près avoir listé les avantages et inconvénients des différents équipements de lutte contre le gel et être revenu sur l’intérêt de la taille tardive, Guillaume Delanoue rappelle à l’occasion d’un webinaire sur les aléas climatiques qu’un simple décavaillonnage peut considérablement augmenter les dégâts de gel.
Viticulteur à Saint-Nicolas-de-Bourgueil et ingénieur de recherche l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) d’Amboise, il a observé pendant plusieurs années que le travail du sol augmente en moyenne de 30% l’hygrométrie au niveau des bourgeons pendant 3 jours. Or, « En situation de forte humidité, les jeunes pousses peuvent geler à partir de -2 à -3 °C, alors qu’en situation plus sèche, avec une hygrométrie inférieure à 60 %, elles peuvent résister à -4, voire -5 °C ».
Selon lui, 8 jours à plus de 15 °C sont nécessaires pour qu’une parcelle travaillée mécaniquement retrouve l’hygrométrie de la parcelle témoin. « Il faut même 20 jours de sec quand il a plu au-delà de 20 mm lors des 20 jours précédant le travail du sol », précise-t-il.
Son collègue du Beaujolais Taran Limousin prend le relai pour un focus sur la grêle. « Avec le réchauffement climatique, la taille des grêlons devrait augmenter » prévient-il. Il explique aux viticulteurs que si la grêle touche les bourgeons, elle va entraîner une perte de récolte pendant deux millésimes.
« Dans ce dernier cas, quand l’orage intervient avant floraison, il est possible de retailler en rabattant le courson à un œil pour faire partir le bourrillon. Dans le cas d’une taille longue, il faut couper le long bois à deux yeux et les rameaux verts à 0,5 cm. Cela ne permet pas de sauver la récolte de l’année N mais celle de l’année N+1 ».
Après floraison, en taille courte comme en taille longue, il conseille aux auditeurs de ne pas retailler, sous peine de gêner l’aoûtement. En cas de forts dégâts, Taran Limousin préconise de faire tomber les grappes pour faciliter les mises en réserve de la vigne.
« A priori on peut tailler normalement l’hiver suivant. En taille longue, il est possible de récupérer un entre-cœur ou un gourmand pour former une baguette, qu’il faudra plier avec délicatesse pour éviter la casse » décrit-il.
Ingénieur pour le pôle Rhône-Méditerranée, Jean-Christophe Payan intervient sur la sécheresse. « Tous les sols n’ont pas eu la même capacité à absorber les quelques pluies tombées depuis septembre » rappelle-t-il.
A l’heure du débourrement, c’est dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales que la situation est la plus critique. « Dans certaines parcelles, la recharge n’est que de 20%, des niveaux qui ne sont généralement atteint qu’au moment des vendanges lors de millésimes à fort contrainte hydrique ».


Partant de ce constat, Jean-Christophe Payan explique aux viticulteurs comment évaluer l’impact de la sécheresse sur le rendement et la qualité de la future récolte, et piloter l’irrigation, « sachant que comparée à une situation normale, cette dernière permet, au mieux, de maintenir la quantité, pas de l’augmenter, et que le moment où l’on irrigue a plus d’effet que la quantité d’eau que l’on apporte ». L’ingénieur tire les mêmes conclusions sur la teneur en sucres des baies. « Il suffit souvent d’un petit arrosage au bon moment pour relancer la photosynthèse et la maturation ».
Ayant animé plusieurs dégustations à l’aveugle, en situation de forte contrainte hydrique, Jean-Christophe Payan conclut le webinaire en indiquant que l’IFV n’a jamais mis en évidence de différences significatives entre des vins issus de parcelles irriguées ou non, « que ce soit sur des vins de garde ou des vins à consommation rapide ».