ourguignon à 100%, Jean Lenoir aimait rappeler qu’il avait vu le jour en Côte d’Or le 23 septembre 1937, le jour des vendanges. Ce « né du vin » gardera toute sa vie une affection particulière pour les vins de Bourgogne – avec l’accent qui va avec – mais travaillera avec autant de professionnalisme pour améliorer la connaissance des vins de partout et aussi du café, des champignons ou du whisky.
Successivement éducateur, animateur culturel, directeur de MJC, il entreprend à 40 ans sa reconversion professionnelle alors qu’il est directeur-adjoint de la Maison de la culture de Chalon-sur-Saône. Désireux d’y introduire le goût et l’odorat, il suit à la station œnologique de Bourgogne (INRA, Beaune) les cours de Max Léglise, œnologue, chercheur, l’un des initiateurs de l’analyse sensorielle. Il prend alors conscience de la diversité et de la richesse des arômes contenus dans le précieux nectar comme de la difficulté à les identifier.
Très vite, l’élève passe de l’autre côté de la barrière et commence à enseigner le vin, sa dégustation, ses parfums, dans sa maison de la culture et puis partout en France.
Pour appuyer son discours, il commence à collectionner des flacons d’arômes, des parfums alimentaires pour la plupart qu’il glane partout. Il va aussi voir Oliver Baussan, qui vient de créer l’Occitane à Manosque, et lui troque du cassis contre des fioles d’arômes.
Petit à petit « Le Nez du Vin » prend forme : 54 fioles et des fiches correspondantes, le tout harmonieusement disposé dans un bel objet au même format que les Encyclopédies du siècle des Lumières.
Le livre sort le jour de son anniversaire, le 23 septembre 1981, à Paris. « A la brasserie Bofinger, 50 journalistes, 50 articles » déclare-t-il, en hommage à la presse qui « y a cru tout de suite, comme j’y ai cru lorsque j’ai décidé de faire ce livre, sans avoir le premier franc ».
Depuis, des milliers de « nez » à travers le monde, professionnels et amateurs, se sont éduqués avec « Le Nez du Vin » du Lenoir. Traduits en onze langues, ces alphabets olfactifs offrent un langage universel pour décrire ce qu’on déguste et partager son plaisir. En plus d’offrir un outil d’entraînement, les flacons offrent de l’émotion en ouvrant les portes de l’intime et en réveillant la mémoire.
Installées depuis quarante ans en Provence, dans un atelier tout neuf à Cassis depuis 2020, les éditions Jean Lenoir sont restées fidèles aux valeurs de leur fondateur : une fabrication française selon la tradition des métiers d'art et une recherche constante de qualité pour obtenir des arômes réalistes et stables.
En offrant un vocabulaire pour parler des fruits de la terre, Jean Lenoir a apporté sa pierre à la civilisation du vin qu’il aimait à partager : « Ce qui m’intéresse, c’est que les gens aiment le vin. J’aime le vin et je le fais découvrir » disait-il volontiers.