et la collecte est payante »…