ancée début juin par la préfecture de Gironde, la plateforme de précandidature à l’arrachage sanitaire aurait enregistré 420 dossiers pour 3 600 hectares d’après les chiffres arrêtés ce jeudi 22 juin. Soit 37 % des 9 500 ha de vignes à arracher grâce au plan soutenu par les pouvoirs publics et l’interprofession bordelaise. La moitié de ces demandes concernerait le dispositif de renaturation (mise en jachère ou boisement pendant 20 ans) et la moitié une diversification agricole (avec la bascule de surfaces vers d’autres cultures : chanvre, oliviers, kiwis…).
Deux dispositifs ayant leurs limites. Ainsi, l’engagement sur deux décennies de la renaturation qui « pose question, même à ceux au bout du rouleau » glisse un connaisseur du dossier, notant que « même acculés, un blocage sur 20 ans de leurs terres en fait réfléchir plus d’un qui veut prendre sa retraite et va prendre une décision pesant sur ses enfants et petits-enfants… Des gens réfléchissent, mais il ne s’agit que d’une précandidature, qui peut être modifiée ensuite. » Rassurant, Bernard Farges, le vice-président du Conseil Interprofessionel du Vin de Bordeaux pointe que le blocage de 20 ans est à relativisé et pas à généraliser : ne concernant que les parcelles des non-exploitants et de ceux cessant toute activité agricole. « Le blocage de 20 ans va concerner les parcelles en jachère, celles en boisement étant de fait sur le temps long » résume-t-il, ajoutant que si le dispositif est imparfait, il n'en existe pas d'autre pour le remplacer au niveau européen.
Pour la diversification, la nécessité de lister toutes les parcelles à arracher en précisant pour chacune les projets de futures cultures. « Des vignerons sont pris par leurs levages et relevages, ils n’en ont pas encore eu le temps » rapporte Jean-Samuel Eynard, le président de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA). Pour le viticulteur en Côtes de Bourg, cet avancement dans les précandidatures est déjà appréciable : « je suis agréablement surpris, je pensais que la majorité des dossiers serait sur la reconversion » note-t-il, pointant qu’au départ nombre de vignerons avaient en tête que pour arracher toutes leurs vignes il était obligatoire d’aller vers la renaturation, alors que l’aide à la diversification est également possible.
« On l'a toujours dit depuis que l'on communique dessus : ceux qui arrêtent leur activité viticole par un arrachage, mais maitiennent une exploitation agricole, sont éligibles à l'aide du CIVB qui n'a pas l'engagement de 20 ans » confirme Bernard Farges. « Avec cette précision, ça va débloquer des choses » espère Jean-Samuel Eynard, pour qui il faut désormais « dire aux viticulteurs de s’inscrire s’ils veulent arracher. Et tourner le plus vite possible la page de la distillation et de l’arrachage. » D’autant plus que les signes positifs ne manquent pas avec le lancement de Bordeaux Fête le Vin ce 22 juin, avec des consommateurs jeunes et internationaux présents sur les quais de la capitale girondine.