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"Il y aura d’autres arrachages de vignes en France" prévient Bernard Farges
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Appel à l’anticipation
"Il y aura d’autres arrachages de vignes en France" prévient Bernard Farges

Traitée par une distillation conjoncturelle, la baisse structurelle de la consommation de vin nécessite des outils d'arrachage plus adaptés et durables plaide Bernard Farges, le vice-président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB).
Par Alexandre Abellan Le 25 juin 2023
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Bernard Farges milite pour le rétablissement d’un outil d’arrachage primé disponible nationalement. - crédit photo : Guillaume Bonnaud
C
oncernant les limites du dispositif d’arrachage sanitaire bordelais, il semble qu’il y ait eu une incompréhension concernant le fait qu’un arrachage total des parcelles de vigne n’oblige pas à demander l’aide à la renaturation, et son obligation de jachère/boisement pendant 20 ans, mais puisse bénéficier de l’aide à la diversification dans d’autres cultures.

Cela a été dit dans toutes les réunions depuis que l’on communique dessus. Les non-exploitants et ceux qui cessent toute activité agricole entrent dans le dispositif de renaturation de l’État, avec une contrainte de 20 ans. Ceux qui arrêtent leur activité viticole en arrachant tout ou partie de leurs vignes, mais en restant exploitant agricole vont dans le dispositif de diversification du CIVB, il n' y a aucune exigence pour les cultures, et il n'y a aucune contrainte d' engagement.

Le sujet de la contrainte des 20 ans dans la renaturation est beaucoup mis en avant, ce qui a été retenu est le train qui arrive en retard. Dans les textes européens on ne peut pas faire autrement : on s’est battu pour le changer, mais c’était impossible. La contrainte de 20 ans concerne surtout les jachères. Pour les parcelles de renaturation mises en boisement, la contrainte est de fait : la plantation d’arbre nécessite du temps long.

  On entend des vignerons ayant dépassé l’âge de la retraite se demandant s’ils peuvent engager leurs parcelles sur 20 ans, avec des conséquences pour leurs enfants et petits enfants…

Ils ont raison. Mais quelle est leur situation actuelle ? S’ils ont des vignes en friche, leurs parcelles n'ont pas de repreneur et plus beaucoup de valeur : ils n’auront pas de clients pour les prendre en fermage ou les acheter. Oui le système d’arrachage sanitaire est imparfait, mais il n’en existe pas d’autre. Ce 22 juin, nous avions 420 dossiers de pré-candidatures pour 3 600 hectares à arracher.

 

La filière des vins de Bordeaux a réussi à obtenir un dispositif d’arrachage sanitaire exceptionnel. Maintenez-vous vos demandes de retour de l’arrachage primé dans le droit communautaire ?

Bernard Farges : On devra travailler au retour de l’arrachage dans les textes européens. Nous l’avons dit dès l’assemblée générale du CIVB de mai 2022. [Dans la filière nationale], tout le monde nous a dit non, nous demandant de trouver des solutions régionales. Le ministre de l’Agriculture aussi nous a dit de trouver une solution locale. La Région a pu mettre 10 millions d’euros pour accompagner le dispositif [de diversification agricole]. La filière bordelaise mettra 19 millions € pour l’arrachage sanitaire (et 30 millions € pour l’État), c’est beaucoup et ça va réduire notre capacité d’action.

D’autres régions regardent ce qui se passent à Bordeaux. Il y aura d’autres arrachages de vignes en France, ça ne peut pas être autrement quand on regarde les chiffres export et la consommation en France. Les chiffres sont dans le rouge pour tout le monde. Et si la valeur augmente ou est stable, sa répartition n’est pas uniforme. On ne peut pas se dire qu’il n’y aura pas d’autre arrachage. Sauf à se dire que l’on distillera tous les ans. Ce serait une gabegie. Une gabegie d’argent public.

 

Quels sont les autres bassins viticoles intéressés par l’arrachage ?

