oulagement dans les rangs de vigne après une nuit de lutte. Ayant mobilisé de nombreux vignerons inquiets pour leurs parcelles gélives/précoces, l'épisode de gel radiatif de cette nuit du 4 au 5 avril entraînerait des dégâts globalement réduits pour les vins de France d'après les premiers retours du terrain : le croisement de faibles températures et de vignes arrivées à un stade sensible ayant été limité par les moyens de protection du vignoble. Outils de lutte active qui deviennent presque habituels en cette période printanière. Une forme de rituel plaisante Vincent Dugué, du vignoble des frères Couillaud en Muscadet, qui a eu de premières alarmes vers une heure du matin et ne s'est pas posé de question : mettant en route éoliennes puis aspersion. Enregistrant des températures allant jusqu'à -2°C sur une parcelle semi-gélive, le vigneron nantais fait le bilan d'un épisode au risque de dégât réduit, mais reste prudent : s'il n'y a pas de baisses de températures prévues dans les 10 jours, le vignoble n'en est au que début avril.
Notant à Bordeaux que « le même schéma [de gel] se répète depuis plusieurs années, au changement de lune du début avril », Thomas Rospars, du château Lys de Maisonneuve à Montagne Saint-Émilion. Ayant mesuré sur une sonde une température de -3,5 à -4°C et actionné son système d'aspersion, le vigneron estime qu'« il y aura des dégâts selon les secteurs plus ou moins précoces, des vignes de merlot étant au stade pointe verte/premières feuilles étalées. On arrive à un stade sensible. Pas ultra-sensible, mais un peu. » Ayant des retours de sondes à -3°C dans des bas de parcelles, Philippe Abadie, le directeur du pôle entreprises de la Chambre d'Agriculture de Gironde, estime que ce gel sera visiblement moins grave que celui des années précédentes, les vignes étant moins avancées.


À Chablis, ce sont plus des gelées de fonds très localisées qui sont à déplorer, jusqu'à -2,5°C d'après de premiers retours. « Heureusement le temps était sec, il n'y a pas eu de givre ou de prise de glace. Et on a bien protégé avec les bougies, fils chauffants? » rassure Louis Moreau, le vice-président de la commission Chablis au sein de notre Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). Dans les Côtes de Provence, les premiers retours n'indiquent pas de dégâts importants. Agroclimatologue pour le Conseil Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), Basile Pauthier rapporte de températures négatives « de -5 à -6°C cette nuit, avec un dépôt de givre qui peut avoir un impact sur les bourgeons », mais actuellement « les cépages ne sont pas trop sensibles » comme ils sont peu avancés (à l'exception de certaines parcelles de chardonnay). Reste à préciser un risque de gel pour la fin de semaine en Champagne. « Il y a encore des risques de gel ce week-end et la semaine prochaine au Nord de la Loire. Ce gel s'annonce moins généralisé, il faut de la vigilance » conclut Emmanuel Buisson, directeur de la recherche et de l'innovation chez WeenatBuisson