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La déconsommation française de vin mise en bière
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Changement transgénérationnel
La déconsommation française de vin mise en bière

Alors que la consommation de vin ne cesse de s’éroder dans toute la population française, les bières gagnent toujours plus de poids. L’enjeu est de rajeunir la consommation et redynamiser le segment pour Vin & Société.
Par Alexandre Abellan Le 06 février 2023
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La déconsommation française de vin mise en bière
Se considérant comme le pays du vin, la France rejoindra-t-elle les nations de la bière ? - crédit photo : Alexandre Abellan
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usqu’ici, la France reste un pays d’amateurs de vins plus que de bières : chaque année, les Français consomment 40 litres de vin, contre 32 litres pour les bières. Mais les équilibres pourraient s’inverser à l’avenir, car la tendance est lourde : les Français consomment toujours moins de boissons alcoolisées, réduisant nettement les achats de vins et donnant toujours plus de poids aux bières. D’après le dernier bilan de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), 10,56 litres d’alcool pur ont été vendus en France en 2021 par habitant de plus de 15 ans, en forte chute par rapport aux 26 litres recensés en 1961. Cette chute des consommations s’explique essentiellement par l’érosion continue des achats de vins, passés de 20 à 5,74 litres en 60 ans. Tandis que les consommations de bières et spiritueux restent globalement stables, à respectivement 2,4 et 2,3 litres. Notant que la consommation de vin a chuté de 70 % en 60 ans, Vin & Société précise que « les bières et spiritueux ont certes aussi baissé, mais dans de moindres proportions en comparaison, respectivement de 15 et 8 % ». Sur les 6 millions d’hectolitres d’alcool pur commercialisés en 2021, le vin représente 54 % des volumes, les bières 23 %, les spiritueux 21 % et les autres boissons alcoolisées 2 % (cidres, porto…).

Si ce n’est que depuis 2019 que les bières ont dépassé les spiritueux dans les statistiques de l’OFDT, leur dynamique reste forte face au repli du vin. Une tendance qui se traduit par des changements générationnels de consommation des boissons alcoolisées. D’après les panels Kantar, le panier d’achat de tous les Français a vu le poids des vins chuter au profit des bières entre 2014 et 2021, avec une bascule d’autant plus importante que les consommateurs sont jeunes. Chez les moins de 35 ans, les vins tranquilles sont passés de 31 à 23 % des achats de boissons alcoolisées, tandis que les bières passaient de 24 à 39 %. Pour les 35 à 49 ans, les vins tranquilles ont chuté de 40 à 32 %, les bières ont bondi de 17 à 28 %. Chez les 50-65 ans, l’achat de vins tranquilles chute de 50 à 42 %, les bières grimpent de 13 à 18 %. Pour les plus de 65 ans, les vins tranquilles reculent de 55 à 50 %, quand la bière se consolide de 9 à 12 %.

Le vin concentre tous les valeurs que recherchent les jeunes générations

Si un croisement entre la déconsommation de vin et la croissance de la bière pourrait être envisageable dans 20 à 30 temps selon les tendances actuelles, Vin & Société appelle à pondérer la vision de concurrence avec la bière qui monte dans la filière vin. « Les brasseurs ne sont évidemment pas les ennemis des producteurs de vin. Il ne faut pas créer des clivages là où il n’y en a pas ou chercher à opposer les produits » indique Vin & Société à Vitisphere, ajoutant que « ce que nous voulons aujourd’hui, c’est montrer simplement que le vin – notamment les blancs, les vins pétillants, les rosés qui connaissent une forte croissance – peut très bien être présent dans des moments de convivialité où on privilégie aujourd’hui la bière. Le vin concentre tous les atouts et les valeurs que recherchent les jeunes générations : un produit local, français, de qualité ; de nombreuses exploitations sont engagées dans une démarche de certification environnementale. »

 

* : S’appuyant « sur les montants des taxes perçues par la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) », ces « estimations reposent sur les volumes "mis à la consommation" » avec des « marges d’incertitudes » comme « des boissons peuvent être vendues ou consommées sans que des taxes aient été acquittées en France (achats dans les pays frontaliers, autoconsommation des producteurs…). Réciproquement, la consommation hors de France des Français, touristes ou résidents permanents n’est pas prise en compte ».

