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Une bactérie capte l'azote de l'air pour nourrir les vignes
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Fertilisation foliaire
Une bactérie capte l'azote de l'air pour nourrir les vignes

Corteva lance une nouvelle manière de fertiliser les vignes en azote avec une bactérie que l’on applique sur le feuillage.
Par Frédérique Ehrhard Le 26 avril 2023
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 Une bactérie capte l'azote de l'air pour nourrir les vignes
Presto N « C’est une autre façon d’apporter de l’azote, complémentaire des apports au sol », assure Sébastien Lopez.directeur technique du groupe Péris. - crédit photo : Groupe Péris
A

pporter de l’azote à la vigne grâce à des bactéries, c’est la promesse d’un nouveau biostimulant mis au point par Corteva. Ce produit est constitué d’une souche spécifique de Methylobacterium symbioticum à appliquer sur les feuilles. « Ces bactéries pénètrent par les stomates et se développent au sein des feuilles. Pour cela, elles utilisent le méthanol, un sous-produit de la respiration de la plante, ainsi que l’azote de l’air. Elles fournissent ainsi de petites quantités d’azote à la vigne au cours de son cycle », explique Romain Richard, chef de marché biostimulant chez Corteva Agriscience.

En encadrement de la floraison

Ce produit innovant arrive cette année sur le marché viticole sous la marque Presto N. « Nous le testons depuis deux ans sur vigne. Avec deux applications encadrant la floraison, nous estimons que ces bactéries fixent l’équivalent de 15 à 20 U/ha dans les feuilles », affirme Romain Richard.

Ces deux applications sont nécessaires pour avoir un inoculum suffisant. L’apport d’azote est progressif. « Il n’y a pas d’effet booster, car il faut laisser le temps aux bactéries de se développer, souligne-t-il. Et la vigne doit être en croissance au moment de l’application. À la fin de son cycle, les populations de bactéries diminuent. »

3 000 ha d’essais

En 2022, Corteva a mené des essais sur 3 000 ha avec des distributeurs, principalement dans l’arc méditerranéen, mais aussi dans le Bordelais, en Alsace et à Cognac, sur une large gamme de cépages, en majorité blancs.

Sébastien Lopez, directeur technique du groupe Péris, a suivi un essai sur une parcelle de sauvignon de 6 ha en bio à la SCEA Mas Neuf des Aresquiers, à Vic-la-Gardiole (Hérault), qui fait partie des Vignobles Jeanjean. « Nous avons fait trois modalités de 2 ha. La première correspond à la fumure habituelle du domaine. Les deux autres comportent une et deux applications de Presto N en complément de cette fumure », indique-t-il.

Plus d'azote et de rendement

À la récolte, le responsable du domaine Damien Guérande a mesuré le rendement, puis fait analyser l’azote dans les moûts des trois modalités. « Avec deux applications, le rendement a progressé de 15 % et la teneur en azote de 18 % par rapport au témoin », relève-t-il. Cette année, Damien Guérande va renouveler l’essai dans la même parcelle, pour voir si les résultats changent d’un millésime à l’autre. Il va également essayer le produit sur un autre sauvignon, un chardonnay et un merlot vinifié en rosé, des cépages pour lesquels il veut obtenir plus de thiols tout en améliorant le rendement.

Romain Richard et Sébastien Lopez ont interrogé d’autres vignerons ayant testé ce produit avec deux applications encadrant la fleur et un témoin sans Presto N à côté. « Nous avons eu des retours sur 1 200 ha. 63 % d’entre eux ont constaté un gain de rendement d’au moins 10 % et 77 % une hausse notable de l’azote dans les moûts », relèvent-ils.

Un essai peu conluant

Dans le Var, les résultats sont bien moins concluants. Claire Scappini, responsable technique chez Racine SAP, une filiale du Groupe Perret, a suivi un essai sur une parcelle de grenache noir. La moitié de cette vigne a reçu deux applications de Presto N en encadrement de la fleur en plus de la fertilisation habituelle. L’autre moitié a servi témoin.

« Dans ces deux modalités, nous avons mesuré l’azote dans les feuilles avant et après les deux applications, ainsi qu’au moment de la maturité. Il y a eu une très légère amélioration des teneurs en azote avec Presto N, qui n’est pas suffisante pour conclure. Nous allons poursuivre les essais en 2023 avant de décider de référencer ou non ce produit », indique-t-elle.

Le groupe Péris, lui, a choisi de référencer Presto N dès cette année. L’apport se faisant en foliaire, il n’y a pas besoin que le sol soit humide pour que la vigne puisse en profiter. « C’est une autre façon d’apporter de l’azote, complémentaire des apports au sol dans les zones où ceux-ci sont limités par une directive nitrate, par exemple », note Sébastien Lopez.

Bon pour la HVE

Ce biostimulant, qui amène des bactéries et non directement des unités d’azote, ne devrait pas être pris en compte dans les plans de fumure azotée. Il permettrait donc de répondre plus facilement aux objectifs fixés par le nouveau cahier des charges HVE. « C’est aussi une alternative pour améliorer le rendement ou la teneur en azote dans les moûts à moindre coût. C’est une des sources d’azote foliaire les plus compétitives du marché », ajoute-t-il.

Un coût raisonnable

Présenté en poudre, Presto N s’applique à la dose de 333 g/ha avec un volume de bouillie de 150 l. Corteva annonce un coût de 35 €/ha pour une application, soit 70 €/ha pour les deux applications préconisées. Ce produit est agréé en bio et peut être appliqué en mélange avec un grand nombre de fongicides. « Il est compatible avec 80 % des matières actives utilisées en viticulture. Mais, pour préserver ces bactéries, le cuivre est à proscrire et le soufre à éviter aussi », précise Romain Richard, chef de marché biostimulant chez Corteva Agriscience. Il faut également respecter un délai de cinq jours entre l’application de Presto N et celles de cuivre ou de soufre. « Presto N doit être appliqué au plus tard deux heures après le lever du soleil pour que les stomates de la vigne soient encore ouverts, avec une hygrométrie supérieure à 70 % et une température entre 10 et 25 °C », détaille Sébastien Lopez. Il faut ensuite trois heures aux bactéries pour pénétrer dans les stomates et être ainsi à l’abri de tout lessivage par une pluie.

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Tous les commentaires (1)
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Amédée Le 28 avril 2023 à 19:10:07
En période sèche, qu'elle serait la réponse du produit pour la souche.? Le prix indiqué serait un frein. Nous attendrons les résultats définitifs. Quel serait le prix proposé à l'export pour la Tunisie.?
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