ncouragé par le succès des bières et des cidres, le secteur du vin s’est lancé ces dernières années dans la production et la commercialisation de produits faiblement alcoolisés ou sans alcool. Il le fallait, car selon l’institut britannique The IWSR, les ventes de produits no-low ont dépassé 11 milliards $ en 2022 sur dix marchés clés à travers le monde, pour un taux de croissance annuel prévu à 7% d’ici 2026. L’aspect novateur des produits, des avancées technologiques majeures et une volonté manifeste de la part des consommateurs de modérer leur consommation d’alcool, donnent indéniablement un nouvel élan à la catégorie.
En novembre 2022, près de 1 150 cavistes, importateurs, distributeurs, restaurateurs et hôteliers ont été sondés pour mesurer les opportunités commerciales se présentant aux vins, toutes catégories confondues, en 2023. Sans surprise, les bulles ressortent en tête, suivis des vins blancs, puis rouges et rosés. Mais à la cinquième place, avec 33% des votes, se trouvent les vins faiblement alcoolisés, devançant les produits sans alcool (24%). Par zone géographique, cependant, d’importantes différences émergent. La Grande-Bretagne se positionne indéniablement en fer de lance du mouvement, jusqu’à 67% des opérateurs prévoyant une belle performance pour les vins faiblement alcoolisés en 2023 (contre 53% pour les produits sans alcool). On n’en attendait pas moins du précurseur du « Dry January ». Un positionnement que l’étude de ProWein attribue également au système fiscal britannique, qui taxe peu ou pas la catégorie.
Suivent les pays d’Europe du Nord – les Pays-Bas, la Finlande et l’Allemagne – pour les produits sans alcool, et la Norvège, les USA et les Pays-Bas pour les vins à faible teneur en alcool. Ces derniers sont globalement plus plébiscités que les premiers, recueillant plus de 50% d’opinions favorables sur les trois premiers marchés. Par typologie de produits, les vins blancs et effervescents sortent clairement du lot, sans doute pour des questions techniques, offrant de meilleures performances sensorielles. En termes de débouchés, les bulles no-low se placent en tête pour leur potentiel commercial en 2023 en Amérique du Nord, en Scandinavie et en Italie. Pour les blancs, il s’agit des pays scandinaves ; en France, plus de 50% des opérateurs prévoient une belle performance pour les effervescents et les blancs no-low. Pour les rosés, les prévisions françaises font écho à l’évolution globale du marché : 49% des répondants prévoient de belles perspectives pour les rosés sans alcool ou faiblement alcoolisés en 2023. Enfin pour les rouges, les pays scandinaves se positionnent en tête, suivis du Canada et des USA : plus des deux tiers des répondants estiment qu’ils obtiendront de bons résultats cette année. Même les pays producteurs traditionnels que sont l’Espagne, le Portugal et l’Italie figurent dans le top 10, mais pas la France.
Quant à la conversion de ces prévisions en référencements, un marchand sur deux qui y voient des perspectives positives souhaite référencer des vins faiblement alcoolisés ou sans alcool cette année, soit 16% de l’échantillon dans sa globalité pour les premiers et 11% pour les seconds. Seuls 30% de ces opérateurs optimistes quant au potentiel de la catégorie ne prévoit pas d’en référencer car considérant son offre déjà suffisamment achalandée. En amont, cependant, l’enthousiasme n’est pas le même : seuls 30% des producteurs qui y voient du potentiel commercial compte proposer des vins faiblement alcoolisés, passant à 15% pour les sans alcool, se traduisant par 10% et 3% respectivement de l’échantillon global. Certains estiment en proposer déjà suffisamment, tandis que d’autres se trouvent entravés par la complexité du processus de désalcoolisation, et les quantités minimum requises par les prestataires de service. Enfin, l’innovation sera sans doute au cœur du succès de la catégorie, comme le montre l’effervescent rosé sans alcool proposé par la chanteuse australienne Kylie Minogue, assemblage de raisins et de thé vert.