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Les analyses de sarments de vigne mettent en lumière des carences cachées
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Pour mieux raisonner la fertilisation
Les analyses de sarments de vigne mettent en lumière des carences cachées

Des vignerons font analyser leurs bois afin d’évaluer leurs réserves en sucres et en minéraux et, en cas de déficit, être prêts à réagir dès le débourrement. Trois d’entre eux détaillent leur stratégie.
Par Frédérique Ehrhard Le 22 mars 2023
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 Les analyses de sarments de vigne mettent en lumière des carences cachées
Arnaud de Vergeron, vigneron au Clos de Manzotte, à Sainte-Eulalie, dans l'Aude a fait analyser les sarments de trois parcelles. Partout, le niveau de sucres dans les bois était bon mais le déficit en azote est généralisé. . - crédit photo : Clos de Manzotte
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u Clos Culombu, à Lumio, en Corse, Paul-Antoine Suzzoni se réjouit des résultats des dix analyses de sarments qu’il a commandées cet hiver. En 2022, malgré un épisode de grêle et un été très sec, ses vignes ont accumulé dans leurs bois de bonnes réserves en sucres. « C’est rassurant !, note le jeune vigneron. Sachant qu’elles ont de la vitalité en réserve, j’hésiterai moins à réduire les doses de cuivre lors des premiers traitements. »

Un déficit d'azote dans quelques parcelles

Avec son père, il cultive 64 ha en biodynamie. Depuis quelques années, ils font analyser les sarments par le laboratoire Natoli & associés, de Saint-Clément-de-Rivière, dans l’Hérault, afin de préparer au mieux le débourrement. « Cet hiver, grâce à ces analyses, nous avons repéré un déficit d’azote dans quelques parcelles, indique-t-il. Cela nous a amenés à y épandre des composts un peu plus riches. Et s’il ne pleut pas, nous appliquerons en complément un engrais foliaire entre 5 et 7 feuilles étalées. »

À la taille, il a également laissé un peu moins de bourgeons dans ces parcelles. À l’inverse, dans celles qui étaient bien pourvues en azote, il en a laissé un peu plus. « Nous ajusterons ensuite la charge en fonction de la pluviométrie lors de l’ébourgeonnage. »

Bonnes réserves en phosophore

Dans les parcelles qui donnent les meilleures cuvées, il a observé que les bois ont de meilleures réserves en phosphore, signe que l’assimilation racinaire s’opère de façon satisfaisante. « Cet hiver, nous avons repéré de jeunes vignes dans le même cas. Nous allons les vinifier à part pour voir si leur potentiel qualitatif semble prometteur. »

De jeunes vignes ont souffert

Au Clos de Manzotte, à Sainte-Eulalie, dans l’Aude, Arnaud de Vergeron a fait analyser les sarments de trois parcelles. Partout, le niveau de sucres dans les bois est bon mais le déficit en azote est généralisé. « Pour éviter toute concurrence en eau et en azote, explique-t-il, nous avons commencé à passer les interceps dès la mi-février au lieu de la mi-mars, afin de mieux maîtriser les adventices. »

Avec son père, ils cultivent 30 ha en bio et font analyser les sarments par la SRDV, à Montredon-des-Corbières, dans l’Aude. Pour soutenir la vigueur de leur vigne, ils ont décidé d’apporter à nouveau du compost cet hiver en ciblant en priorité les jeunes vignes exposées au sud, qui ont particulièrement souffert de la sécheresse estivale de 2022. « Nous attendons de voir les résultats de la première analyse de pétiole pour éventuellement compléter avec des apports foliaires d’azote », relève-t-il.

Des apports foliaires

Les analyses de sarments ont également montré une assimilation plus faible du fer sur cabernet franc et cabernet sauvignon. « Nous allons continuer à en apporter en pulvérisation foliaire comme nous le faisons depuis deux ou trois ans, en association avec du manganèse, afin de maintenir la vigueur et le potentiel de rendement », indique Arnaud de Vergeron.

Sur les cabernets sauvignon, le vigneron et son père vont également surveiller la teneur en magnésium, légèrement déficitaire dans les bois. « Si déficit se confirme dans les analyses de pétiole, nous en apporterons en pulvérisation foliaire pour éviter le desséchement des rafles et bien soutenir la maturation. »

Au Château Patache d’Aux, à Bégadan, en Gironde, les réserves en sucres, en azote et en phosphore dans les bois sont d’un niveau correct, « meilleur dans les sols argileux que dans les graves, où les vignes ont plus souffert de la sécheresse », observe Giacomo Piubello, directeur technique des vignobles rive gauche d’Antoine Moueix Propriétés. Dans les parcelles qui manquent un peu de vigueur ou qui ont beaucoup donné de raisins en 2022, il a apporté cet hiver un peu plus d’engrais de fond en complément du compost.

Depuis deux ans, il couple analyses de pétiole et de sarments, réalisées avec la SRDV. « Les analyses de pétiole ont révélé un manque de phosphore dans des plantiers de merlot, relate-t-il. En 2022, nous en avons apporté au sol afin d’améliorer l’enracinement. Ces jeunes vignes ont gagné en vigueur, et cet hiver, le niveau de phosphore dans les sarments est remonté. C’est positif ! »

Détection des déséquilibres

Dans des parcelles de cabernet sauvignon, Giacomo Piubello a observé un déséquilibre du rapport potasse-magnésie dans les bois. « La potasse, en excès, réduit l’acidité des moûts et expose ceux-ci aux attaques microbiennes », détaille-t-il. Cette année, il a levé le pied sur les apports de potasse dans quelques parcelles de cabernet sauvignon pour voir si cela améliore la situation. « Dans les parcelles de merlot, en revanche, l’équilibre était meilleur et le pH dans les moûts corrects. Nous avons continué à amener un peu de potasse avec l’engrais de fond. »

 

Des coûts accessibles

Le coût d’une analyse de sarments varie entre 55 et 85 € par parcelle en fonction des laboratoires. Paul-Antoine Suzzoni, du Clos Culombu, à Lumio, en Corse, a payé 550 € HT les dix analyses de sarments qu’il a commandées cet hiver. Pour sa part, Arnaud de Vergeron, du Clos de Manzotte, à Sainte-Eulalie, dans l’Aude, suit trois parcelles pour lesquelles il a acquis un pack comprenant une analyse de sarments, trois analyses de pétioles et les commentaires et conseils qui en découlent, au tarif de 300 € HT le pack.

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