u petit matin ce mercredi 5 avril, le ciel dégagé et les températures négatives mettent en branle le vignoble de Pessac-Léognan. La lutte contre le gel radiatif est visible partout, des rangées de bougies allumées aux tours antigel. Au château de France, les sondes thermiques avertissent depuis 2 heures du matin des premières températures négatives : avec la levée du jour le thermomètre pourrait descende à -3 ou -4°C indique Arnaud Thomassin, qui s’active pour allumer des bougies de paraffine en urgence (l’une de ses 7 tours antigels est tombée en panne) et voit déjà des vignes de merlot et sauvignon blanc ayant dépassé l’éclatement des bourgeons. « La taille tardive est efficace contre les gelées de fin mars, mais pas contre celles d’avril » estime le vigneron, habitué à cultiver des zones gélives, mais pas à la récurrence des gelées : « 2021, 2022, 2023… ça gèle tous les ans. Comme d’habitude » pointe Arnaud Thomassin.
Ne se montrant pas trop inquiet sur les températures par rapport aux gels de printemps des millésimes 2021 et 2022, Sébastien Ravilly, le directeur technique du château Couhins-Lurton (groupe André Lurton) constate des capteurs de températures arrivant à -1°C à 5 heures dans les bas-fonds. Pour passer la nuit de gel, le domaine teste des chaufferettes en inox fonctionnant à la briquette de tourbe compactée sur trois parcelles de sauvignon blanc (2 ha). Avec des gelées devenant plus régulières, le domaine essaie un moyen de lutte active qui serait moins nuisible par rapport aux voisins, vignoble périurbain oblige. Avec ces chaufferettes, « on a moins de fumées et de suies que les bougies. Il y a un peu de fumée au démarrage, mais plus après. Comme du charbon pour le barbecue » note Sébastien Ravilly. Ayant opté pour une taille longue non-nettoyée, le directeur technique note que des bourgeons sont déjà bien partis, y compris de la base, l’acrotonie ayant un effet moins marqué que par le passé. Une fois cette alerte gel passée, le domaine va tailler et plier pour ne pas épuiser les pieds. Si la taille tardive a la préférence de Sébastien Ravilly, le technicien note qu’« il faut des solutions différentes à chaque cas : pas de solution miracle, chaque parcelle particulière ».
Venant de l’arboriculture, la chaufferette à la tourbe nécessite représenterait un coût de fonctionnement de 500 à 1 000 € par nuit, contre 7 à 10 000 € selon les bougies indique Sébastien Revailly (200 chaufferettes par hectares).