 

 

 

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Tous les commentaires (3)
Alexis Sabourin Le 06 février 2023 à 12:47:29
@ Albert : Il semble difficile de comparer avec raison le Champagne, qui représente ~5% de la superficie du vignoble français AOC, et le vin tranquille en général. Il vaudrait mieux comparer celui-ci avec la catégorie des vins pétillants dans son ensemble. Pour ce qui est des vins tranquilles, il y a les vins de consommation courante, les vins de consommation occasionnelle et les vins de spéculation. Pour les premiers, les prix augmentent mais il y a toujours des vins à 1 ou 2 ? la bouteille en GD, non rémunérateurs pour les producteurs. Passer à 3 ou 4? ne fait pas un vin premium, il y a d'ailleurs des bières plus chères dans des formats plus petits. Si un véritable effet de hausse des prix transparait, c'est plutôt chez nos grands crus car la forte demande étrangère génère la spéculation. Là où je vous rejoins c'est qu'ils tendent à donner cette image de vin cher dans l'esprit des consommateurs alors que les vins de consommation occasionnelle offrent entre 5 et 15 ? nombre de rapports qualité-prix imbattables. Les grands crus sont très minoritaires ; les vins spéculatifs représentent un phénomène récent mais restent rares. Au final, la diminution de la consommation de vin tranquille est un phénomène qui touche en premier lieu les vins de consommation courante. Ceux que nos anciens consommaient au quotidien. La crise bordelaise avec ses 70% de vignerons en difficulté (surtout producteurs de vrac) en est un témoignage. En revanche, les vins de qualité supérieure ont toujours répondu à une consommation occasionnelle.
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Albert Le 06 février 2023 à 09:26:13
Plein de raisons peuvent expliquer d'un point de vue sociétal ou sociologique la déconsommation. J'ajoute ceci, né de mon observation : au 2ème semestre 2022, j'avais déjà noté le glissement du prix de la bouteille MDD "La Croix du Pin" (IGP Oc cabernet sauvignon - syrah) chez Intermarché, passant d'environ 2,30 à 2,65?, et hier, j'ai vu le nouveau prix affiché : 3,35?. Augmentation justifiée ? .. ce n'est pas mon sujet. Bouger le curseur prix de cette façon ne pourra que flinguer le marché domestique ordinaire car il y a des priorités dans la gestion de son pouvoir d'achat. Quant à la premiumisation de l'offre, Ok, je peux comprendre qu'elle soit la voie choisie par bon nombre de producteurs. Mais, est-ce que ça entraîne la viticulture dans une direction qui s'inscrira (durablement ?) dans une tendance lourde ? .. Est-ce que l'avenir ne doit désormais se concevoir qu'en proposant des vins à 15-20?, 25-30? voire largement plus ? .. Personnellement, je pense que c'est possiblement une erreur. La Champagne a réussi à imposer à notre inconscient collectif le couple imparable "fête / bulles", même si le budget nécessaire est parfois "chaud". Par contre, je ne vois pas sur quel(s) levier(s) est appuyée ladite premiumisation pour véritablement monter en puissance .. notamment par défaut d'un travail pertinent de communication globale ! .. La prémiumisation affichée a selon moi le défaut de s'inscrire dans l'élitisme : à la différence du message "bulles AOC Champagne - moment festif" qui a été stratégiquement imaginé pour s'adresser à tout le monde, elle se construit prioritairement sur l'image fortement connotée à une sélection par le prix. N'y aura-il-pas une réticence à accepter que le vin, fût-il épatant, devienne un produit de consommation aussi hyper-valorisé ? .. PS : je laisse de côté le vin en tant que bien de spéculation, à la valeur marchande déconnectée du monde réel.
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Vigneron Le 06 février 2023 à 08:56:58
Oui ce n'est pas le même usage. La bière convient plus à l'apéro et le vin au cours du repas pour faire des accords avec les plats. Les jeunes générations sont de moins en moins éduquées au système des appelations française, à leur patrimoine viticole. La bière peut aussi être produite n'importe où, elle n'a pas les terroirs qui font la particularité des appellations françaises et le coût du foncier également. Il y a beaucoup de micro brasserie, mais beaucoup de consommateurs sont habitués aux marques des grands brasseurs. Enfin, le ministère de la santé met tout le monde sur le même pied d'égalité avec l'équation "alcool=danger".
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