ue les aides arrivent rapidement ou non, un arrachage conséquent de vignes va avoir lieu dans les prochains mois en Gironde. Contactés depuis cet été de vignerons anticipant la gestion de ces bois morts, Alice Shaw, la directrice générale de Vinea Énergie travaille à l’évolution de son offre de récupération des ceps de vignes arrachées pour qu’ils ne soient pas brûlés sur la parcelle, mais pour en faire une source d’énergie (des plaquettes de bois déchiqueté pour chaudières industrielles et collectives). Devenue payante mi-2022 à 12 €/m3 de ceps collectés, l’offre de Vinea va évoluer pour proposer une solution de traitement meilleur marché aux viticulteurs bordelais ne roulant pas sur l’or. En partenariat avec une plateforme de revente de crédits carbone, Carbonapp, Vinea propose sa propre méthode de compensation carbone (celle officielle de la filière vin n’existant pas), permettant une prise en charge de 60 à 90 % de la facture (la valeur des crédits carbone étant variable). « Ce n’est pas gratuit, mais on s’en approche » indique Alice Shaw. Avec un prix tombant entre 1,2 et 4,8 €/m3 et une parcelle générant en moyenne 100 à 120 m3 de ceps (selon les densités de plantation), le coût de traitement d’une vigne arrachée avoisinerait 120 à 580 €/ha (contre 12 000 à 14 400 €/ha précédemment).
Remboursant une partie plus ou moins conséquente de la prestation de Vinea Énergie, cette offre réduit l’empreinte carbone de l’arrachage en évitant des émissions de CO2 lors des brûlages sauvages et en remplaçant des énergies fossiles par de la biomasse pour le chauffage. « Si les vignes des 9 500 ha du plan d’arrachage sanitaire étaient brûlés à l’air libre, leurs émissions de CO2 seraient équivalentes au double des feux de forêt ayant brulé la Gironde en 2022 » avance Alice Shaw, indique que le crédit carbone est cumulable avec d’éventuelles aides à l’arrachage sanitaire.
Pour les domaines viticoles, la seule condition d’accès à l’offre de Vinea est d’être basés à Bordeaux ou à Cognac. Le prestataire intervient après l’arrachage, avec la collecte des pieds de vigne proches d’une voie carrossable (pour l’accès du camion) et sans fils de fer (ce qui demande un dépalissage préalable) avec la possibilité, moyennant finances, de trier les marquants et piquets en bois (sauf ceux en pin, comme ils sont traités à l’autoclave). Une fois chargé, le camion, rejoint l’une des trois plateforme de Vinea : dans les Côtes (Saint-Christoly de Blaye), dans l’Entre-deux-Mers (Saint-Michel-de-Rieufret) et le Médoc (Carcans).
Ayant débuté en 2020 avec des adhérents de l’union coopérative Tutiac (qui n’a pas de parts ou d’intérêts dans Vinea), le prestataire a collecté 11 200 tonnes de ceps de vignes auprès de 350 viticulteurs. Ce qui aurait permis d’éviter l’émission de 12 320 tonnes d’équivalent CO2, soit 3 380 voitures roulant pendant un an conclut Alice Shaw.