Ce n’est pas à moi de le dire. Je dis qu’au sein de la filière, si on ne se donne pas les outils de réduction des surfaces, on va dans le mur. Si on ne fait rien, dans deux ans il y aura de nouvelles demandes de distillation. Ce serait une folie. Il faut s’engager pour qu’il n’y ait plus de distillation à l’avenir. Je ne suis pas le seul à le dire, il y a aussi Michel Chapoutier (président de l’Union des Maisons et Marques de Vin) et Jérôme Despey (président du conseil vin de FranceAgriMer).

Bien sûr qu’il faut vendre plus et avoir des soutiens de l’État pour la communication export et française. Quand je vois le succès de Bordeaux Fête le Vin, il y a beaucoup à faire. Mais quand on somme les deux distillations de 2020 et 2023, on approche 400 millions d’euros pour retirer 5 millions d’hectolitres. Combien de vignes aurait-on arracher sur la base du volontariat avec 400 millions € ? Des milliers d’hectares qui auraient retiré autant de volumes que ces deux distillations. Des volumes retirés qui auraient permis d’économiser des frais de vinification et qui n’auraient pas été produits les années suivantes. Il fallait faire la distillation 2022 [de crise covid], mais cela n’a rien résolu.

 

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Tous les commentaires (6)
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pg Le 30 juin 2023 à 08:04:36
Je m' étonne que me Mr Farges soit encore aux commandes du vaisseau en perdition qu' est Bordeaux. Est-ce du courage , de l' acharnement, de l' abnégation, du masochisme ? Mais qui veut prendre sa place ? Combien d' années de misère avant de se sortir de l' ornière ? Que de coups à prendre avant de sortir la tête de l' eau.... Mais , de nouveaux visages seraient quand même nécessaire ..... Il y a parfois des actions symboliques qui ont des effets psychologiques fort utiles...
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Rico del prado Le 28 juin 2023 à 10:18:15
Aujourd'hui voici venu le temps de l'arrachage....arrachage voulu par les mêmes personnes qui il y a 20 ans ont poussé les vignerons à planter. Gouverner c'est prévoir, mais visiblement rien n'a été anticipé mais qu'en est il de ces personnes qui malgré le bilan catastrophique sont toujours aux manettes des interprofessions bordelaises....la soupe est bonne et pendant ce temps là la viticulture crève... il faut prendre un virage radical dès aujourd'hui, il faut repenser et restructurer toute la filière pour donner une chance aux générations futures de vignerons.
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J.Henry DAVENCE Le 27 juin 2023 à 07:13:19
Nous assistons malheureusement à la fin programmée de l'ère "tout AOC " souhaitée par ces "responsables professionnels". Il serait temps que l'on s'inspire des modèles viticoles qui fonctionnent, la Bourgogne, la Champagne, la Provence et quelques autres disséminés en Franceet accepter qu'i faut faire évoluer notre modèle et non reprendre des vieilles solutions (arrachage primé, distillation,...etc) qui ont déjà montré leur inefficacité. Pour cela, il faudra des changements de politiques et d'hommes au sein de nos institutions, INAO, France Agrimer, ODG, sans oublier l'appareil administratif qui ordonne tout ce foutoir! Mais sommes nous prêts? Y-a-t-il des candidats et des propositions nouvelles?
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vigneron énervé Le 26 juin 2023 à 09:27:41
Mr Farges fait tout pour faire oublier ses responsabilités. C'est la faute des autres.... Au pouvoir depuis 20 ans, il a été l'acteur principal de ce désastre économique. On ne lui dit pas merci. On lui demande de faire face à ses responsabilités et de quitter ses fonctions.
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Dominique Le 26 juin 2023 à 08:48:21
Bernard Farges n'a rien vu venir à Bordeaux, mais il va quand même nous expliquer ce qui va se passer ailleurs.
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Kluke Le 25 juin 2023 à 09:46:43
Il faudrait que Mrs Farges, Chapoutier, et Despey commencent par arracher leurs vignes pour montrer l'exemple et peut-être d'autres viticulteurs suivront. D'autant que l'on parle d'arrachage sans vraiment développer des causes comme l'industrialisation de la viticulture qui donne des vins sans âmes et donc qui ne trouvent plus d'amateurs. C'est un peu comme ces industriels qui provoquent le réchauffement climatique qui demande aux populations de faire des efforts pour ne pas perdre leur profit même si cela doit tous nous condamner.
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