e lundi 6 novembre se réunissait au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux un nouveau format de cellule de crise viticole. Annoncée lors d’une réunion publique en octobre, cette séance de travail sollicitée par le collectif Viti 33 lui a permis d’affirmer que l’imminence de l’arrachage sanitaire de 9 000 hectares de vignes ne suffira pas à redonner son équilibre au vignoble bordelais. « Ça n'a peut-être l'air de rien mais c'était le préalable pour pouvoir enfin se mettre tous ensemble au travail, et surtout aborder la somme de tâches nécessaires pour envisager un avenir moins triste (même si, ne soyons pas dupes, rien ne sera facile) » annonce un compte-rendu publié en ligne. Réunissant autour de la table l’interprofession, le syndicat des Bordeaux, le département de la Gironde et la région Nouvelle-Aquitaine, cette rencontre pose la recherche de nouvelles solutions : « tout le monde ayant acté un risque de déprise viticole important, puisque 30 à 40 000 ha de vignes pourraient disparaître d'ici cinq ans si les choses restent en l'état » rapporte le collectif. Avec 108 000 ha de vignes revendiquées en appellation lors du millésime 2022, une telle décroissance des surfaces viticole semble vertigineuse : de l'ordre de -19 à -28 % (sans compter l'arrachage sanitaire à venir et les friches actuelles).
Parmi les propositions de Viti 33, l’association demande « le calcul des Cotisations Volontaires Obligatoires (CVO) proportionnel au prix du tonneau pour tous » (elles sont actuellement de 4,72 € HT/hl pour l'AOC Bordeaux et 10,39 € pour les communales du Médoc, Pessac-Léognan, Saint-Emilion Grand Cru…) et l’« interdiction d'utiliser le Label Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) pour les négociants achetant en dessous des coûts de production de leurs fournisseurs alors même que ce label les engage à le faire » (ce qui vise l’obtention du label "Bordeaux Cultivons Demain" développé par le CIVB).
« Ces propositions ont été entendues, et nous avons reçu l'engagement d'essayer de bouger les lignes dans ce sens » affirme le collectif.
Autre proposition des viticulteurs : la mise en place « d'un prix minimum décent ». Se heurtant à des obstacles légaux (notamment d’entente sur les prix), ce sujet doit avancer pour « stopper les offres délirantes qui inquiètent nos clients et distributeurs » indique le collectif, ajoutant qu’une telle mesure permettrait de « revaloriser les stocks en chai » et nécessite une « très large adhésion collective » pour aboutir. Ainsi que « dans un premier temps d'un cautionnement bancaire. La région nous a signifié qu'elle pouvait le prendre en compte et qu'une structure existait pour cela. »
La région Nouvelle-Aquitaine évoque également le souhait de déployer sur vigne le dispositif actuel de région pilote dans la production d’énergie renouvelable. Alors que la réglementation de l’agrivoltaïsme alimente les débats syndicaux, le sujet d’une diversification énergétique de l’activité viticole s’annonce complexe. Le collectif appelle également de ses vœux la création de dispositifs de valorisation des captations de carbone du vignoble dans des systèmes de compensation. « Les espaces viticoles n'étant pas des surfaces alimentaires, cette nouvelle fonction est une réelle innovation » pointe le compte-rendu de Viti 33, « sachant qu'il n'y a pas que le vignoble Bordelais qui va devoir trouver des solutions, puisque la crise viticole est partout ».


Alors que les participants auraient convenu de relancer la cellule de crise pilotée par la préfecture, « nous nous sommes quittés avec le sentiment d'avoir réussi une première étape, en ayant rassemblé des gens de bonnes volontés autour d'un chantier de reconstruction non exhaustif, qui va nécessiter d'agir vite et de manière multiple » conclut le collectif.