our la première fois en 2022, la production de côtes-de-provence blancs a dépassé celle des vins rouges. Selon les statistiques du syndicat de l’appellation, les volumes de blancs ont atteint 45 000 hl, versus 40 000 hl pour les rouges. Si la couleur ne pèse encore que 4 % des quantités produites, la demande pour cette dernière progresse. « Il y a eu un premier appel d’air à la suite du gel 2021, a expliqué Florian Lacroux, directeur de la cave coopérative Terra Provincia, lors d’une table ronde organisée lors de l’AG du syndicat des côtes-de-provence le 13 avril dernier. Nous pensions que ce serait éphémère. Ce n’est pas le cas. Nous sommes encore sollicités. Il existe une réelle appétence pour nos produits. » Il faut dire que le marché des vins blancs est porteur. « C’est l’une des rares couleurs à recruter des foyers acheteurs dans un contexte de baisse de la consommation des vins tranquilles, relève Florian Angevin, chef de l’unité filière spécialisée à France Agrimer. La Provence a toute légitimité pour se positionner sur cette catégorie. Elle est en effet reconnue pour ses vins rosés dont les codes de consommation sont proches des blancs. »
Le vignoble a par ailleurs d’autres atouts dans sa manche pour jouer cette carte. « Nous disposons du savoir-faire et des équipements en cave pour vinifier ces produits », assure Jérôme Paquette, œnologue et propriétaire du domaine de Curebeasse à Fréjus (83). Ce vigneron consacre 10 % de sa production à la couleur. « Nous n’avons qu’une seule cuvée élaborée à partir de rolle, le cépage prédominant dans notre région, souligne-t-il. Tout est prévendu à l’avance. » Au château des Valentines à La Londe-les-Maures, les blancs montent en puissance. « Ils représentent 10 à 15 % des volumes que nous commercialisons et nous sommes prêts à aller au-delà, affirme ainsi Gilles Pons, propriétaire. Le débouché est surtout local, mais l’export commence à s’y intéresser. Nous les vendons un peu plus cher que nos rosés, car la demande est forte. » Pour lui, ces cuvées de côtes-de-Provence blancs permettent aussi aux vignerons indépendants de se démarquer des grands groupes qui investissent la Provence en misant essentiellement sur le rosé.
Devant l’engouement actuel, Terra Provincia encourage ses adhérents à planter des blancs. « Nous avons mis en place un système de prime, indique Florian Lacroux. Car si le rolle est un cépage intéressant - il donne des vins aromatiques et frais – il est compliqué à conduire car très cassant au vent. » Pour Jerôme Paquette, il ne faut toutefois pas uniquement miser sur cette variété. « L’ugni blanc et la clairette sont bien adaptés à nos terroirs et peuvent être combinés au rolle dans les assemblages. » La Provence ne voit plus uniquement la vie en rose.