e tenant à Paris, le Salon International de l’Agriculture (SIA) a été l’occasion de présenter les nouveaux chiffres de la consommation du vin en France. Nollan Puget, chargé d’études économiques sur le marché français du vin, a révélé sur le stand FranceAgriMer les premiers résultats de l'enquête quinquennale 2022. Les résultats ne font qu’épouser la tendance de ces dernières décennies : les consommateurs réguliers de vin (qui boivent tous les jours ou presque) ne sont plus que 11 % aujourd’hui, alors qu’ils étaient presque 50 % en 1980. Ces 11 % sont à majorité composés de personnes de 60 ans et plus.
Dans les allées du SIA, cette mouvance se confirme au gré des témoignages : « Moi, je bois du vin à peu près une fois dans la semaine.» raconte Valentin, la vingtaine, « Je consomme moins, mais je cherche plus de qualité. Cependant, c’est vrai que la génération précédente, mes parents par exemple, consomme beaucoup plus que moi. Ils boivent quasiment tous les jours ! » Le rapport Wine Intelligence et IWSR de la fin 2022 précise les chiffres : 47 % des vins sont consommés par des individus de plus de 55 ans, 25 % des vins sont consommés par les 40-54 ans, 21 % par les 25-39 ans, 7 % par les 18-24 ans. L’étude révèle également que les occasions de consommer du vin chez les plus de 55 ans est plutôt orientée autour des repas. Les autres générations, quant à elles, équilibrent leurs consommations, notamment en faveur des contextes sociaux.
De son stand de vins de Bourgogne, Fabrice Bernard, chargé de clientèle de la Maison Jean Lecellier (Comblanchien, Côte d'Or), confirme lui aussi cette tendance : « La recherche des jeunes est plus pointue qu’avant, les consommateurs ont plus de questions techniques. Avant, la bouteille était souvent sur la table, maintenant on se retrouve avec plus de consommations dites "plaisir". Je forme par exemple de plus en plus de jeunes à la dégustation !».
S’il existe une modification des comportements des consommateurs vis-à-vis du vin, reste la question de l’intérêt pour d’autres types de boissons, alcoolisées ou non. Pierre, éleveur présent au SIA cette année explique : « Chez nous, nous avons modifié notre consommation au fil des années. Nous buvons moins, mais mieux et donc plus cher. Cependant, nos enfants et leurs amis boivent beaucoup moins de vins, ils boivent autre chose, d’autres types d’alcools, comme des bières. »
C’est donc très logiquement que l’étude de Wine Intelligence et de l’IWSR corrobore ces propos : de façon générale, 42 % des 18-24 ans et 37 % des 25-39 déclarent préférer d’autres boissons au vin, la bière arrivant en haut du classement.
Il est indéniable que la consommation du vin tend à changer. Cependant, cette évolution réside non pas vers un désintérêt complet des français pour le produit, mais plutôt dans une volonté de redécouvrir la qualité. Résumons par « peu, mais mieux ».